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Capsule design #1 - Prédire les usages avec l'acceptabilité

Capsule design #1 - Prédire les usages avec l'acceptabilité

Nous lançons notre nouvelle série de podcast, Capsule design, donnant la parole aux collaborateurs de l’Agence sur des sujets qui les passionnent. Justine Nicol, UX Researcher, et Damien Legendre, Lead UX Designer, ouvrent le bal. Ils abordent la notion d’acceptabilité, une méthode efficace pour prédire les usages de vos utilisateurs et pour choisir vos fonctionnalités en phase de conception.

Publié le 26 janvier 2022

Bonjour à tous et à toutes et bienvenue dans ce nouvel épisode de Salut les Designers, le podcast de l’Agence LunaWeb !

Un épisode spécial puisque nous inaugurons en ce début d’année la première CAPSULE DESIGN, une série de podcasts au format court ou nous irons à la découverte de différentes thématiques du design UX en compagnie d’un membre de l’équipe de l’Agence.

Pour ouvrir cette série Justine Nicol, UX Researcher et Damien Legendre, Lead UX Designer abordent l’acceptabilité, une méthode efficace pour prédire l’usage de vos utilisateurs pour choisir vos fonctionnalités en phase de conception.

Bonne écoute à tous et à toutes et surtout meilleurs vœux pour 2022,

Les Designers de l’Agence LunaWeb.

La transcription

Damien : Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de Salut les Designers, le podcast de l’Agence LunaWeb.

Aujourd’hui, nous inaugurons le tout premier épisode de notre série parallèle, “La Capsule Design” ! Dans ce nouveau format court, nous irons à la découverte de différentes thématiques du design UX en compagnie d’un membre de l’équipe de l’Agence.

Et pour ouvrir cette série, je suis vraiment très heureux de recevoir ma collègue Justine Nicol, UX Research à l’agence. Salut Justine !

Justine : Salut Damien.

Damien : Justine avant de commencer, tu veux bien te présenter en quelques mots, nous dire ce que tu fais à l’agence ?

Justine : Je m’occupe de toute la partie recherche en expérience utilisateur. Je vais à la rencontre des utilisateurs pour comprendre plus en détail leurs besoins, leurs frustrations sur chacun des projets pour adapter au mieux les interfaces.

J’ai aussi ma casquette d’ergonome IHM (Ndr : Interface homme machine), c’est-à-dire que je vais utiliser les règles et les principes ergonomiques et psychologiques pour, encore une fois, adapter au mieux les interfaces à l’humain.

Damien : Et aujourd’hui, tu as envie de nous parler d’acceptabilité. C’est une méthode qui te tient à cœur. Est-ce que tu peux nous expliquer un peu ce qu’il en retourne ?

Justine : C’est une méthode qui vise à présenter un produit ou bien un service, une ou plusieurs fonctionnalités à de futurs utilisateurs ou bien à des utilisateurs déjà présents. En fait, l’idée va être de voir s’ils peuvent l’utiliser ou non, et donc par conséquent, s’il y a des choses à modifier, à améliorer pour qu’ils l’utilisent.

L’acceptabilité est une méthode qui vise à présenter un produit, un service, une ou plusieurs fonctionnalités à des utilisateurs, à plusieurs moments de la conception.

C’est une méthode qui me tient très à cœur parce que je la trouve très utile et ça permet d’avoir un avis sur des bases théoriques solides. Cela se base notamment sur le modèle de l’UTAUT, qui est un modèle unifié d’acceptation des technologies.

C’est un modèle qui est prouvé, validé scientifiquement et que j’ai eu l’occasion de mettre en œuvre de nombreuses fois. Ça marche très bien !

Damien : On comprend bien que le côté « validé scientifiquement » a de l’intérêt aussi pour se mettre à l’aise avec les méthodes qu’on emploie. 

Est-ce que tu pourrais nous expliquer quand même plus concrètement, notamment pour les personnes qui n’ont jamais entendu parler de cette méthode, à quoi ça sert de prédire les comportements des utilisateurs ? Qu’est ce qu’on en fait ?

Justine : Cela permet en fait de voir dès le début du projet si le produit, une fonctionnalité ou plusieurs vont être utiles pour les utilisateurs. Et donc, par conséquent, ça va éviter des coûts de développement qui seraient inutiles. Puisque si la fonctionnalité ne leur est pas utile, on ne va pas la développer.

Il faut savoir qu’aujourd’hui, c’est vraiment difficile de prédire un comportement parce qu’on a beaucoup de facteurs qui interviennent au moment où l’on va dire « j’ai envie d’utiliser ce service ou ce produit ».

Il faut savoir qu’aujourd’hui, il est vraiment difficile de prédire un comportement parce qu’il y a beaucoup de facteurs qui interviennent. Mais la méthode d’acceptabilité va permettre d’expliquer 70% des intentions d’usage.

La méthode d’acceptabilité, ça va permettre d’expliquer 70% des intentions d’usage. Ce sont les gens qui vont dire « j’ai envie d’utiliser ce produit, je vais utiliser ce produit parce que… ». Ça, on n’est pas capable de le prédire. Mais « j’ai envie d’utiliser ce produit » ça va nous donner des pistes pour savoir quelles fonctionnalités il faut mettre ou non dans l’interface.

Damien : On imagine bien qu’avoir une bonne idée de ce que les utilisateurs sont prêts à faire, ça peut servir la réussite de ce que l’on va entreprendre.

Mais ce qu’on pourrait demander, c’est sur un projet Web ou pas, à quel moment il est plus propice de mettre en place cette méthode ?

Justine : Alors vraiment, le moment le plus propice, et comme toujours quand on fait une méthode UXR, c’est d’être vraiment en amont. Donc là, en l’occurrence, c’est ce qu’on appelle l’acceptabilité a priori. Mais bien sûr, le must, comme toujours, comme toute méthode UXR, c’est de surveiller ça en mode itératif tout au long d’un projet.

Et donc, pour l’acceptabilité, on a trois phases : avant usage, comme je l’ai dit, c’est l’acceptabilité a priori. Ensuite, on a l’acceptation après une première utilisation. Et puis, on va avoir l’appropriation ou là vraiment, ça va se faire au fil de l’usage. Cette troisième phase là, c’est le plus dur à obtenir, surtout quand on veut changer des habitudes d’usage.

L’acceptabilité s’étudie en trois phases : avant usage a priori, après une première utilisation et puis au fil de l’usage avec l’appropriation.

Prenons l’exemple de la Wii avec Wii Sports. Au moment où c’est sorti, tout le monde a utilisé une fois, a dit « c’est génial, je vais acheter la console, je vais acheter le jeu » donc il y a vraiment eu acceptation. Mais après, est ce qu’il y a vraiment eu appropriation puisqu’il y a de nombreuses personnes qui ne l’ont pas utilisé après et qui n’ont pas acheté d’autres jeu, c’était vraiment pour jouer à Wii Sports et ils ont joué pas longtemps après l’avoir acheté.

Damien : Donc, ça permet aussi de mesurer si un produit ou service peut être utilisé de façon pérenne et ça c’est vrai que c’est intéressant parce qu’on peut avoir un usage éphémère comme tu le précise. 

Tu as déjà utilisé cette méthode à l’agence au cours de l’année écoulée, notamment. Est-ce que tu veux nous expliquer un petit peu le cadre de ces applications ?

Justine : C’était sur un projet lié au don en ligne et donc comme le don en ligne est un comportement, il y a d’abord eu une phase de recherche de littérature. Donc on a regardé les articles scientifiques pour comprendre un peu plus comment fonctionnait le don en ligne, quels mécanismes se mettaient en place chez l’homme et voir comment ça fonctionne. Ensuite, on a fait un questionnaire pour interroger des utilisateurs potentiels sur lesquels on a commencé à amorcer des propositions de fonctionnalités.

L’idée est d’amorcer l’acceptabilité avec un questionnaire en amont pour les interroger sur leurs usages.

On a un peu amorcé l’acceptabilité à ce moment-là pour pouvoir avoir un peu des tendances, sachant qu’on balançait un peu comme ça des fonctionnalités qui ne pouvaient pas forcément être comprises. C’est pour ça qu’ensuite, on a fait vraiment des entretiens dédiés à l’acceptabilité dans lesquelles on a vraiment mis en œuvre la méthode.

Le client avait l’idée de faire une monnaie, une monnaie du don. Les utilisateurs ont dit « non, moi ça ne m’intéresse absolument pas ». En fait, ce qui les intéressait plutôt, c’était « comment est-ce que je recherche des associations qui pourraient me convenir ? ». Donc, on a plutôt mis l’accent sur la conception de cette fonctionnalité là plutôt que sur la monnaie liée au don.

Damien : OK, super ! On comprend bien qu’on va pouvoir prédire l’adoption des utilisateurs à tel ou tel service. On va pouvoir aussi prédire s’ils vont l’utiliser sur la durée, donc ça c’est super intéressant. Mais est-ce que l’acceptabilité a aussi d’autres apports ?

Justine : Elle peut notamment être utilisée en éco-conception en fait pour comprendre quelles sont les fonctionnalités qui sont vraiment primordiales pour les utilisateurs. Et pareil dans une logique MVP (Minimum Viable Product ou produit minimum viable en français), c’est un peu comme en éco-conception, on va choisir les fonctionnalités les plus utiles aux utilisateurs.

Comme elle permet d’anticiper la réponse des utilisateurs à telle ou telle fonctionnalité, l’acceptabilité est précieuse dans des démarches d’éco-conception, d’innovation ou dans une logique de MVP.

Damien : Je pense que cette méthode ne parle pas encore à tout le monde. Est-ce que tu aurais une petite astuce à nous délivrer pour aider celles et ceux qui auraient envie de s’essayer prochainement ?

Justine : Oui, donc j’en ai déjà un peu parlé dans mon exemple sur la plateforme de dons en ligne. Mais l’idée ça va être vraiment d’allier cette méthodologie d’acceptabilité à d’autres méthodes. Notamment, je ne l’ai pas précisé mais dans les entretiens en fait, on avait fait avant une phase plutôt sur les habitudes d’usage. Ça va permettre de comprendre en quoi telle ou telle fonctionnalité est plus acceptable qu’une autre.

Et aussi dans une logique d’innovation en fait, on va peut-être pouvoir trouver d’autres fonctionnalités auxquelles on n’avait pas pensé.

Damien : Merci beaucoup, Justine !

Je pense vraiment que ce partage sera une découverte pour beaucoup de nos auditrices et auditeurs. Voilà de quoi attiser la curiosité de celles et ceux qui s’intéressent de près ou de loin à la prédiction des usages.

Retrouvez désormais ce nouveau format « la capsule » tous les deux mois. Nous avons déjà pas mal de thématiques design à vous partager cette année et nous espérons que ça vous intéressera.

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À bientôt !

Découvrez tous les mois un nouvel épisode de Salut les Designers consacré au design et à ses méthodes. UI, UX, motion, accessibilité, éco-conception, recherche, nous échangeons avec des professionnel·le·s passionné·e·s au grès de nos rencontres pour mieux comprendre leurs méthodes de conception centrée utilisateur.

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