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SLD #26 · Basti Ui, UX UI Designer et vidéaste

SLD #26 · Basti Ui, UX UI Designer et vidéaste

De l’école des Gobelins à la TwitchCon d’Amsterdam, Basti Ui revient, en compagnie d’Erika et Arnaud, sur son parcours en tant que designer et de créateur de contenu vidéo sur YouTube et Twitch. Ou comment divertir en vulgarisant la pratique du design Ux/Ui !

Publié le 01 juin 2023

Bienvenue dans ce nouvel épisode de Salut les Designers, le podcast de l’Agence LunaWeb !

Pour cet épisode 26, Erika et Arnaud reçoivent Bastien Marécaux, que vous connaissez surement plus sous le nom de Basti Ui, designer, mais aussi créateur de contenu, principalement sur Twitch et YouTube.

Bastien revient sur son parcours de designer et sur la manière dont il s’est emparé du format vidéo, d’abord sur YouTube puis sur Twitch pour vulgariser le design et ses outils tout en divertissant sa communauté.

Bonne écoute à tous et à toutes !

Les Designers de l’Agence LunaWeb.

La transcription

Erika : Bonjour à toutes et à tous et bienvenues dans le deuxième épisode de cette nouvelle année de Salut les Designers, le podcast de l’Agence LunaWeb ! Ici Erika et je suis accompagnée aujourd’hui par Arnaud. Salut Arnaud, tu vas bien ?

Arnaud : Salut Erika, ça va, et toi ?

Erika : Super, merci ! On a le plaisir de recevoir aujourd’hui Bastien Marécaux que vous connaissez surement plus sous le nom de Basti Ui, designer Ui mais aussi créateur de contenu, principalement sur Twitch et YouTube.

Salut Bastien, merci d’être présents aujourd’hui, comment ça va de ton côté ?

Bastien : Ça va très bien, merci beaucoup ! Salut Erika, salut Arnaud, Vous allez bien ? Merci pour l’invitation dans Salut les Designers, ça fait très plaisir !

Erika : Plaisir partagé ! Pour commencer, est-ce que tu voudrais bien te présenter rapidement et nous raconter un petit peu tes débuts en tant que designer ?

Bastien : Ok, alors je vais essayer de le faire le plus rapidement possible…

Arnaud : (Rires)

Bastien : Oui, c’est un peu long cette histoire (rires), mais chaque étape a été assez importante. En gros, j’ai fait un bac S assez classique et j’avais toujours été, quand j’étais petit, entre guillemets, très attiré par le dessin et le graphisme, faire des trucs sur l’ordinateur, créer des sites web, etc, etc.

Petit, j’ai toujours été très attiré par le dessin et le graphisme, créér sur ordinateur, créer des sites web.

J’avais dit à mes parents « moi je veux trop après, faire du design, du graphisme » mais c’était très très large en fait, parce que à l’époque, il n’y avait pas vraiment de métier trop autour du numérique, c’est assez jeune et quand on pense à graphiste, c’était faire des logos, faire des affiches, des magazines et c’était pas forcément le truc le plus facile pour trouver du taf.

Donc mes parents étaient pas trop chaud pour ça et ils m’ont pas trop invité à démarrer des écoles direct après le bac. Ils étaient un peu en mode « oui mais bon, c’est un peu risqué peut-être, en plus tu as de bonnes notes en sciences, tu veux pas faire autre chose ? »

Après plusieurs essais dans des écoles gratuites, ou forcément il n’y avait que des tueurs en art qui étaient pris, j’ai fait un DUT d’informatique où j’ai appris à faire des sites web, du code, plein de trucs assez cool, donc je m’y retrouvais quand même un petit peu.

Après un DUT en informatique, je voulais toujours faire du graphisme, du design. J’ai eu la chance d’être accepté pour une licence aux Gobelins.

Mais après les deux ans de DUT en informatique, j’avais quand même envie de faire un truc autour du graphisme, du design. Du coup, avec mon DUT en poche, j’ai eu de la chance parce que j’ai trouvé une licence aux Gobelins, l’école de l’image, une école qui me faisait rêver depuis que j’étais petit.

Erika : Elle est assez connue cette école.

Bastien : Oui, quand j’étais étudiant, c’était le truc inaccessible, c’était ceux qui faisaient les films de fou et tout ça. Il y avait une section aux Gobelins qui était un CDNL, création et développement numérique en ligne, où ils mélangeaient 50 % de développeurs qui savaient être un peu créatif et 50% de créatif qui étaient un peu technique. J’ai été pris dans cette promo et c’est là que vraiment j’ai appris le plus de choses, que j’ai découvert le plus de choses.

Voilà comment je suis rentré dans le design en général, entre gros guillemets.

Erika : Ok, et bien super.

Est-ce que tu peux nous raconter tes premières expériences dans le milieu professionnel, juste après tes études ?

Bastien : Après les études, je me souviens de plusieurs choses. Avant même le pro, je faisais des sites web non stop. Genre chez mes parents, sur l’ordi. Je faisais 25 courriers free.fr pour avoir les pages perso, j’avais plein de sites voila.fr, mais genre j’en faisais un par semaine et j’en avais douze. Je faisais plein de sites en .tk, tu sais les extensions de sites web gratuits.

Adolescent, je faisais des sites web non stop sur l’ordinateur de mes parents, des pages perso free.fr, des sites voila.fr !

Je passais mon temps à faire ça. J’étais fan de Blink quand j’étais petit et genre j’ai fait vraiment entre 10 et 20 sites sur eux en mode fan page, à chaque fois en recommençant à zéro parce que ça me faisait délirer de faire des sites. C’était vraiment des sites où la moitié étaient des blocs images cliquables, c’était la belle époque.

Arnaud : L’accessibilité… (rires)

Bastien : Ah oui… Après, je ne sais pas quel âge vous avez, mais moi j’ai connu une époque sur internet où t’avais des pré-home, où t’avais juste une page et un bouton entrée sur le site, ça vous dit quelque chose ?

Arnaud : Avec un compteur de visites ! (rires)

Bastien : Ouais ouais, c’est le même mood.

Erika : Je crois que j’ai déjà vu ça ouais, mais j’ai quand même 10 ans de moins que toi.

Bastien : Tu étais trop jeune ! (rires)

Arnaud : Je suis plus vieux, j’ai connu Frontpage et Dreamweaver !

Erika : Ah oui, pas moi.

Arnaud : Donc si, j’ai connu ça ! J’ai cru à un moment que l’AS3 c’était le futur…

Bastien : Non mais c’est ça ! Donc j’étais full Dreamweaver en fait, c’était vraiment mon outil à l’époque. On appuyait sur « Entrer sur le site » et il s’ouvrait dans un popup avec une taille que tu mettais en fixe, parce que justement tu voulais maîtriser ton design, tu sais, pour ne pas qu’il pète, parce qu’il n’y avait pas trop de responsive à l’époque.

Mon outil à l’époque, c’était évidement Dreamweaver. Je faisais des sites ou l’on appuyait sur « Entrer sur le site » pour ouvrir une popup en taille fixe !

Arnaud : Ouais ouais.

Bastien : Je faisais ça du coup, des sites dans des popup avec « Entrer sur le site » et des petits design .jpg calés derrière. Bref, après j’ai fait un stage en entreprise dans une boite qui faisait des logos et vraiment c’était trop cool.

Erika : Ok !

Bastien : J’étais vraiment dans un univers ou il y avait des Macs partout, ils faisaient des logos, ils imprimaient les trucs. Ils fumaient dans les bureaux, sachez le !

Erika : Ouais ? Vraiment à l’ancienne quoi.

Bastien : Pendant mon stage de troisième, c’était pas encore interdit et c’était l’enfer par contre, j’étais déglingue. Fumer dans les bureaux, j’imagine même pas comment ça a pu être possible quoi, bref. Mais c’est là où j’ai vu pour la première fois un bureau un peu créatif.

Aux Gobelins, je m’étais pris de passion pour le développement d’application sur iPhone, j’en créais plein pour m’amuser.

Et ensuite après les Gobelins, qui est uniquement entre guillemets, un Bac +3 ou j’avais appris à faire du design et de l’objectif C, qui était le langage de développement de l’iPhone à l’époque. Je m’étais pris de passion pour ça, j’avais développé plein d’application moi-même, encore une fois pour le fun, pour le délire. Je m’étais d’ailleurs cette année-là acheté un MacBook et un iPhone 3G parce que j’étais vraiment très très très très intéressé par ces trucs là.

Erika : Trop la classe.

Bastien : Et j’ai pas trouvé d’autre école pour faire un Bac +5 à l’époque. En mobile, il n’y avait rien, en design, les mots n’existaient peut-être même pas en France. Donc j’ai cherché un travail et j’ai bossé un an et demi à Bruxelles, dans une startup qui créait une application mobile justement. Ils étaient deux dirigeants, un developpeur iOS, un developpeur Android et ils cherchaient un stagiaire/alternant. Enfin, ce n’était pas vraiment un stagiaire, c’était un peu l’Erasmus de l’alternance, après tes études tu pouvais partir dans une boite qui n’était pas en France et tu avais une bourse quoi.

En études à l’époque en France, en mobile il n’y avait rien, en design les mots n’existaient peut-être même pas. Donc je suis parti travailler un an et demi à Bruxelles, dans une startup.

Erika : Ah, c’est trop bien !

Bastien : Donc j’ai fait ça. J’avais cherché à Londres, à Amsterdam, j’ai eu un mail d’une boite à Bruxelles, je me suis dit « vas-y go » ! J’ai fait 1 an et demi, 2 ans là-bas.

Erika : Ok, ça t’avait plu ?

Bastien : Ouais, j’ai kiffé de fou. J’étais designer et développeur du coup de l’appli qui développait là-bas. C’est une appli un peu sur le business model de la liste de courses, avec des partenariats avec les magasins pour avoir des coupons. C’est un peu ça l’idée. J’ai développé l’appli iPhone, je faisais aussi les petits design moi-même, parce que j’étais le seul designer. C’est un peu là où j’ai officiellement eu mon premier poste de designer professionnellement.

Erika : D’accord.

Bastien : Donc c’était plutôt cool. Ça a été ma première expérience professionnelle, à Bruxelles.

Erika : Est-ce qu’en parallèle, tu bossais un peu en autodidacte ?

Bastien : 100 %. Toute ma vie j’ai appris des trucs en autodidacte en fait. Il y a très peu de choses – je ne veux pas dénigrer les études que j’ai fait ou quoi que ce soit – mais il y a très peu de choses que j’utilise, que j’ai appris avec un prof ou ou dans une formation. C’est-à-dire que dès qu’il y a un truc à faire, je cherche comment faire. Par exemple je fais du motion design sous After Effect, je l’ai appris comme ça, en cherchant comment faire avec un projet en tête. Maintenant je le mets dans mes compétences officiellement.

Je suis très autodidacte. Dès qu’un projet représente une problématique, je cherche à y apporter une solution en apprenant de nouvelles compétences par moi-même.

Après, ce n’est pas un apprentissage où je me dis pendant deux semaines j’apprends After Effect. Mais au fur et à mesure de mes expériences, je me suis sentis à l’aise pour faire du After Effect. Aux Gobelins j’ai appris plein de chose c’est sur, mais l’iPhone, c’était une semaine et demi de module tu vois.

On apprend des choses et puis après, si tu veux continuer, tu approfondis avec ta curiosité. Aujourd’hui avec internet, tu peux complètement le faire. Donc oui, autodidacte à fond. Et puis je vais chercher des compétences autour de mon métier tout le temps. Par exemple la vidéo.

Erika : Tu as beaucoup regardé de vidéos tutoriel sur YouTube ?

Bastien : En vrai je ne me souviens pas, ça va dépendre. J’avance et dès que j’ai un problème, je cherche une solution. Je ne vais pas me dire « Oh, un tuto After Effects » ou « Comment faire rebondir une balle, je vais le faire ». Je ne me dis jamais ça. Par contre, si un jour je dois faire rebondir une balle, je regarderais, tu vois. Mais je ne suis pas le genre à consommer pour apprendre. Juste je fais mes trucs et quand je suis bloqué, je vais voir en fait plutôt. Et j’avance bien comme ça.

Je ne suis pas du genre à consommer des ressources par anticipation pour apprendre. Je fais mes trucs et quand je suis bloqué, je cherche une solution à ce moment là.

Erika : Ok.

Bastien : Mais je sais qu’il y a des gens qui aiment bien acheter une formation pour se donner une discipline ou alors apprendre les bases pour se dire « il me faut les bases », mais je ne suis pas trop comme ça. Je préfère avancer sur ce que j’ai envie de faire. Après je rappelle que j’ai fait des études de développement informatique, tout ce qui est design, je l’ai appris sur le tas.

J’ai vu des choses pendant quelques modules entre guillemets aux Gobelins, mais ce n’était pas le but des Gobelins, l’idée c’était plus de nous faire travailler sur des projets ensemble, ils ne nous apprenaient pas forcément des trucs techniques. C’est venu juste par envie de découvrir les logiciels, découvrir le métier, etc.

Erika : Ok. Je pense que maintenant ça a pas mal évolué dans les écoles. Nous on a pas mal de cours justement sur le design, sur After Effect, sur plein de choses différentes. Je pense que c’est en évolution.

Bastien : En fait, des étudiants me posent souvent la question « qu’est ce que tu me conseilles ? » Et en fait, je ne peux rien leur conseiller parce que déjà de un, ce que j’ai fait comme parcours n’existe plus aujourd’hui, parce que ça fait dix ans et que ça a changé une vingtaine de fois entre temps, mais aussi parce que je me suis un peu débrouillé tout seul pour faire ce que j’aimais bien.

J’ai du mal à donner des conseils d’orientation aux étudiant·es, parce que mon parcours n’existe plus aujourd’hui et que ça a changé une vingtaine de fois depuis.

Et aussi ce n’est plus vrai, parce que maintenant il y a beaucoup de personnes qui vont se débrouiller et vont faire des études dans ce milieu là. Moi je suis arrivé un peu à un moment, on va dire un peu en avance, c’est à dire qu’il n’y avait pas encore ce métier de l’Ux Ui qui était trop connu ou trop bouché, etc. J’ai eu la chance de me spécialiser là dedans au bon moment. Donc mes conseils ne sont vraiment pas précieux pour les étudiants, mon parcours est complètement atypique et pas reproductible.

Erika : Ok.

Bastien : Il y a un autre trucs qui me fait penser à ça quand tu as parlé de tes études. En vrai, on me demande souvent « Est-ce que c’est utile de faire des études ou est ce que si je suis fort, je peux travailler tout de suite ? ».

Ça c’est un grand débat aussi parce qu’au final, il y a vraiment des gens qui sont très très bons sans faire d’études. Il y a des gens, même en ayant fait un Bac +5 et en ayant fait tous les cours d’After effect, ils seront inaptes à être efficace dans une équipe de design, une équipe créative.

Il faut faire une école pour apprendre la rigueur, le travail d’équipe, le developpement de sa curiosité. Mais si tu es déjà très bon en autodidacte, tu t’en sortira.

Pour moi, il faut quand même faire l’école pour apprendre cette rigueur, pour apprendre ce travail d’équipe, pour apprendre ta curiosité, tout ça. Mais si t’es déjà un très bon autodidacte, tu vas t’en sortir. Si tu ne comptes que sur tes études pour t’en sortir, ce n’est pas parce que tu as ton diplôme que tu vas trouver du travail, il faut aussi être passionné et proactif.

Parce qu’aujourd’hui, que ce soit en design, en motion, en tout ça, toutes les semaines, il y a un nouveau trucs quoi. Donc si tu n’es pas passionné et autodidacte, autonome pour entreprendre de nouveaux apprentissages, tu ne vas pas survivre. L’école ne fait pas tout, mais c’est quand même important d’avoir l’école pour découvrir des choses. J’ai découvert le développement iPhone aux Gobelins, je n’aurais peut-être jamais vu ça de ma vie sinon. Ça a quand même changé ma vie, mon parcours.

Arnaud : Oui, il faut un peu de tout quoi.

Bastien : Oui, les deux sont bien mais il ne faut pas jurer que par l’un ou par l’autre.

Arnaud : Bien sûr.

Bastien : Il y aura toujours des exceptions, mais une personne super super bonne qui n’est jamais sorti de sa chambre, est-ce que je vais être à l’aise pour l’intégrer dans une équipe projet ? C’est ça aussi la question. Parce que tu te diras « peut-être qu’il aura pas les codes ? Peut-être que il ne va pas être dans son savoir-être assez bon ? » Y’a plein de trucs aussi qui peuvent être questionnant, il n’y a pas que la technique.

Erika : Oui, je te rejoins assez là-dessus.

Erika : Je crois que tu as commencé aussi sur YouTube en 2017. Qu’est-ce qui t’a poussé à faire des vidéos ?

Bastien : 2017, je te fais confiance, ca doit être à peu près ça. Pour pour YouTube, ça s’est passé en plusieurs temps. Tout d’abord, Je suis arrivé dans une boite qui s’appelle Atecna, qui est une ESN (NdR : Entreprise de services du numérique) de prestations de services. J’y étais Lead Ui Designer et j’avais pour mission de former un peu mes autres camarades de design à des logiciels, comme Sketch quand je suis arrivé.

YouTube, c’est venu d’un questionnement : comment, en tant que lead UI, donner accès à de la formation à des designers en régie, en évitant de leur faire perdre du temps ?

Sauf que Atecna, qui est une ESN, elle envoie ses designers en régie. Du coup, tout le monde n’est pas dans le même bureau et tout le monde ne se voit pas tous les jours. Donc comment faire pour éviter de faire perdre du temps, de pouvoir donner accès à de la formation en interne à tout le monde ? Le format habituel c’était de faire venir les gens, soit une après-midi, soit un midi et de faire un genre de réunion. Mais tout le monde doit faire de la route, c’est pas pratique et tout.

Donc j’ai un peu réfléchi, je me suis dit « je vais m’enregistrer pendant un quart d’heure, une demi heure pour raconter mes trucs, et je vais l’envoyer ». Comme ça les gens pourront regarder le contenu quand ils le veulent, sans problématiques de déplacement, de temps, etc, etc. Mon boss me dit « vas-y, on teste ».

Donc je commence à me filmer, je commence à faire du montage pour que ce soit digeste, je commence à partir en sucette parce que je commence à rajouter plein de blagues et tout, des explosions, enfin je fais n’importe quoi clairement (rires).

J’ai commencé à me filmer, à faire du montage pour que ce soit digeste et à partir en sucette en commençant à rajouter plein de blagues et d’explosions. Et ça a marché.

Arnaud : (Rires)

Bastien : Honnêtement, je fais n’importe quoi mais je me dis « au moins, ce sera marrant à regarder, ça fera passer le temps » et je l’envoie. Et les gens sont contents ! Ils disent « ok, j’ai appris comment on fait ça et ça, c’était rigolo ». Je finis par dire à mon boss « mais en fait, je pourrais le poster sur YouTube ! Pourquoi ? Parce que le contenu est fait, donc ça ne fera pas perdre de temps, ça peut faire découvrir notre agence et on pourrait peut être vendre des formations plus tard ».

Il me dit « vas-y, on teste » donc je l’ai fait une fois, deux fois, trois fois et je me suis un peu pris au jeu ensuite de faire des vidéos sur YouTube. Sachant des vidéos sur YouTube, j’en faisais déjà sur des chaînes un peu bidon, je faisais des montages tous les mois de ce qu’il y avait dans mon téléphone, parce que j’aime bien le montage, pour le fun. J’aime beaucoup aussi la culture YouTube, donc j’avais beaucoup en tête au tout début de ma chaîne de faire des formats « Joueur du Grenier » (NdR : chaine YouTube d’analyse de jeu vidéo) mais pour critiquer des sites web, genre « le designer énervé ». C’était mon idée depuis 2017, je ne l’ai jamais fait parce que je ne me sentais pas à l’aise niveau acting.

J’ai proposé rapidement à mon supérieur de poster ce premier tuto sur YouTube, pour faire découvrir l’entreprise et peut-être vendre des formations. Il a donné son accord et après quelques vidéos, je me suis pris au jeu.

Mais si on regarde mes dernières vidéos, je me suis rendu compte en prenant du recul, qu’en fait j’étais peut-être en train de faire un peu mon idée de base du tout début, des critiques un peu marrantes, avec des punchlines pour la blague.

En fait, je me rends compte que mon idée de base du « designer énervé » elle revient un peu, maintenant que je suis plus à l’aise.

Erika : Ouais ouais.

Bastien : Bref, bref, bref, je dis à mon boss ok, comment on peut s’arranger pour faire ça ? Il me dit « continues tous les vendredis après-midi, tu peux faire un peu de montage, un peu de vidéo ». Donc on continue et pendant un an et demi on a vendu des formations grâce à ça dans mon agence. C’est mon agence qui les facturait et on donnait des formations.

J’ai continué à faire ces vidéos sur YouTube pendant un an et demi et on a vendu beaucoup de formations grâce à ça dans mon agence.

Ça a bien marché, donc j’ai continué comme ça les vidéos pendant un an ou deux je crois, sur la chaîne. Et au bout d’un an ou deux, pour plusieurs facteurs, on avait déjà fait le tour des gens qu’on pouvait former dans notre milieu, dans notre cercle professionnel, donc on en vendait moins, et mon boss m’a dit « on arrête de te donner du temps sur ça, on va te remettre sur d’autres missions ». Sauf que moi, j’étais un peu triste, je voulais continuer à faire mes vidéos. Donc j’ai continué à le faire sur mon temps libre. Voilà comment ça a commencé.

Erika : Et comment as-tu fait la transition de YouTube à Twitch ?

Bastien : Twitch, c’est venu un peu naturellement avec le confinement. Le truc assez classique qui s’est passé sur internet. Je faisais déjà quelques live quand il y avait des mises à jour de logiciels ou des choses comme ça sur ma chaîne YouTube. Je prenais mon MacBook, je lançais un live de dix minutes, je disais « on va regarder la mise à jour machin », il y avait une vingtaine de personnes qui regardaient, ensuite je mettais le replay à disposition sur ma chaîne YouTube, c’était très artisanal.

Investir Twitch m’est venu naturellement avec le confinement, pour compenser la perte des évènements web auxquels j’aimais aller.

Ensuite est venu le confinement, on était du coup tous bloqué chez nous. Et tout ce qui était un peu meetup, événements, conférences, tous ces moments de partage, je ne les avais plus, alors que je les faisais dans la vraie vie avant. Donc j’ai commencé à lancer des live twitch. Je me suis dit « c’est l’occasion de tester la plateforme Twitch plutôt que YouTube ». Il y a tout un débat sur le fait de streamer (NdR : diffuser de la vidéo en direct sur internet) sur YouTube. Ça peut faire baisser tes statistiques YouTube, parce qu’il y a moins de gens qui regardent les live YouTube, du coup ça peut plomber ta chaine YouTube. Donc il faut créer une chaîne secondaire spéciale live etc etc. En tout cas il y a deux-trois ans, c’était ça la méta (NdR : la tendance de fonctionnement).

Aujourd’hui, ça a peut être un peu changé au niveau de la concurrence que YouTube veut mettre à Twitch, mais en tout cas, à l’époque c’était ça. Donc on m’a dit « si tu veux faire beaucoup de live, faut essayer de te détacher de YouTube ». Moi je disais « non, je ne vais pas faire ça sur d’autres plateformes, la petite communauté que j’ai ne va jamais suivre et tout ça ».

Je me suis très vite plu sur Twitch parce que c’est un très bon espace de créativité ou l’on peux jouer avec les interactions, les habillages.

Mais bon, j’ai quand même testé Twitch parce qu’on avait du temps et je m’y suis beaucoup plu parce qu’en fait c’est un espace de créativité assez sympa. On pouvait échanger en direct avec les gens donc on pouvait se tenir compagnie pendant le confinement et j’ai commencé à faire trois live Twitch par semaine en regardant les actu, en travaillant sur des trucs pour moi, en discutant, en jouant avec les gens, etc etc.

Twitch est un bon espace de créativité, tu peux jouer avec pas mal d’interactions, avec des overlays etc. Donc j’ai commencé à rajouter des trucs rigolos à chaque fois. C’est arrivé de façon impromptue, mais c’est resté depuis le premier confinement. Mais trois live par semaine n’ont pas bougé jusqu’à aujourd’hui. C’est un espace d’échange, de travail, de créativité incroyable et ça a complètement remplacé toutes les relations qui étaient mis en pause pendant le confinement.

Ça m’a permis aussi de faire une veille, de faire un partage encore plus fort que sur YouTube. Parce qu’il y a une instantanéité qui fait que si il y a une news – par exemple hier, Shyne, la banque, a mis à jour son logo – j’allume mon live, je dis « oh les gars, ce nouveau logo, vous en pensez quoi ? », on discute pendant 1 h et puis après, soit je retourne une vidéo avec un résumé de tout ce que l’on s’est dit, soit je fais un post twitter, etc.

Twitch est une plateforme incroyable pour rebondir sur l’actualité. Cela créé une veille croisée entre moi et ma communauté et un espace de partage vraiment intéressant.

Donc ça fait une veille aussi croisée, c’est à dire que les infos, elles viennent des gens, de moi et ça crée vraiment un espace trop cool sur ça. Alors que si je me disais « ah Shyne a fait un nouveau logo ? Ok. Écriture du script, Ok. Tournage. Montage… » et puis la vidéo elle sort deux semaines après. Tu perds un peu ce ce partage. Twitch c’est incroyable pour ça.

Arnaud : Tu parlais tout à l’heure du fait que tu aimais bien mettre de petites explosions dans tes vidéos, que l’animation c’était important pour toi.

Comment est-ce que tu as intégré cette composante dans tes lives et tes vidéo ?

Bastien : Tout a démarré quand j’étais à Cap Gemini, dans une équipe qui s’appelait le Creative Studio. C’est le poste que j’ai eu juste après être allé à Bruxelles et juste avant Atecna, on revient entre les deux. C’était un travail où j’étais designer d’interface, où je suis arrivé le premier et une équipe, de 2, 5, 6, 7, 8, 10 personnes s’est créée au fur et à mesure des années autour de moi, et du coup du Creative Studio, qui s’est créé comme ça, parce qu’il n’y avait pas de designers à la base chez Cap Gemini.

L’intéret pour le motion design est venu lors de mon passage chez Cap Gemini, ou j’ai pu m’excercer sur des vidéos animées pour les applications Fnac ou Leroy Merlin que je designais.

On avait des clients assez assez gros par rapport à notre expérience. Je devais avoir 21 ans et j’ai fait l’application Fnac, Leroy Merlin, des clients comme ça, parce que c’étaient des clients historiques de Cap Gemini et aussi parce qu’il y avait une grosse équipe de développement mobile à côté. Et donc moi j’étais entre les deux, je faisais le design de tout ça et donc c’était trop cool.

Ce qu’il s’est passé, c’est qu’avec un collègue qui s’appelle Alexandre Lierre, on a commencé, comme je l’ai dit tout à l’heure, à apprendre de petits trucs sur After Effects, on a fait des petits teasers animés des applications.

On proposait en plus pour les clients une vidéo pour leur Apple Store. Et on a commencé à apprendre comme ça. Au fur et à mesure, la Fnac et d’autres nous on dit « Ah vous faites ça, venez, faites nous trois spots pub pour la sortie de Fnac Gaming » et on s’est retrouvé à faire une vidéo complète pour Fnac. Elle est sur mon site je crois. Tout ça s’est vraiment fait en mode « on fait, on aime bien, les clients aiment bien, il veulent en refaire 3 ». C’était vraiment opportuniste, enfin… On a tenté et puis on a regardé si les clients aimaient bien et on s’est retrouvé à faire des teasers sur After Effects.

J’ai appris After Effect sur le tas et aujourd’hui j’essaye de vendre de temps en temps des Emotes et des habillages Twitch animés, parce que j’adore en faire.

J’ai appris After Effect comme ça et aujourd’hui j’adore donc j’essaye d’en vendre de temps en temps. Donc évidemment je vends des Emotes (NdR : Icônes animées disponible dans le chat Twitch), je vends des habillages animés, etc etc. Mais bien sûr, quand c’est pour moi, je ne m’empêche pas de rajouter quelques animations quand il faut.

Sur les lives c’est un peu différent. Effectivement; il y a pas mal d’habillage qui sont des vidéos transparentes qui se lancent par dessus le live, mais il y a aussi beaucoup de scripts, de code et de filtres OBS (NdR : Logiciel permettant la création d’un stream) qui rentrent là dedans et qui pour le coup sont pas du After Effect et qui pour le coup ne sont pas codés par moi mais qui sont bidouillés par moi et qui me causent des fois pas mal de crash de mon ordinateur et beaucoup de regrets (rires).

Arnaud : (Rires).

Bastien : Mais voilà, c’est juste un mélange de trucs cool que je vois, que j’essaie de reproduire. C’est un espace de créativité très large, un peu comme… Je ne sais pas à quoi on pourrait comparer ça, mais un mec qui dans une expo code un site un peu expérimental, fais des assets en image, mets des sons, code un truc qui déforme l’image et voilà, ça créé un petit truc marrant. C’est un peu ça mon espace de créativité sur Twitch aussi, je mets des trucs un peu comme ça, rigolo, bizarre en cherchant un peu tout ce que l’on peut faire. Je suis assez multi casquettes, il y a du code, du motion, du design, du son. Il y a plein de trucs.

Twitch, c’est un peu mon espace de créativité. J’y mets mes trucs rigolos, bizarres, en cherchant tout ce que l’on peut y faire. Je suis assez multi casquettes, il y a du code, du motion, du design, du son. Il y a plein de trucs.

Arnaud : Tu l’as dit, tu designes aussi de la création d’habillage animé pour Twitch en tant que prestataire. Comment as-tu commencé à en faire, c’était d’abord pour toi ou pour les autres ?

Bastien : Je suis assez passionné par Twitch, j’aime bien cette univers. Et du coup je vois plein de streamers, parfois même de gros streamers qui ont des habillages un peu pauvres ou avec des erreurs. Genre je vois – je ne sait plus quel streamer c’était – une caméra avec un pixel décalé. Et ça me rendait fou !

Arnaud : (Rires)

Bastien : Limite j’avais envie de leur écrire « laisses moi réparer ton truc ! ». J’ai toujours aimé faire ça. Et j’ai aussi toujours aimé avoir des projets de typologies différentes dans ma vie. Même quand j’étais en CDI avant, j’ai toujours aimé avoir un peu de design, un peu d’illustration, un peu de vidéo. Je m’ennuie si c’est toujours la même chose du lundi au vendredi. Donc il y a aussi cet aspect de prendre plein de types de projets différents pour pas s’ennuyer, pour toujours être stimulé et pour en apprendre plus.

J’ai tendance à m’ennuyer si je fais toujours la même chose. Prendre plein de types de projets différents, notamment des Emotes ou des habillages Twitch, m’aide a être stimulé, a continuer d’apprendre de nouvelles choses.

Donc quand on me contact pour des Emotes, des overlays, des trucs comme ça, je ne me force pas mais je me dis « faut dire oui » parce que ça va être un truc un peu différent. Je pourrais charbonner des sites e-commerce facturés très cher et avoir plein d’argent, mais je préfère faire des projets un peu diversifiés, moins m’ennuyer et faire des trucs cool même si c’est moins payé.

Pour les overlay twitch, comment ça s’est passé ? En fait, juste par plaisir je travaille mon overlay twitch et puis des gens viennent et me disent « Woa, tu voudrais pas refaire le mien ? ». Ça c’est toujours plus ou moins passé comme ça. « J’ai vu tes alertes, elles sont bien, est ce que tu saurais m’en faire ? », « J’ai vu tes Emotes, il faudrait que je te demande de m’en faire ». C’est ma vitrine comme tu dis

Erika : Comment as-tu géré ton métier de designer et de créateur de contenu ? Est-ce que gérer les deux en même temps ça n’a pas été trop compliqué ?

Bastien : Oui, un petit peu. On peut revenir du coup sur la fin de l’histoire de YouTube, au moment où mon boss me dit « Ok, on arrête de te donner du temps libre pour faire des vidéos », ce qui pour moi était forcément déceptif. Mais je le comprenais parce que il n’y avait plus de retour sur investissement au niveau des formations vendues, comme je l’ai raconté. Donc il n’y avait pas de soucis. Par contre j’ai eu envie de continuer.

Gérer mes métiers de designer et de créateur de contenu en parallèle n’a pas été simple au début. Je prenais sur mes congés ou mes pauses du midi pour avancer mais il ne fallait pas que ça dure.

Je commençais à le faire un peu le soir et le week end, je pouvais même poser un RTT pour faire un petit truc, j’utilisais mes vacances comme ça ou je prenais une pause le midi directement pendant 2 h pour faire du montage. J’ai fait des choses comme ça, ça passait mais fallait pas que ça dure non plus trop longtemps pour que ça reste agréable. Et pile poil à ce moment là, il y a Micode – Est-ce que vous connaissez Micode ?

Arnaud : Oui.

Erika : Moi je le ne connais pas.

Bastien : Micode, c’est un YouTuber entre grosses guillemets hacking mais qui s’est un peu diversifié pour avoir des sujets un peu plus mainstream sur la tech, l’informatique, la cybersécurité, etc. Un Youtubeur assez assez connu qui doit avoir bientôt 1 million d’abonnés et qui lui aussi avait lancé son format Twitch pour faire une émission qui s’appelle Underscore_, que vous retrouvez une semaine sur deux sur Twitch le mercredi et en podcast aussi, c’est dispo.

Et à ce moment là, il m’envoie un message, il me dit « Est-ce que tu es disponible pour faire l’émission mercredi ? ». Moi j’étais en mode « WTF ? Qu’est-ce qu’il se passe, Micode me parle, qu’est ce qu’il se passe ? » et je lui ai répondu « Ouais ouais, ok ». Du coup je me retrouve à partir à Paris pour faire l’émission. Et comme il n’y avait plus de train cart il m’avait prévenu un peu tard, je suis parti en voiture, depuis Lille. Dans la voiture j’ai eu le temps de réfléchir, tout seul pendant 1 h 30 – 2 h et je me suis dit « Punaise, quand même c’est cool, ça prend un peu d’ampleur, il faudrait peut-être que je me libère du vrai temps ».

J’ai eu un déclic quand le YouTuber Micode m’a invité dans son émission Underscore_. C’était un super moment et je me suis vraiment dit qu’il fallait que je me dégage plus de temps pour créer du contenu.

Donc je réfléchis, je réfléchis, je fais l’émission, c’est incroyable, c’est trop drôle et tout et je repars. Et pareil, dans la voiture du retour, je me dis « Quand même il faut que je fasse quelque chose pour avoir du vrai temps pour faire ça, et puis au pire si ça ne marche pas, j’annule et voilà ». Le lendemain, j’appelle ma manager et je lui dis « voilà, j’aimerais avoir plus de temps, je voudrais passer au 4/5ème et, concours de circonstance improbable et chanceux, elle me dit « oui, bien sûr, il n’y a pas de soucis, on va te passer au 4/5ème ».

Et donc je me suis retrouvé dès la semaine d’après au 4/5ème, j’ai eu tous mes vendredis de libre pour faire mes live Twitch et mes vidéos YouTube. C’est comme ça que j’ai commencé à mieux organiser mon temps. Et c’est aussi ça qui m’a fait doucement glisser vers le freelancing. Là j’étais 4 jours en CDI et le dernier jour en freelance. Je faisais mes live, mes vidéos et tout, c’était cool et puis je sais plus dans quel ordre mais j’ai eu plusieurs créateurs, plusieurs marques, plusieurs clients qui m’ont contacté. Et ils m’ont dit « On aimerait bien bosser avec toi sur un logo ». Ah ok. « J’aimerait bien bosser avec toi sur des Emotes ». Ah ok. « J’aimerais bien bosser avec toi sur un site ». Et donc je répondais toujours « Moi je suis dispo le vendredi uniquement, moi ce sera un rythme assez doux, je travaillerai un vendredi de temps en temps, pas plus quoi ».

Et les clients disaient soit que c’était pas ouf ou soit que c’était ok mais pas terrible quoi. Je commence donc à avoir des clients, je me suis dit « bon, il faut que je trouve un moyen de pouvoir les passer » et surtout j’essaye de me souvenir de pourquoi je suis passé au 4/5ème à la base, pour faire de la création de contenu, pas pour refaire des projets ! Oui, mais en même temps c’était des créateurs que j’aimais beaucoup, comme Ponce par exemple, donc c’était difficile de dire non.

J’ai commençé a recevoir beaucoup de demande de projets de créateurices que j’aimais beaucoup, mais je voulais aussi garder du temps pour faire mon contenu. C’est comme ça qu’est né le “Télétralive” ou je réalise des projets en direct sur Twitch.

Il fallait que je trouve une solution donc j’ai imaginé le « Télétralive » ou je disais au client « je vais travailler mais je serais en direct ». Comme ça je pouvais créer du contenu sur Twitch et travailler en direct en même temps. Ça a super bien marché parce que du coup les gens adoraient voir de vrais projets en live. Moi j’arrivais à faire mes projets et à quand même créer du contenu, ça a bien marché quelques temps.

Mais rapidement j’ai eu envie de réduire encore mon temps de CDI pour faire plus de freelance. Et là on en vient à la petite question interne, c’est : je n’ai jamais voulu être freelance. Je n’ai jamais voulu être freelance parce que je ne veux pas prospecter, ça me fait trop peur de pas avoir de clients, d’être garant de mes clients, d’être garant de ma charge de travail, savoir quand est-ce qu’il faut finir, quand est ce qu’il faut facturer…

Erika : Mais, maintenant tu es connu donc la prospection, tu n’as pas besoin de la faire, si ?

Bastien : C’est ça ! Et du coup la donne a changé. Je me rendais compte au fur et à mesure, en faisant ce format de travail en live, en continuant à travailler sur la chaîne YouTube, sur la notoriété de mes réseaux sociaux, qu’en fait ma boite mail avait beaucoup de demandes, donc 90 % que je devais refuser.

Au bout de 4 – 5 mois comme ça, je me suis dit « bon, en vrai je vais tester le freelance ». Donc j’ai demandé à ma boite une rupture conventionnelle. Je vous épargne tous les trucs administratifs, mais si vous avez une rupture conventionnelle, vous pouvez toucher le chômage. Si vous avez du chômage, vous pouvez prétendre à des aides à la création d’entreprise pour avoir soit un chômage mensuel, soit une prime à la création d’entreprise pour lancer, soit votre auto entreprise, soit votre entreprise, etc etc.

Au fur et à mesure, je commence à avoir beaucoup de demandes mais il y a un hic : moi, je n’ai jamais voulu être freelance. J’ai toujours eu peur de ne pas avoir de clients, d’être garant de ma charge de travail.

Donc j’ai fait ça. Ça a pris du temps parce qu’en fait Atecna me dit « oui oui, on voit bien que t’es parti sur un autre terrain de jeu, on voit bien qu’on ne peut plus à te faire évoluer en interne, on t’a retiré les vidéos, c’est normal ». Donc ils ont dit « on accepte le départ en rupture conventionnelle, mais néanmoins on va faire ça tranquillement et on va essayer de terminer les projets que tu as ». Ça a pris en vrai presque quatre mois je crois. Mais le fait est que comme ça a pris un peu longtemps, ils m’ont proposé de me descendre au 3/5ème les deux derniers mois.

Donc voilà, ça s’est fait progressivement, j’ai quitté mon CDI avec la chance de pouvoir avoir une rupture conventionnelle, de pouvoir créer mon statut avec les aides de Pôle emploi, de l’URSSAF. Si vous voulez un peu d’infos, vous tapez à ARCE et ACRE, ce sont deux aides possibles. Elles sont incroyables, pas assez de monde les connaît. La première vous enlève 10 % de taxe URSSAF pendant neuf mois et la deuxième vous permet de toucher le chômage. Ça aide à créer une entreprise, à se lancer.

Chez Atecna, ils avaient bien vu qu’ils ne pouvaient plus me faire évoluer. Ils ont accepté de me laisser partir avec une rupture conventionnelle. Ça m’a permis de me lancer 100% en freelance.

Erika : C’est bon à savoir.

Bastien : Mais bon, c’était pas du tout financier mon problème, c’était plus le mode de vie freelance, être garant de ses vacances, de sa maladie, de ses clients, de ses chiffrages, est-ce que je gagne assez d’argent etc etc. Mais voilà, ça s’est fait progressivement et du coup maintenant je suis passé à 100 % freelance et je garde en tête que j’ai fait ça pour plus créer du contenu.

Je vais accepter on va dire un ou deux projets par mois et le reste du temps j’essaie de créer du contenu soit autour de mes projets, soit autour du design en général. Aujourd’hui ce n’est pas encore rentable mais voilà, je me donne à peu près 1 an pour voir et je me dis dans tous les cas c’est pas hyper grave, dans tous les cas, je pourrais toujours prendre, plus de projets freelance si je veux juste gagner de l’argent ou je pourrais tu retourné en CDI il n’y a pas de soucis.

Aujourd’hui, je veux tenter l’expérience du freelance parce que j’ai eu un enchaînement d’expositions qui m’a apporté pleins d’opportunités. Si je ne la tente pas aujourd’hui, je ne la tenterais jamais.

Je me dis qu’il faut tenter cette expérience aujourd’hui parce que j’ai eu un enchaînement d’exposition qui a commencé par Micode et qui a été ensuite plein d’autres opportunités. Je me dis que si je ne tente pas aujourd’hui dans ma vie, je ne le tenterais jamais, donc je suis en plein dedans en ce moment.

Erika : Tu réalises tes projets sur Twitch, est-ce que tu as un deal avec tes client pour streamer la création de leurs interfaces ?

Bastien : Beaucoup de gens me demandent ça, le deal est très simple, je dis « je travaille en live sur Twitch, ça vous va ? Ok ! ». Voilà. Après je le note sur le devis et le contrat pour être sur de ne pas avoir un retournement de situation, mais au final ça se passe comme ça.

Au début, mes clients n’étaient pas tous rassurés de me voir travailler leur projet en direct sur internet, ils craignaient de se faire voler leur idée par exemple. Il a fallut que je les rassure et leur montre le boost de visibilité que ça allait leur apporter.

Par contre je peux plus détailler ce qu’il s’est passé. Au tout début, je devais un peu plus argumenter ce système. Certains des clients qui m’avaient contacté me disaient « moi je ne suis pas à l’aise avec ça »…

Erika : Ça les bloquait un peu ?

Bastien : Ils me disaient « on va me voler mon idée » du coup j’argumentais un peu pour eux. À l’époque, aujourd’hui ça a changé, vous allez voir. Mais j’argumentais et je disais « vous savez, si je travaille en live, il y aura 200, 300, 400 personnes qui vont donner leur avis. Du coup j’avancerais dans une meilleure direction. Et puis ensuite, si je travaille en live, ça vous fera de la pub pour votre produit ».

Il y a des gens qui payent très cher pour avoir des pubs sur ce genre de contenus, là je travaille pour une marque, donc je dis la marque tout le temps et les gens se disent « ah ça va sortir bientôt, trop bien » etc. Et enfin, je faisais une petite réduction de 10 %, un truc comme ça, pour installer le format.

Maintenant, aujourd’hui, si je regarde ma boite e-mail, les gens qui me contactent, ce n’est pas « Bastien, je veux faire un projet avec toi » du coup je dois argumenter pour le faire en live, c’est « Bastien, j’ai vu que tu faisais des projets en live, moi aussi je voudrais le faire avec toi ». Du coup je n’ai même pas besoin d’argumenter.

Aujourd’hui, j’ai la chance de ne plus avoir besoin d’argumenter le “Télétralive”. Mes clients viennent me voir spécifiquement pour réaliser un projet sur Twitch, ils ont compris l’intéret pour leur marque.

Arnaud : Ok d’accord !

Bastien : Parce qu’en fait, au bout de 1 an ou 2, les gens ont compris tout seul les plus-values du truc. C’est-à-dire, par exemple je travaille sur le site de LunaWeb, le live va s’appeler « Je design LunaWeb », les gens vont dire « C’est quoi LunaWeb ? », moi je vais expliquer, etc etc.

Erika : Oui, ça apporte plein de côtés positifs en fait !

Bastien : Voilà. Donc maintenant j’ai la chance d’avoir une boite e-mail remplie de propositions de gens qui comprennent déjà et si quelqu’un ne comprend pas, je dis « c’est pas grave, je t’envoie d’autres copains freelance si tu veux ». Mais je n’ai même plus besoin d’argumenter parce que j’ai la chance d’avoir une petite liste de gens qui connaissent le délire et du coup j’accepte les gens qui sont dans mon délire par défaut.

Et encore une fois, je touche du bois parce que peut-être que dans quelques temps il n’y aura plus de demandes et j’aurais plus personne dans mon délire et je devrais arrêter ! Mais aujourd’hui, je peux profiter de cette situation où tout est cool, tout se passe bien comme ça, tout le monde comprend et du coup j’ai des demandes pour ce format en particulier.

Après ce qu’il faut savoir aussi, c’est que je ne fais pas tout en live. Je travaille aussi hors live, ne serait ce que pour des tâches que je n’ai pas envie de montrer ou que le client ne veut pas montrer – ça j’accepte – ou pour des tâches où j’ai besoin de me focus plus que d’autres et après je montre en live mon avancée et je débriefe.

Debriefer de mes avancées sur un projet en live est toujours très positif, échanger avec des gens me débloque même parfois. Tout le monde est gagnant avec ce concept, le client, l’audience et moi.

Et c’est aussi le débriefe avec les gens qui me débloque ou me donne des nouvelles idées. Les gens me donnent des idées entre grosses guillemets gratos. Le client, moi, tout le monde est gagnant. C’est assez cool comme format, j’ai la chance de pouvoir faire ça et je pense que beaucoup de monde l’envie.

Parce que souvent quand tu te lances et que tu te dis « je vais faire en live », le client dit « bah non » parce qu’en fait il ne va pas vouloir. J’ai la chance d’avoir le truc qui est installé, du coup j’ai la chance de pouvoir le faire. Après j’aimerais vraiment que ça se démocratise pour tout le monde, mais les gens qui me font des retours me disent « moi je n’arrive pas à vendre ça, tu as de la chance ! ». J’en suis conscient, j’en suis très conscient.

Erika : Tu m’étonnes, c’est vrai que c’est super cool. Ça t’apporte des sortes d’ateliers d’idéation le live.

Bastien : C’est carrément ça ! Je dis « Hé les gars, vous comprenez le bouton si je le mets là ? ». Petit sondage « Ah vous ne comprenez pas ? Bon bah c’était une mauvaise idée ». Ou des fois ils me disent « Basti, là tu t’es trompé » genre je ne demande même pas et les gens me disent « T’as fais une erreur là. Putain j’avoue pourquoi j’ai mis ça ? ».

Erika : Oui, tu peux directement rebondir.

Bastien : Oui, c’est trop cool en fait, c’est une vraie entraide, une plus value pour moi, une plus value pour le client, etc.

On pourrait penser que travailler en live est moins effcicace mais je ne réalise bien-sur pas tout sur Twitch. Et il arrive bien souvent que la remarque d’un·e spectateurice me fasse lithéralement gagner deux jours sur une problématique. C’est un équilibre à trouver.

Beaucoup de gens me disent « tu travailles moins vite en live, c’est pas possible. Moi j’suis en live ou je fais autre chose, je ne fous rien de ma journée ! ». En vrai oui et non. J’arrive à avancer mais c’est différent. Ce sont des phases de travail différentes. Peut-être que je vais être moins rapide parce que je vais discuter en même temps, mais peut-être qu’il y a un mec qui va me me faire remarquer « mec, le bouton à droite tu t’es trompé. Haaan, putain merci, tu m’as fait gagner deux jours ». Il y a toujours des trucs un peu comme ça, c’est assez cool d’alterner.

Arnaud : Est-ce qu’il y a des sujets que tu aimerais explorer prochainement avec ta communauté ? Est-ce que tu penses parler d’éco-conception par exemple ? C’est un sujet qui nous intéresse beaucoup à l’agence.

Bastien : Au niveau des sujets qui arrivent, j’en ai pas spécialement de d’arrêté. J’ai un board avec plein d’idées et j’avoue je me laisse assez porter par l’ambiance de la semaine en cours, du mois en cours. Je suis assez réactif sur les trucs d’actualité.

Par contre j’ai envie de remettre un peu plus de Figma dans mon contenu. J’ai sorti une vidéo où je redesign Twitch justement sur Figma et je vais essayer de remettre un peu plus Figma en tâche de fond, bien que j’essaie aussi de faire des sujets de vulgarisation un peu plus large.

Concernant l’éco-conception, j’avoue ne pas avoir beaucoup de connaissances là-dessus, notamment parce que mes clients n’ont pas de demande précise sur le sujet.

Et concernant l’éco-conception, j’avoue que je n’ai pas beaucoup de connaissances là-dessus. Je l’ai évoqué dans ma dans ma vidéo de début janvier où je parle des tendances de 2023, où je parle de la tendance de l’éco-conception.

Mais mon petit ressenti là-dessus, qui est vu de très loin parce qu’en vrai je n’ai pas beaucoup de clients qui me demandent des efforts là dessus, je n’ai pas d’opportunités de proposer ça à beaucoup de clients aussi. De mon point de vue perso, les clients avec qui j’ai pu effleurer ces sujets, ça se passait beaucoup au niveau de l’intégration avec les développeurs.

J’ai déjà été avec des développeurs pour voir comment on pouvait adapter quelque chose, compresser une image, coder une drop shadow pour qu’elle soit moins gourmande, etc etc. Mais ça s’arrête là. C’est-à-dire que moi, au niveau du design, je fais une micro interaction, si au développement on décide de l’enlever parce que c’est gourmand, why not?

Mais je n’ai aucun client qui me demandent ça. Néanmoins, les seuls clients, les seules marques que j’ai vu faire de l’éco-conception ou évoquer l’éco-conception, c’était autour du dark mode, évidemment. Ça c’est important pour moi, mais si je peux être tout à fait honnête, je ne le fais pas dans une démarche d’éco conception, je le fais dans une démarche plutôt de confort utilisateur avant tout, je préfère être franc.

Les seuls exemples d’éco-conception que j’ai vu passer s’apparentent à du greenwashing ou à des coups marketing pour changer le style des images, sans vraiment chercher à les optimiser derrière.

Les seuls exemples d’éco-conception que j’ai vu passer, malheureusement pour moi, s’apparentent à du greenwashing – peut-être pas utiliser le terme de greenwashing, c’est un peu too much – mais ils s’apparentent à des coups marketing en mode « oh, regardez nos images, elles passent en pixels » ou « regardez notre site, il passe en noir », mais en vrai derrière, il n’y a rien à optimiser.

Du coup, voilà où j’en suis avec ce sujet. On ne me le demande pas et je trouve que les actions qui sont menées ressemblent plus à des coups marketing aujourd’hui donc je suis pas trop dedans. Vous faites beaucoup ça vous, chez LunaWeb ?

Arnaud : Oui, depuis deux ans on a commencé à s’y mettre, à essayer de comprendre déjà ce que c’est, comment ça marche, comment est-ce que justement on peut le proposer à nos clients.

Comme tu le disais, c’est pas forcément quelque chose qui est demandé comme ça. Nous on s’est rendu compte que maintenant on peut nous en parler parce qu’on s’est positionné comme une agence qui en fait, mais c’est vrai qu’au début, on ne savait pas forcément par quoi commencer car on nous ne le demandait jamais. Et puis même quand on évoquait ce point là avec les clients, c’était « Oui mais moi je ne veux pas un site en noir et blanc ».

Bastien : On est d’accord que les clients, ils n’ont pas de retour sur investissement direct, donc ils s’en fichent. À part le coup marketing entre grosses guillemets, comment tu peux leur vendre ça ?

Arnaud : Au niveau de la performance déjà, ça c’est indéniable, parce que concrètement, tu vas veiller à pas utiliser trop de ressources. Nous par exemple, on a des ateliers où ce que l’on va faire, c’est construire avec le client et définir quelles sont les fonctionnalités essentielles au site.

Bastien : Ok, on est plus dans un argumentaire de performance auprès du client que d’éco-conception, vraiment. Mais oui, je vois ce que tu veux dire, c’est pour ça que j’ai une nuance là dessus.

Arnaud : En termes d’éco-conception, la performance est un des arguments effectivement. Après, quand réduit aussi le nombre de fonctionnalités, on va aussi réduire le temps d’administration, on va peut-être faciliter certaines choses, on va faciliter aussi de notre côté le développement, donc potentiellement on va peut-être soit, livrer plus vite, ou de manière un peu plus qualitative. On va peut-être découper aussi les choses en sprint. On va vraiment se poser pour prendre le temps de comprendre si je pose cette fonctionnalité là, qu’est ce que qu’est ce qui va se passer derrière ?

Bastien : Je me trompe peut-être, j’ai plein de choses à apprendre et c’est hyper intéressant ce que tu me dis, mais j’ai l’impression que c’est quand même plus du côté du développement.

Arnaud : En vérité de toute façon, les ressources déployées sont côté développement, mais nous en tant que designer on a un pouvoir. On est là au début avec le client, on peut embarquer les développeur pour avoir leur avis, c’est-à-dire qu’on va faire des ateliers avec eux, on va essayer de voir quelle fonctionnalité on embarque, qu’est-ce qui est consommateur et donc pour ça demander l’avis à tout le monde.

Après il y a un référentiel RGESN qui était un petit peu en bêta il y a quelques mois et qui est sorti récemment. Et effectivement il y a des parties qui sont vraiment dédiées au design. Mais c’est un référentiel, ce n’est pas vraiment une suite de critères avec un label qui est donné, enfin voilà.

Bastien : Non mais tu sais quoi, c’est cool de pouvoir s’y intéresser, il faudrait que je regarde un peu. Là je t’ai répondu surtout en tant que designer d’interface avec mes clients, mais en tant que créateur de contenu évidemment, il faudrait que je l’évoque, ne serait ce que pour sensibiliser plus ou moins les gens.

En tant que créateur de contenu évidement, il faudrait que j’évoque plus l’éco-conception, ne serait-ce que pour sensibiliser les gens à cette thématique.

Bien que j’ai quand même l’impression – et je retourne encore à mon côté pessimiste de la chose – qu’en tant que designer d’interface, on a un impact assez faible sur cette partie là et que ça sera plutôt porté par des équipes de développement. C’est mon ressenti personnel en tout cas.

Erika : On va revenir à la communauté des créateurs de contenus, on pense par exemple à des designers ou même des développeureuses comme Justin Buisson, Amy Plant ou encore Benjamin Code

Qu’est-ce que tu penses de cette mouvance ?

Bastien : Bien évidemment, je la hais bien sûr ! (rires)

Arnaud : (Rires)

Bastien : (Rires) Non, c’est trop bien, c’est vraiment trop bien. C’est une petite communauté de créateurs de contenus, de vulgarisateurs, mais aussi des gens qui bossent encore dans le métier donc c’est super intéressant. Je me retrouve vachement dans leurs contenus et en vrai, on parle beaucoup en off, on fait beaucoup de choses croisées, etc.

Je trouve ça fabuleux de pouvoir se passionner à 10-15 ans pour le motion design ou le code grâce à des créateurices de contenu sur YouTube. Ce sont un peu les Fred et Jamy d’aujourd’hui !

Je trouve ça fabuleux aujourd’hui d’avoir par exemple 10-15 ans et de pouvoir se passionner pour le motion design avec Justin ou le code avec Benjamin, dans un ton léger, en apprenant des choses, avec une régularité de contenus quand même assez folle pour pour des indépendants.

Je trouve ça fabuleux. C’est un peu genre les Jamy Gourmaud, le « C’est pas sorcier ! » des temps modernes. Tu as accès à 1 milliard de vulgarisations fun, bien produites, je trouve ça trop cool. Je ne vois pas comment on pourrait ne pas aimer bien sûr.

Arnaud : Trop bien.

Erika : Oui, je comprends bien !

Niveau outils, quels sont ceux que tu utilises et qui te semblent les plus prometteurs en 2023 ?

Bastien : Je reste assez focus sur Figma qui pour moi est encore bien en avance sur ses concurrents. Néanmoins, je reste en veille sur les autres outils. Après il faut faire attention entre un petit outil prometteur et un outil que tu peux utiliser de façon professionnelle et à qui tu peux faire confiance pour conserver tes projets !

Figma est encore pour moi bien en avance sur ses concurrents même si des alternatives comme Penpot commencent à proposer des optimisations de certaines fonctionnalités comme l’auto layout.

Après il y a des trucs assez cool, si vous voulez quelques noms à surveiller, il y a Penpot, qui est l’alternative open source de Figma. Donc open source donc forcément c’est gratuit, forcément c’est collaboratif, mais ça a des points positifs mais aussi des points négatifs.

Arnaud : Tu l’as essayé un peu ?

Bastien : Je l’ai essayé un peu, je ne suis pas très à l’aise, il y a des choses qui sont pas assez intuitives, mais ils ont commencé à dépasser Figma sur le retour à la ligne automatique de l’auto layout et là dessus du coup, petite pique dans les fesses de Figma. Mais c’est une bonne chose, parce que ça va justement booster la concurrence, c’est intéressant de voir ça.

Arnaud : Ok.

Bastien : Au niveau des outils qui gravitent autour de Figma, j’en ai parlé dans ma vidéo qui s’appelle « Les tendances pour 2023 », il y a des outils, on va dire un peu plus autour du No Code, pour être assez global (NdR : outils qui ne nécessitent pas de savoir écrire du code technique pour construire une interface), qui sont intéressants à surveiller.

Figma influence d’ailleurs beaucoup d’outils “no code” qui vont permettre, dans les mois à venir, de générer de petites interfaces assez facilement. Des sortes de Dreamweaver modernes en somme.

On va avoir un peu d’interfaces à la Figma qui vont nous produire des sites publiables. On rappelle Dreamweaver du début du podcast, c’est un peu le Dreamweaver moderne qui pourrait arriver. Alors ne vous attendez pas à avoir du code propre, mais voilà, publier des petites choses, ça pourra dans un avenir proche être possible avec des outils comme ça.

Erika : Ok.

Et l’intelligence artificielle, est-ce que tu penses que ça va prendre une place un peu plus importante dans le futur des designers ?

Bastien : Moi j’y crois à l’IA dans le travail. L’IA existe depuis très longtemps, c’est juste que ces derniers temps il y a eu un gros boom au niveau de l’effet waouh sur les IA, parce que ça génère des images, parce que ça génère du texte, etc etc. Et c’est beaucoup mieux packagé.

Si on revient 1 an ou 2 en arrière, sur Photoshop il y a plein d’outils basés sur l’IA qui existent depuis longtemps, qui permettent de changer l’éclairage d’une photo, changer l’orientation du regard, changer l’expression faciale. Plein de petites choses comme ça qui ne marchaient pas top top mais qui étaient déjà présentes. Mais personne ne criait au scandale à ce moment là. Bizarre.

Je crois à l’IA dans le travail. Ces derniers temps il y a eu un gros boom au niveau de l’effet “waouh” parce que les IA génèrent des images, du texte. Mais ça existe depuis longtemps, notamment dans Photoshop.

Pareil l’outil pour détourer une personne sur photoshop. Maintenant tu peux faire « menu déroulant, process in the cloud », c’est-à-dire que c’est une IA qui réfléchit en ligne, qui ramène le résultat. Je l’utilise tous les jours depuis deux ans, personne n’a jamais râlé, personne n’a dit « ah, il vole le travail des gens qui détourent à la plume ».

Donc à mon humble avis, ce sont des outils qu’il va falloir intégrer dans nos process de création de design ou d’idéation. Ce sont de nouveaux outils, il ne faut pas en avoir peur, il ne faut pas les repousser, c’est juste des nouvelles palettes de choses à savoir maîtriser.

Ce n’est pas parce qu’une IA génère un texte que le texte est viable directement. Ce n’est pas parce qu’une IA génère une image que l’image est viable directement. Votre plus value d’humain sur la compréhension du choix d’une image, de quels parcours utilisateur il faut, de comment il faut s’adresser à la personne n’est pas près d’être remplacé. C’est juste un nouvel outil pour explorer des choses et n’il y a aucun souci avec ça.

L’IA, ce sont de nouveaux outils, il ne faut pas en avoir peur. Ce sont juste de nouvelles palettes de choses à maîtriser. Votre plus value d’humain sur la compréhension des choix à faire pour l’utilisateur n’est pas près d’être remplacé

Je vais quand même nuancer mon propos là dessus parce qu’évidemment une personne qui design de petits avatars style Simpson pour 50 € sur Fiver, son travail va être impacté. Parce qu’effectivement, une IA pourra transformer un dessin en Simpson.

Mais pour moi ça va juste décaler la plus value de l’humain, du designer, vers quelque chose de plus haut level. Ça c’est mon point de vue aussi là dessus. C’est-à-dire que je ne sais pas, disons les caissiers qui sont remplacés par des caisses automatiques, les pompes à essence où il n’y a plus de pompistes qui te sert ton essence, tout ça, ça a juste poussé vers des métiers à plus haute valeur ajoutée et c’est plutôt une bonne chose.

C’est à dire que l’humain ne va plus être utilisé pour des tâches répétitives et non stimulantes, mais il va pouvoir être positionné sur quelque chose de plus haut level. Je sais que je prends des gros risques en disant ça, mais j’essaie d’être positif dans tout ça.

C’est-à-dire que du coup, nous on va pouvoir faire des choses à plus haute valeur ajoutée. Et clairement, si je prends 5 secondes à détourer mon personnage sur Photoshop dans ma journée, j’aurais plus de temps pour faire des effets, faire plusieurs versions, etc etc.

Avec l’IA, l’humain ne sera plus utilisé pour des tâches répétitives mais pourra être positionné sur des choses plus stimulantes. Je prends des gros risques en disant ça, mais j’essaie d’être positif.

Pour caricaturer donc, j’ai grand espoir que ça aille plutôt dans ce sens là, mais je dois quand même mettre un gros warning. Effectivement, il y a certains petits petites fonctionnalités qui vont peut-être être remplacées, mais on espère que ces personnes seront montrer leur plus value plutôt que juste mener un combat contre les IA parce que c’est déjà trop tard au final.

J’aimerais aussi dire que les gens qui vont utiliser les IA, que ce soit pour faire un avatar en mode Simpson ou pour générer un site automatique avec je ne sais quel générateur, ce ne sont pas des gens qui vous auraient pris une prestation de design à la base. Ce sont des gens qui seraient allés sur Wix, qui seraient allés sur Blogspot, sur des trucs tout faits avec un abonnement à 12 € par an et qui ne vous auraient pas acheté 10K euros de design d’interface à la base.

Donc ça ne va pas forcément vous voler les vrais clients qui vont vraiment vous apporter du business je pense. La cible de ça, ce sont les gens qui n’auraient pas payé dans tous les cas, tu vois ce que je veux dire ?

Erika : Oui, tu n’as pas tort.

Bastien : Voilà, j’ai essayé de donner mon avis assez vite. C’est dur d’aller vite sur ce sujet, c’est très risqué. Mais voilà, j’espère que vous avez compris un peu le mood dans lequel je voulais aller avec ma réponse.

Erika : Si si, complètement.

Arnaud : Merci Bastien d’avoir partagé cet épisode avec nous aujourd’hui. C’était un plaisir de te rencontrer, de discuter avec toi, d’échanger.

Avant de te quitter, on aimerait bien te poser une dernière question, c’est un peu la question traditionnelle du podcast, est-ce que quelque chose t’a bluffé dernièrement ? Ça peut être une vidéo, le travail de quelqu’un, un livre, une rencontre, un jeu vidéo…

Bastien : Alors très récemment, si je dois utiliser le terme bluffer, j’ai été bluffé par le travail de Studio Koto. Pourquoi ? Parce qu’ils sont à l’origine d’un nombre incalculable de rebranding (NdR : refonte de l’identité d’une marque, d’un site internet) hyper cool qui sont sortis entre janvier et février.

Très très impressionné par la qualité du travail de Studio Koto. Depuis le début de l’année, toutes les choses bien qui sortent dans ma veille semblent avoir été faites par eux.

Allez voir leur Twitter @studiokoto, ils ont fait un rebrand de Netflix, mais des trucs officiels, pas des projets tests hein ! Ils ont bossé pour Eat Meaty, ils ont bossé pour WhatsApp, ils ont bossé pour Bolt, avec le petit éclair. Juste la productivité de ce studio – je pense qu’ils travaillaient dessus depuis plusieurs mois voir années – tout est sorti en 2 mois et hyper impressionné de la qualité du travail. Allez voir sur le site donc koto.studio ou sur leur Twitter @studiokoto et ils m’ont bluffé parce qu’ils font des trucs trop qualitatifs et chaque semaine c’est eux qui sortent un nouveau truc. Je me dis « Qui est-ce qui est derrière ça ? Studio Koto, Incroyable ! » Donc si je devais utiliser le terme « bluffé », ce serait Studio Koto.

Ensuite, un truc que j’ai bien aimé, c’est le rebrand d’Eurostar. Je ne sais pas si vous l’avez vu passer ?

Erika : Je l’ai pas vu perso.

Arnaud : Pas du tout non. De l’Eurostar ?

Bastien : Oui de l’Eurostar tout simplement, le fameux Eurostar, le train. Et donc ils ont fait un logo avec une espèce de, comment appeler ça, une espèce de « cercle boussole en fausse 3D » avec une typo incroyable. C’est un rebranding pour une fois qui n’est pas dans le blending – ces marques qui se simplifient trop – ils ont une espèce de D.A. avec des axes de pivotage, enfin des axes de rotation autour des points cardinaux, ça fait un E, la typo est hyper originale, les couleurs sont cool. Donc allez checker le nouveau logo, la nouvelle brand de Eurostar, ça c’est un truc qui m’a aussi récemment beaucoup plu.

La nouvelle identité de l’Eurostar est vraiment réussit, que ce soit au niveau du sigle, de son animation, de la font, du choix de couleur, c’est vraiment très réussi.

Et sinon, un truc qui n’est pas du tout récent, mais j’ai essayé de chercher dans ma tête les trucs qui m’avaient vraiment bluffé ou j’étais resté devant mon écran en mode la bouche un peu ouverte « qu’est-ce qui est en train de se passer ? ». C’était au ZEvent, vous connaissez le ZEvent tous les deux peut-être, donc un évènement caritatif de streamers sur Twitch qui se déroule sur trois jours où ils se réunissent tous dans un dans un endroit et il y a des happenings, des évènements, etc.

Et il y a eu un happening de Rivenzy qui était le suivant – attention vous n’allez pas vous y attendre – faire un combat de catch. Alors dit comme ça, ça peut paraitre bizarre, je n’ai jamais regardé vraiment de catch de ma vie, je n’ai jamais vraiment aimé les sports de combat, ni tout ça. Mais il a fait un truc, c’est un combat de catch entre lui, un autre streamer et des catcheurs pros mais qui est sorti de nulle part !

C’était vraiment le plus gros moment de live de ma vie ou je me suis retrouvé devant mon ordi, devant mon téléphone, à regarder en mode « mais qu’est-ce qui est en train de se passer ? ». Ils faisaient des figures de fou, ça n’avait aucun sens, il était au niveau de vrais catcheurs et tu te disais « ils vont se péter un truc » et en fait ça s’est super bien passé, c’était trop drôle.

Le match de catch de Rivenzy pendant le dernier ZEvent, c’était un vrai moment de direct comme Twitch sait en faire.

Vraiment j’ai été bluffé pour le coup parce que j’étais en mode « mais qu’est ce qui se passe à l’écran ? », c’était un vrai bon moment de divertissement sur Twitch, qui sort un peu des trucs soirée en plateau, soirée jeux, soirée discussion et tout. J’étais vraiment sur le cul parce que c’était vraiment la surprise, on ne savait pas ce qui allait se passer. Ils s’étaient préparés 2 ou 3 semaines à l’avance et ils ont sorti des trucs de fou.

Je n’aime pas forcément le catch, je ne suis pas non plus un gros consommateur de la chaîne de Rivenzy, mais c’est le truc qui m’a scotché. Le match de catch de Rivenzy au ZEvent (rires), c’était un moment de direct assez fou, voilà.

Arnaud : Super ! Et bien on s’arrête sur le catch, ce qui est un peu inattendu ! (rires)

Bastien : Incroyable hein ! Je ne savais pas non plus.

Arnaud : Je ne m’y attendais pas mais du coup moi aussi je suis bluffé ! (rires)

Bastien : Je vous ai bien eu !

Arnaud : (Rires) On te remercie une deuxième fois Bastien pour le temps que tu nous a accordé, c’était hyper intéressant, c’était cool de discuter avec toi.

Bastien : Merci beaucoup pour l’invitation Arnaud, merci Erika, c’était très cool.

Erika : Merci à toi, c’était vraiment bien.

Arnaud : Tu peux peut-être nous dire où l’on peut te retrouver sur internet ?

Bastien : Tout simplement sur YouTube et Twitch, c’est Basti Ui et un peu partout, Twitter, TikTok, Instagram également. Je suis en live 3 jours par semaine et des vidéos qui sortent sur YouTube de temps en temps. Donc n’hésitez pas à me rejoindre si ça vous a plu. Merci encore pour l’invitation.

Arnaud : Super, merci à toi !

Erika : Merci.

Arnaud : Nous, il nous reste plus qu’à remercier les auditeurs d’être de plus en plus nombreux à suivre le podcast et on espère que ce nouvel épisode vous aura plu.

Et on se retrouve le mois prochain pour un nouvel épisode de notre format court, qui est un petit peu annexe par rapport à « Salut les Designers » qui s’appelle « La Capsule Design ».

Et en attendant, n’hésitez pas à écouter ou réécouter les précédents épisodes et à vous abonner à la newsletter du podcast pour retrouver l’ensemble des ressources de nos épisodes, les tips et les conseils de nos invités. C’est sur le site salutlesdesigners.lunaweb.fr que ça se passe.

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On vous dit à bientôt pour de nouveaux épisodes de Salut les Designers, salut !

Découvrez tous les mois un nouvel épisode de Salut les Designers consacré au design et à ses méthodes. UI, UX, motion, accessibilité, éco-conception, recherche, nous échangeons avec des professionnel·le·s passionné·e·s au grès de nos rencontres pour mieux comprendre leurs méthodes de conception centrée utilisateur.

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