Un peu d’histoire avant d’entrer dans le vif du sujet : Biosency est née en 2017 de la rencontre entre trois associés aux atomes plus que crochus — Marie Pirotais, Yann Le Guillou et Gilles Giannoli. Leur constat ? Les patients atteints de BPCO (pour bronchopneumopathie chronique obstructive) ont besoin d’un suivi assidu, sans pour autant être trop sollicités. Car tous les gestes du quotidien leur demandent un effort considérable, et les épuisent.
Conseillé par six pneumologues experts, Biosency a donc mis au point un protocole et une solution de télésuivi pensé pour les patients, leur spécialiste et leurs aides-soignants. En substance, le patient est équipé d’un bracelet connecté qui mesure son activité. Les données sont ensuite centralisées et analysées sur une interface de gestion et de suivi des données — consultée par ces trois utilisateurs, avec des niveaux de lecture différents. C’est à ce moment précis que nous entrons en scène…
Challenge accepted !
Car ce projet relevait du défi à plus d’un titre. Tout d’abord, parce nos recherches UX devaient mener sur trois cibles (très) différentes : des patients atteints d’une pathologie astreignante, des pneumologues aux fortes contraintes de disponibilité, et des professionnels de santé à domicile (PSAD) au contact régulier des patients. Tous étaient alors des utilisateurs, à des niveaux différents d’information et à une fréquence plus ou moins élevée. Avec des usages numériques hétérogènes — pour ne pas dire opposés — et des attentes, des besoins et des freins tout aussi contrastés.
Autre défi : changer nos méthodes et nos process, le temps d’un projet. Pour Biosency, nous avons travaillé en trio avec l’équipe R&D interne, et ZetaPush en charge du développement en back-office. Nous étions alors en mode 100% agile — sur le principe même des sprints : il fallait chaque jour s’approprier un nouveau scénario, concevoir une interface dans un contexte précis, faire le point en 5 minutes top chrono avec les différentes parties prenantes. Et recommencer.
Sur les épaules de la LunaTeam
Pour ce projet, Guillaume, Jeanne et Luisa, respectivement responsable design UX/UI, responsable UX research et chef de projet, ont travaillé de concert. Tout était à créer, et Guillaume s’est naturellement inspiré des prémisses de l’univers graphique de Biosency pour l’adapter et l’étoffer. Il a alors enfilé sa casquette de directeur artistique pour peaufiner chaque pixel de chaque écran de cette interface pour ces trois publics. Car il fallait que chaque profil accède à la solution pour ne consulter que les données qui l’intéressent, ou qui lui sont autorisées.
Dans notre contexte, le PSAD avait pour mission d’aider le patient à utiliser l’outil de télésuivi pour s’assurer de la collecte quotidienne des données de santé. Le patient pouvait lui aussi se connecter à son profil pour lire son tableau de bord, et le comprendre — sans générer de stress ou d’inquiétude. Enfin, le pneumologue devait pouvoir accéder très rapidement à la synthèse des données collectées, pour contrôler l’état de santé de son patient. En définitive, les maquettes que vous pouvez voir ci-dessous paraissent assez simples, mais elles ont nécessité des heures de réflexion, des choix parfois cornéliens et plusieurs révisions de copies.
Nous avons ensuite procédé aux tests utilisateurs. Ce qui n’est habituellement qu’une simple formalité (ou presque), s’est révélé être un véritable parcours du combattant. Faire se déplacer les patients atteints d’insuffisances respiratoires, ainsi que les pneumologues aux agendas ultra-chargés n’était pas une mince affaire. Nous avons finalement opté pour une soirée de tests en simultané, sous un format inédit pour notre laboratoire UX, pourtant rompu à l’exercice. En parallèle, nous avons rencontré et interviewé les professionnels de santé à domicile directement dans leur centre de rattachement, à Nantes.
Et après ?
Les maquettes testées par les utilisateurs ont été adaptées selon leurs retours, pour plus de lisibilité et d’utilisabilité. Cette soirée de tests nous a aussi appris que certaines données pouvaient amener les patients à une consultation excessive et inciter à la comparaison — ce que ne recherche pas la solution de télésuivi de Biosency. Guillaume, Jeanne et Luisa ont donc travaillé main dans la main pour apporter les dernières retouches aux maquettes.
Pendant près de sept mois, ce beau projet nous a tenus en haleine. Sur des sujets pointus et complexes, car ils touchent à la santé, à des usages dans un contexte délicat, où toute information, tout échange doit être mûrement réfléchi. Il ne s’agirait pas d’être contreproductif et de dévier de l’ambition de Biosency — améliorer le parcours de soin des patients atteints de BPCO. Une expérience unique et riche, dans un secteur que nous surveillons de près : l’e-santé !