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SLD #18 - Mélissa Canseliet, Neuroscientifique et UX Strategist

SLD #18 - Mélissa Canseliet,Neuroscientifique et UX Strategist

Ce mois-ci dans notre 18ème épisode, nous recevons Mélissa Canseliet ! De la mise en place de méthodologies UX au sein d’Ubisoft, en France ou au Québec, à la conviction qu’il faut être conscient de ses biais pour mieux comprendre les multiples réalités qui nous entourent, nous vous invitons à un voyage où les neurosciences n’ont rien d’abstraites !

Publié le 24 novembre 2021

Podcast Salut les designers numéro 18

Mélissa revient avec Benoit et Guirec, nouvelle voix dans SLD, sur son parcours, les multiples casquettes UX qu’elle a portées et elle nous gratifie de quelques conseils pour faire du bien à notre cerveau au quotidien.

Un voyage passionnant au coeur des neurosciences pour mieux comprendre comment notre cerveau fonctionne et tourne, parfois aussi, un peu en rond….

Bonne écoute à tous et à toutes,

Les Designers de l’Agence LunaWeb

 

La transcription

Benoit : Bonjour à tous et à toutes et bienvenue dans ce nouvel épisode de Salut les Designers, le podcast de l’Agence LunaWeb.

Ici, Benoit, UX Researcher et je suis avec Guirec notre UX Writer, une nouvelle voix dans ce podcast. Bonjour, Guirec.

Guirec : Bonjour Benoit !

Benoit : Avant de commencer, merci au bel accueil que vous avez fait aux deux premiers numéros de cette nouvelle saison avec Celia Hodent et Frédéric Bordage. Ça nous incite vraiment à continuer à vous proposer de belles rencontres.

Et une belle rencontre, c’est justement ce que l’on vous propose aujourd’hui puisque nous avons le plaisir de recevoir Mélissa Canseliet. Neuroscientifique, elle a commencé sa carrière dans la recherche, puis dans le domaine du jeu vidéo. Aujourd’hui, elle poursuit sa carrière à Montréal, au sein de Samsung Ads. Bonjour Melissa !

Mélissa : Bonjour !

Benoit : Peux-tu te présenter en quelques mots, pour ceux et celles qui ne te connaissent pas encore ?

Mélissa : Alors en quelques mots, je suis une scientifique qui a donc étudié les neurosciences parce qu’elle adorait les dauphins. Et puis, je me suis beaucoup intéressée au cerveau. Ensuite je me suis redirigée vers le marketing et le business, après des expériences en recherche.

Je suis une scientifique qui a étudié les neurosciences parce qu’elle adorait les dauphins.

Et aujourd’hui, je suis une Française à Montréal depuis bientôt deux ans qui vient d’entrer dans une énorme entreprise qui s’appelle Samsung, qui fabrique des téléphones entre autres. Je suis dans la division Ad tech pour ceux qui connaissent et je suis ravie d’être ici, merci beaucoup.

Guirec : Merci à toi, Mélissa.

Benoit : Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton poste actuel chez Samsung ?

Mélissa : Oui. Aujourd’hui, je suis Senior UX Researcher. J’interviens auprès d’une équipe UX qui est déjà en place. Mon rôle est vraiment de collecter des données utilisateurs et de les mettre au service des products managers, des designers et même du management pour pouvoir prendre des décisions qui sont centrées utilisateurs, mais aussi basées sur des données tangibles.

Guirec : Très bien. Dans les entreprises, il y a de nombreux intitulés, de nombreux postes différents qu’on peut retrouver. UX specialist, UX strategist, UX leader, senior UX researcher. Qu’est-ce que tous ces intitulés de postes t’inspirent ? Qu’est-ce que ça représente pour toi ?

Mélissa : Effectivement j’ai occupé plusieurs postes UX. Pas celui d’UX designer puisque je n’ai pas la chance de savoir designer. Je n’ai pas du tout de background pour faire cela même si je me suis parfois aventuré à prototyper. Ça ne s’est pas forcément avéré concluant (rire).

Ces titres de Specialist, Strategist, Leaders ou Researcher ont vraiment été dépendants des contextes UX dans lesquels je suis arrivé. C’est à dire en fonction des environnements, avec des équipes plus ou moins déjà familières avec l’approche UX. Et puis en fonction des besoins qui étaient issus de cette familiarité – ou pas d’ailleurs – et aussi des besoins en direct avec les équipes en question.

Mes postes d’UX Specialist, Strategist, Leader ou Researcher ont vraiment été dépendants des contextes dans lesquels je suis arrivée.

Typiquement au tout départ, en tant qu’UX Specialist à l’époque chez Ubisoft, il s’agissait vraiment de commencer à structurer une expertise pour l’organisation. C’était vraiment à des stades relativement précoces du développement de L’UX chez Ubisoft. On était encore dans l’expérimental, a essayer de faire des des cas d’études.

J’étais au département stratégies d’innovation et l’idée c’était d’aller tester l’approche UX, d’aller tester des outils pour pouvoir comprendre le cadre qui serait le plus pertinent à développer dans les productions de jeux.

Ça a été plein d’expérimentations, notamment en externe avec des start-up, dans des milieux plus académiques, pour du soutien sur tout ce qui est théorie, etc. Et puis ensuite, avec des petits bouts de production de jeux mobiles, des bouts de productions de gros jeux, jusqu’à pouvoir se sentir prêts à aller se frotter aux jeux AAA (NDR : Jeux vidéo dotés des budgets de développement et de promotion les plus élevés).

L’idée a toujours été de tester des outils pour pouvoir comprendre quel cadre serait le plus pertinent pour développer l’UX dans le jeux vidéo.

Donc tous ces postes sont vraiment dépendants du contexte. Donc Specialist au début, Strategist une fois qu’on a l’expertise, que ça paraît cohérent, que ça paraît pertinent, que ça paraît aussi adapté à l’entreprise. Dans ce cas là, on peut essayer d’aller implémenter ça dans des productions. C’était l’objet de mon post à l’édito (NLR : Département chez Ubisoft encadrant la création des nouveaux jeux et franchises).

Leader, c’était chez Faurecia. Donc là on était dans un contexte d’une maturité UX, je dirais bourgeonnante, en étant indulgente. Et donc l’idée, c’était d’aller plutôt évangéliser – au sens sensibiliser du terme – en ayant des études de cas. Je pense que typiquement là, le gros challenge c’était l’alignement entre les personnes qui savaient ce que c’était que l’UX, qui étaient convaincus de la valeur ajoutée et le terrain, avec beaucoup d’ingénieurs automobiles qui n’étaient pas du tout prêts à pouvoir porter ces changements.

Parfois, on a des décalages de maturité UX. On peut avoir des top managers qui sont hyper conscients et qui vont dire « c’est bon, on peut y aller, on est prêt, on met les moyens » mais après sur le terrain, il y a du travail à faire. Et parfois, ça vient du terrain et les top managers prennent encore des décisions sans être centrée utilisateur. Donc chez Faurecia, c’était vraiment le terrain.

J’ai été UX Specialist au début puis UX Strategist ensuite, une fois que les solutions paraissaient cohérentes, pertinentes, adaptées à l’entreprise.

Chez Samsung pour le coup, il y a un framework (NDR : cadre de travail) qui est bien en place. On est quand même dans une entreprise qui est très diversifiée, qui travaille beaucoup sur l’expérience utilisateur, au-delà même de l’objet électronique avec tout ce qu’il a fallu aussi récupérer en termes de données, à travers des applications, etc. Pour l’instant ça va, je touche du bois (rires).

Évidemment, on a de gros challenges quand même devant nous, mais je touche du bois parce que j’ai la chance d’être dans une super équipe, avec un bon manager, ça aussi c’est une chance. Donc j’en profite ! (rires).

Benoit : Merci beaucoup Mélissa. Tu l’as évoqué, tu es passée par des entreprises où la maturité UX était différente, parfois au sein même des équipes. Notre quotidien chez LunaWeb, c’est également de rencontrer des clients qui ont parfois un gros manque de maturité UX.

Quelles seraient tes conseils pour pouvoir les accompagner plus efficacement ?

Mélissa : C’est vrai qu’au départ, quand on arrive dans des entreprises qui ne sont pas assez matures, elles peuvent percevoir l’UX comme quelque chose qui va amener du ralentissement dans les process. « Ah bon vous faites des tests utilisateurs ? Oui, mais alors attendez, parce que nous, on n’a pas le temps d’attendre les résultats pour prendre des décisions », donc c’est compliqué.

Bien souvent, en tant que professionnel UX, on a un petit peu le cadre idéal UX en tête et on espère toujours pouvoir travailler, comme on dit « By the book », c’est-à-dire avec le cadre idéal sur le terrain. Mais il ne faut pas non plus s’attacher trop à ça.

En tant que professionnel.le de l’UX, on espère toujours pouvoir travailler « By the book », c’est-à-dire avec le cadre idéal, mais il ne faut pas trop s’attacher à ça.

Je pense que la chance que l’on a, pour avoir été dans le milieu académique où il faut vraiment être dans la rigueur scientifique absolue, c’est aussi de pouvoir s’adapter au contexte dans lequel on est. Et donc parfois, il arrive que l’on prenne un projet qui en est déjà à un stade de développement relativement avancé et qu’on se dise « Mais attendez, ça va être quoi ma marche de manœuvre ? ».

Le mieux, c’est d’être déjà centré collègues. Se dire « OK, avec ce que j’ai devant moi, qu’est-ce que je peux faire pour améliorer le process UX, l’amener un cran au-dessus ». Donc pas mon framework idéal, mais un cran au-dessus. Quelle est la manière dont j’aurais le plus d’impact avec ce qui m’est présenté et en s’assurant que je vais demander le moins d’énergie entre guillemets à mes collègues. Ou alors le plus d’énergie, mais de ceux qui sont les plus convaincus, les plus aptes, les plus compétents, etc.

Le mieux, pour apporter une méthodologie centrée utilisateur en entreprise, c’est déjà d’être centré collègue.

C’est donc important d’être déjà capable de faire une grille de lecture par rapport à ça. Qui va être mon allié.e ? Qu’est-ce que j’ai entre les mains et qu’est ce que je peux faire ? Est-ce que ça va être un test utilisateur ? Est-ce que ça va être une revue d’usabilité ? Quitte à ce que je mette un ou deux de mes confrères sur une revue d’usabilité parce que ça peut peut-être apporter beaucoup de choses, même s’ils n’ont pas le temps d’un test utilisateur. Donc il y a toujours moyen d’aller essayer d’apporter un bout de l’approche UX.

Pour commencer, il ne faut pas tomber dans le piège d’avoir LE gros projet, celui sur lequel il y aura de la visibilité. Parce qu’en général ce sera un projet où il y aura beaucoup de personnes et de pression.

Et puis si on a la chance de pouvoir choisir ses projets ou ses parties de projets – ça m’est beaucoup arrivé parce que comme j’arrivais dans des contextes où l’UX était précoce, tous les projets ne pouvaient pas bénéficier d’une approche UX à proprement parler – il ne faut pas tomber dans le piège d’avoir le gros projet, le mastodonte, celui sur lequel il y aura de la visibilité parce que ça va être le tremplin, ça va faire le buzz en interne, etc. Parce qu’en général ce sont des projets où il y a trop de personnes, où il y a beaucoup de pression, où il y a des enjeux politiques dans lesquels on n’a pas forcément envie d’aller se baigner (rires), en tout cas pas moi.

Et puis de toute façon, de manière concrète, vouloir amener du changement là ou il y a déjà des tensions, forcément, c’est compliqué. Mais de prendre oui un projet dans lequel on sent qu’on a des allié.e.s, on sent qu’on peut avoir un impact. Et parfois, prendre un projet à l’échelle potentiellement plus restreinte, c’est même plus plus malin pour pouvoir mesurer son propre impact en tant que professionnel.le UX.

Prendre un projet à l’échelle plus restreinte, c’est une excellente manière de pouvoir mesurer son propre impact en tant que professionnel.le de UX.

Une fois qu’on a fait ça, on peut faire une vraie démonstration. Et donc ce Use Case, ce cas d’école qui part d’un projet qui était entre guillemets low cost, peut devenir le tremplin parce qu’on aurait été capable de démontrer et de mesurer la valeur ajoutée de l’UX.

Guirec : Très bien Mélissa, c’est riche. Pour revenir à ton coeur d’activité, les neurosciences, c’est un terme dont on entend de plus en plus parler en entreprise, mais on ne sait pas toujours ce que ça veut dire, ce qu’il y a derrière, de quoi il en retourne.

Est-ce que tu peux nous expliquer ce que sont les neurosciences ?

Mélissa : À la base, donc neuro « le système nerveux » et science « l’étude de », donc c’est l’étude du système nerveux. Le système nerveux comprend le système nerveux central, la moelle épinière, le cerveau et tous les nerfs que l’on a dans le corps.

Aujourd’hui, quand on en entend parler en entreprise, on va surtout parler des neurosciences cognitives, qui s’intéressent au fonctionnement de l’esprit, centré sur le cerveau. Et en fait on peut avoir beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup de disciplines, de déclinaisons de l’application des neurosciences en entreprise.

Quand je travaillais en innovation, on a travaillé sur l’intelligence émotionnelle, par exemple dans les environnements collaboratifs. Donc on est très loin, d’une certaine manière, de l’UX avec les principes de sciences cognitives qui permettent de s’assurer d’une bonne utilisabilité de l’interface.

On entend aujourd’hui parler de neuroscience en entreprise parce qu’il y a beaucoup d’applications. L’expérience utilisateur, concrètement, vient de là.

Aujourd’hui, on en entend beaucoup parler dans l’entreprise parce que c’est utile dans des champs donnés. Par exemple dans l’expérience utilisateur, concrètement ça vient de là. Don Norman, le papa de l’UX – qui a probablement déjà été évoqué chez vous – c’est un chercheur en sciences cognitives qui a amené chez Apple dans le début des années 90 les processus de sciences cognitives qui allaient être pertinents pour développer une expérience utilisateur.

Donc c’est important de parler des neurosciences, c’est intéressant de rappeler l’origine. Sans vouloir dire que les neurosciences font toute l’UX mais rappeler quand même que ça vient de là, pour sensibiliser les personnes qui ne sont pas familières avec l’UX et potentiellement sceptique que ça reste une approche qui se base quand même sur de la science.

Ensuite, on en entend beaucoup parler aussi parce qu’en entreprise, sur des tas d’enjeux actuels de management, de valeurs qu’on veut amener dans une entreprise, sur des environnements sains pour les collaborateurs, on va avoir des enjeux liés à l’intelligence émotionnelle pour des esprits collaboratifs, mais aussi à l’intelligence émotionnelle dans le leadership.

Parce qu’il y a Daniel Goleman, expert en intelligence émotionnelle et vraie référence dans le domaine qui, depuis une dizaine d’années, a pu démontrer que la différence entre un excellent leader et un bon leader, c’est l’intelligence émotionnelle pour l’excellent leader. Donc ça c’est intéressant aussi et donc forcément, ça suscite beaucoup d’intérêt sur le sujet.

Daniel Goldman a, depuis une dizaine d’années, démontré que la différence entre un bon et un excellent leader, c’est l’intelligence émotionnelle.

Et puis bien évidemment les questions de santé mentale qui ont été abordées pendant la pandémie, avec l’isolement, l’ompact que ça pouvait avoir pour les personnes qui travaillaient, donc je pense que c’est normal.

Au-delà de ça, c’est une science qui est relativement récente par rapport à beaucoup d’autres et qui est un outil ultra puissant.

Benoit : Un autre terme que l’on entend beaucoup actuellement, c’est celui de biais cognitifs. Est ce que tu pourrais faire preuve de pédagogie pour expliquer ce que sont les biais cognitifs, pour que nos auditeurs comprennent bien de quoi il en retourne ?

Mélissa : Alors oui, les biais cognitifs, on en entend beaucoup parler. C’est d’autant plus important de les comprendre parce qu’on a aujourd’hui des charges énormes d’information et que les biais cognitifs vont d’autant plus se manifester quand on a ces surcharges d’information.

Au départ, un biais cognitif est juste un raccourci que prend le cerveau pour traiter l’information le plus vite possible.

Un biais cognitif à la base, c’est juste un raccourci que prend le cerveau pour traiter l’information le plus vite possible. Donc dans la vaste majorité du temps dans la vie, c’est pertinent, c’est ce qui nous permet de garder de l’énergie cognitive à faire des choses plus importantes. Mais aujourd’hui, il se peut que, notamment quand on raisonne sur des informations, ce ne soit pas toujours précis.

Un des biais dont on entendra beaucoup parler aujourd’hui, c’est le biais que l’on appelle de disponibilité. Le biais de disponibilité, c’est le biais qui consiste à ne se baser que sur des informations qui sont rapidement disponibles dans notre cerveau pour faire un raisonnement général sur une situation, une idée, la manière dont on se représente quelque chose, son fonctionnement dans la vie sociétale notamment. C’est ce qu’on appelle le biais de disponibilité.

Et c’est important de se rendre compte de ce biais là parce qu’en fait, concrètement, les informations qui vont être disponibles dans le cerveau quand on est en surcharge ça va être des informations qui vont soit être récentes et/ou avoir une charge émotionnelle forte. C’est à dire que ça ne va pas forcément être des informations qui relèvent d’une réalité statistique mais plus le dernier truc qui a fait le buzz ou le dernier truc dont on se rappelle.

Le biais de disponibilité par exemple consiste à ne se baser que sur des informations qui sont rapidement disponibles dans notre cerveau pour se faire un raisonnement général sur une situation, une idée.

En général le dernier truc dont on se rappelle, vu que le cerveau se rappelle plus de ce qui a été chargé émotionnellement, ça peut être le dernier truc qui a fait le buzz. Puisque les buzz en général sont relativement choquants ou très drôles, mais en tout cas ils ont souvent une charge émotionnelle qui est leur est associée et c’est d’ailleurs ce qui ce qui leur permet de faire le buzz.

Typiquement récemment, il y a eu une vidéo qui a commencé à vraiment vraiment faire le buzz sur l’agression d’un homosexuel par un groupe de jeunes. Donc évidemment, c’est choquant, clairement je ne le remet pas en cause. Mais c’est une vidéo qui a pu être exploitée, notamment par des représentants politiques pour prendre cette vidéo en généralisant, en disant « voilà, ça c’est le symptôme de la société dans laquelle on est aujourd’hui ». Mais ce n’est pas nécessairement une réalité statistique.

Donc c’est ultra facile d’exploiter une vidéo qui choque tout le monde, que tout le monde a vu et de dire « Oh la la, regardez la France d’aujourd’hui, tout fout le camp ma bonne dame », sans forcément qui ait de réalité statistique derrière.

Donc ça, c’est quelque chose auquel il faut faire très attention parce que les connaissances en neurosciences ou en tout cas en techniques de communication sont maîtrisées par beaucoup de personnes qui ont des postes, des ambitions, en tout cas les moyens de pouvoir les appliquer.

C’est important qu’en tant que citoyen.ne nous soyons conscients de ces biais, afin de garder une pensée critique, souvent prise en otage.

C’est important je pense, en tant que citoyen du monde, de pouvoir être conscient de ses biais, de garder cette pensée critique qu’on nous prend en otage en exploitant de tels buzz, de telles représentations à charge émotionnelle pour nous faire changer la vision d’un monde qui n’est peut être pas aussi mauvais, aussi stressant, aussi insécurisant qu’il le faudrait.

Ces biais, c’est aussi quelque chose d’important pour les bulles de filtre dans lesquelles on évolue sur internet. Parce que quand on est dans ces bulles de filtres – c’est-à-dire le fait de ne pas se rendre compte que, quand on navigue à travers des applications ou des réseaux sociaux, on a des algorithmes qui font en sorte que les contenus qui nous sont exposés sont de plus en plus calqués sur nos intérêts – c’est important de se rendre compte que c’est aussi une réalité partielle qui nous est exposée, qui va nous mener à avoir des raisonnements qui vont être très différents, même d’amis qui peuvent nous sembler proches, parce qu’ils auront été dans une voie un peu différente par rapport à ces algorithmes.

Les biais et les bulles de filtres sont des concepts qu’il est important d’avoir en tête pour garder une tolérance envers les autres.

C’est important de l’avoir en tête pour garder un petit peu cette tolérance de l’autre, qui a pu être soumis à une réalité complètement différente, mais qui en fait n’est qu’une réalité partielle différente de notre réalité partielle à nous.

Guirec : Si je comprends bien tes mots – pour caricaturer – pour se prémunir de tels biais cognitifs, une personne de droite devrait lire la presse de gauche et vice versa ?

Mélissa : Complètement.

Guirec : Mais comment fait-on ça, comment on habitue notre cerveau à ça ? Pourquoi nous forcer finalement à aller contre notre nature ?

Mélissa : Ce n’est pas d’aller contre sa nature, c’est d’aller enrichir son point de vue, pour pouvoir argumenter. Argumenter ce n’est pas forcément être en conflit d’ailleurs. C’est justement en se mettant à la place de l’autre, en comprenant les idées qu’il souhaite porter, que tu peux aussi enrichir ton raisonnement. Moi j’ai une sensibilité de gauche, je ne vais pas vous le cacher, c’est comme ça, mais il y a quand même un intérêt à comprendre à quelle audience on a affaire.

Parce que c’est aussi important de ne pas dénigrer ce que vont chercher les gens dans un courant politique. Même si on n’est pas d’accord avec ce courant politique, même s’ il y a des techniques de communication qu’on peut trouver abjects, etc, c’est important de ne pas avoir un dédain vis à vis de l’audience.

Être attentif à d’autres idées, ce n’est pas aller contre sa nature, c’est enrichir son point de vue, pour pouvoir ensuite argumenter, sans être forcément en conflit.

Et ça passe aussi par comprendre le message qui est entendable, le message qui qui permet de faire en sorte qu’il y ait une adhésion et de faire un peu d’UX en gros ! Comprendre en fait quels sont leurs pain points (NDR : points de friction) ? Qu’est ce qu’ils vont chercher ? C’est quoi le problème qu’ils essayent de régler ?

Et d’être ensuite plus apte à argumenter ou en tout cas plus apte à caractériser ce qui fait que la gauche est la gauche ou la droite et la droite ou pas. Donc pour moi c’est s’enrichir.

Plutôt que d’être pour ou contre une idée, il faudrait mieux chercher à comprendre les autres. Quels sont leurs points de friction ? Quels problèmes essayent-ils de régler en adhérant à cette idée ?

Je peux comprendre qu’en termes d’atmosphère ou de forme, parfois, ce n’est pas attrayant, mais dans le fond je pense que ça reste quand même très intéressant.

Guirec : Je comprends mieux. (Rires)

Mélissa : (Rires) Non mais c’est important. Parce que c’est aussi ce qui fait qu’il ne faudrait pas que ça divise. C’est vrai qu’aujourd’hui, les informations qui sont portées sur des courants ou des idées sont énormément chargées d’émotions parce qu’ il faut bien aussi qu’elles se fassent une place dans cette espèce de saturation médiatique. Donc il faut faire le buzz, donc charge émotionnelle, donc on prend de plus en plus de distance avec les autres parce que forcément, on s’indigne d’un côté contre l’autre.

Aujourd’hui, les informations sont énormément chargées d’émotions parce qu’il faut qu’elles se fassent une place dans la saturation médiatique.

Mais je pense que c’est important de s’intéresser à ce qui est révélé par ça, plutôt qu’au résultat ou à l’effet. D’où ça vient et comment ?

Guirec : C’est ce que j’allais dire, pour reprendre l’exemple de la Presse. Finalement c’est vrai qu’on est surchargé d’infos, à l’extrême. On sait bien que les trois quarts n’ont pas une valeur importante dans nos vies, c’est plutôt l’inverse, ça nous prend du temps pour rien.

Est-ce que plutôt que de lire la presse de gauche quand on est de droite et inversement, est-ce que finalement il ne faudrait pas que l’on coupe tout ? Ça ne serait pas plus simple parfois ?

Mélissa : C’est intéressant ce que tu dis. Couper tout parce que ça prend trop de temps, je suis en partie d’accord avec toi. Parce qu’effectivement, suivre les chaînes d’infos non-stop, ça prend du temps. Mais lire, ça ne prend pas forcément plus de temps que ça. J’essaye de faire justement le pas en me coupant un peu des chaînes d’info et en allant plutôt lire. Et je pense qu’il y a justement une charge émotionnelle qui n’est pas la même, peut-être dû à la forme des mots, mais sans la musique à suspense « TIN TINLINDINTIN TINTIN, regardez la vidéo ! ».

Je pense que ça me permet de garder une certaine forme de recul et en fait, ça ne prend pas tant de temps que ça. Parce que ce qui se passe avec les chaînes d’info, c’est qu’elle essaye de vous garder engager. « Oui, ça arrive dans 2 minutes, dans 3 minutes », ça fait déjà un quart d’heure que j’attends et je ne sais toujours pas ce qui se passe.

Pour capitaliser sur ma charge cognitive, j’aurais plutôt tendance à aller lire la presse qu’à regarder les chaînes d’information.

Donc je ne sais pas ce qui prend le plus de temps, mais en tout cas, pour capitaliser sur sa charge cognitive, j’aurais plutôt tendance à aller lire, parce qu’un article ça prend 10 minutes, un quart d’heure. (Rires)

Guirec : Hmhm, c’est juste.

Benoit : Si on revient un petit peu sur le thème des technologies, on a l’impression que dès qu’une nouvelle technologie sort, cela amène des craintes et des critiques. On peut prendre l’exemple des jeux vidéo qui ont été beaucoup décriés, pointés du doigt comme étant par exemple une source de violence. 

Quelle serait ton explication concernant ces peurs liées à l’arrivée de nouvelles technologies ?

Mélissa : Pour ce qui est des jeux vidéo, ils sont toujours décriés. Et il faut savoir qui, en fait, décrit les jeux vidéo. Pas vraiment les joueurs mais plutôt, on va dire, des personnes qui pourraient représenter une génération qui ne maîtrise pas nécessairement les jeux vidéo ou qui ne la maîtrise plus.

Devant une nouvelle technologie, n’y a-t-il pas chez les réfractaires – qu’ils en soient conscients ou pas – une peur de quelque chose qui les dépasse ?

Donc certes, je pense qu’il y a une peur de l’inconnu et potentiellement d’un danger. Mais la question que je me pose, c’est n’y a -t-il pas finalement – qu’ils en soient conscients ou pas – une peur de quelque chose qui dépasse ces personnes qui décrient les nouvelles technologies ?

Dans le sens où l’on a une technologie qu’ils ne maîtrisent pas forcément mais aussi peut-être des libertés et des nouvelles formes de pouvoir qui sont détenus par des gens différents et qui redistribuent un peu les cartes, les chances.

Je pense qu’il y a plusieurs origines à cette peur, plusieurs facteurs qui se combinent différemment. Mais effectivement je pense qu’il y a quand même quelque chose qui n’est pas nécessairement due à la dangerosité de la technologie en question et qui, encore une fois, fait l’objet de buzz. Des Buzz qui ne sont pas toujours nécessairement conformes à une réalité statistique.

La peur des nouvelles technologie puise certainement aussi sa source dans le fait qu’elle ouvre des libertés, de nouvelles formes de pouvoir qui redistribuent un peu les cartes et les chances.

Si l’on prend l’exemple des jeux vidéo, oui il y a des jeux vidéo qui sont très violents, oui c’est important de respecter l’âge auquel il faut jouer à ces jeux là. Mais la démonstration des jeux vidéo qui rendent violent, je pense qu’il faut arrêter avec ça. Pourquoi, parce que déjà on parle de quels jeux vidéo ? Ce monde là est ultra vaste. Donc déjà quand une personnes dit « les jeux vidéo font ça… » en général, ce n’est pas forcément quelqu’un qui les connaît. Parce qu’il y en a des milliers et des milliers. Et c’est probablement d’ailleurs quelqu’un qui joue à des jeux vidéo sans le savoir, et ça c’est aussi très drôle.

Pour régler certains problèmes qui existent – et que je ne nie pas non plus – je pense qu’il faut comprendre ce que les gens viennent chercher. De la même manière qu’il faudrait lire une presse de droite si on est de gauche, etc, je pense qu’on a affaire à une expérience qui nous semble lointaine.

Il est important que plus de personnes qui jouent réellement au jeu vidéo s’expriment, notamment quand ces personnes ont fait l’expérience de problèmes. 

Mais je pense que c’est important d’avoir plus de personnes qui jouent réellement au jeu vidéo et notamment des personnes qui ont l’expérience de problèmes avec le jeux vidéo. Des personnes qui pourront témoigner de ce qu’ils ont été chercher, de ce qu’ils ont vécu, de ce qui s’est mal passé et de pourquoi. Plutôt qu’avoir des personnes qui réfutent tout en bloc, et qui en bon académiciens – au sens caricatural du terme, et ce n’est pas par mépris auprès des d’académiciens mais je voulais plutôt me représenter quelque chose d’un peu vieux, réactionnaire, patriarcale – vont aller tout disqualifier en bloc, sans comprendre.

Le nombre de personnes qui parlent des jeux vidéo, avec bien sûr des termes et du jargon scientifique pour asseoir leur crédibilité, mais qui finalement masque la misère d’une méconnaissance réelle des jeux vidéo, je pense qu’on peut en trouver quand même quelques uns. Sans cette attitude, on pourrait avoir un peu plus de recul.

Parce que si on veut régler les problèmes qui existent à travers un usage ou liés à une technologie, ce n’est pas en en allant tout disqualifier en bloc que l’on va y arriver. C’est impossible. Non seulement je ne veux pas nier le problème, mais je veux aussi faire partie des personnes, notamment comme Celia Hodent, qui indiquent qu’il faut d’abord comprendre « Mais c’est quoi l’expérience, en fait ? ».

Je veux faire partie des personnes, comme Celia Hodent, qui indiquent qu’il faut d’abord comprendre la nature même de l’expérience de jeu.

Parce que toute source de plaisirs de la vie peut amener une addiction. Donc quoi ? Parce qu’il y a des gens qui sont obèses, on ne fait plus de Pierre Hermé ? On ne fait plus de pâtisserie ? Parce que c’est ça concrètement.

Il faut comprendre dans quel contexte se crée une addiction et bien souvent, il y a quand même des contextes qui sont propices. Et ces contextes là ne sont pas forcément dus à la technologie. C’est pour ça qu’il faut comprendre ce que certains et certaines viennent chercher dans les jeux vidéo.

Il faut être capable d’avoir l’humilité de comprendre ce que les gens viennent chercher avant de disqualifier leurs propos en bloc.

Il y a quand même dans beaucoup de jeux, soit-disant addictifs – alors évidemment il faut faire attention à la définition de l’addiction – des dimensions sociales qui sont très fortes et qui, même si elles ne sont pas vues comme intéressantes par certains, peuvent apporter du soutien, de la valeur ajoutée à d’autres dans leur vie. Et il faut comprendre ça.

Il faut être capable d’avoir l’humilité de comprendre ce que les gens viennent chercher avant de disqualifier tout en bloc pour être sûr qu’on peut bien isoler, identifier le problème.

Guirec : Pour toi, c’est un jugement de valeur, une méconnaissance de l’autre ?

Mélissa : complètement.

Guirec : Avec tous les stéréotypes qu’il peut y avoir sur la représentation du joueur, un peu bedonnant, sans vie sociale, isolé, qui ne fait que jouer non-stop.

C’est quoi, c’est un manque d’empathie ? C’est vouloir taper, montrer du doigt ? Il y a quoi derrière cette vision, selon toi ?

Mélissa : Je pense en tout cas qu’en ne s’intéressant pas, on manque d’empathie, même si on en a au départ. L’empathie, simplement, c’est être avec l’autre, lui poser des questions, mais peut-être que là il faut aller un peu plus loin, s’intéresser vraiment à l’expérience. Essayer de jouer, essayer de voir « Alors vas-y, montre moi, c’est quoi le principe » mais ne pas dire « Mais je comprends pas qu’il passe une heure à regarder quelqu’un jouer sur Twitch, nan mais franchement ». Et bien si ! Parce qu’il se passe des choses, parce qu’en plus on peut interagir, parce qu’en plus on a les joueurs qui parlent. Il faut essayer de se dire « Si je regardais un événement sportif ou en fait j’avais Lionel Messi ou un grand sportif, capable de me parler, à qui je pourrais envoyer des like ou peu importe, des applaudissements, avec d’autres, et puis que cela est un impact sur le jeu ».

L’empathie, c’est être avec l’autre, lui poser des questions. Mais peut-être qu’il faut aller plus loin et s’intéresser vraiment à son expérience.

Il faut essayer de se représenter ça plutôt que directement dire « Je ne comprends pas ». Parce que forcément, si on n’aime pas le jeu, on ne comprend pas. Mais il faut essayer de faire la relation entre ce qui se passe dans cet univers et un environnement qui nous intéresse. Pour se rendre compte qu’en fait, c’est super interactif, c’est super cool, c’est super communautaire et que par ailleurs c’est une vraie expérience sociale.

C’est ça qu’il faut faire. Si on ne fait pas ça, oui on va manquer d’empathie même si on n’en a pas l’intention.

Et encore une fois, il y a aussi une peur liée au fait de donner des libertés – et peut être une forme de pouvoir – à des parties de la population qui ne sont pas censées en avoir.

Cette panique morale autour des nouvelles technologies, elle a existé pour la littérature, le cinéma, la télévision… et même le vélo !

Si on prend par exemple l’histoire de la « Bicycle Face », cette même crainte, cette même panique morale qu’il y a eu pour la littérature, pour le cinéma, pour la télévision, elle a aussi existé pour le vélo ! Parce qu’on ne voulait pas que les femmes fassent du vélo, parce qu’elles auraient eu une « Bicycle Face », c’est-à-dire un « visage vélo », avec des joues qui tombent et des cernes. En fait c’est quoi l’origine ? C’est la peur.

Déjà la peur qu’elles aient les joues qui tombent… Enfin bon bref, on a déjà affaire à des idéologies, on va dire, pas nécessairement dans l’air du temps, pour être pour être sympa. Mais au-delà de ça, c’était oublier la liberté de déplacement que ça pouvait offrir à des femmes qui n’avaient pas nécessairement leur véhicule, donc voilà.

Il faut comprendre aussi qu’il y a cette peur là, cette peur de redistribuer des cartes. Je pense que cette peur là est très forte. J’en parlais à mon père et il me disait « Mais c’était pareil avec le rock n’roll ! ». Je n’y avais même pas pensé. C’était pareil avec le rock n roll. Ça faisait peur, on ne comprenait pas, c’était différent, il y avait une forme d’intérêt qui était nouveau, qui ne concernait pas ceux qui avaient peur du rock rock’n’roll.

C’est humain d’avoir peur de l’inconnu, peur de redistribuer des privilèges quand on en a. Mais ces privilèges, il va falloir apprendre à les partager.

Je pense que c’est humain pour beaucoup d’avoir peur de l’inconnu et d’avoir peur de redistribuer des privilèges quand on en a. Et du coup ça veut dire qu’il va falloir à un moment les partager un petit peu. (Rires)

Benoit : Très bien ! Sans transition, est-ce que tu aurais un processus d’amélioration personnelle que tu souhaiterais échanger avec nous, tes astuces de vie ?

Mélissa : Cette question, c’est vraiment comme si j’étais une diva ou un gourou, ce qui n’est pas le cas, je tiens à rassurer tout le monde !

Benoit : (Rires)

Mélissa : C’est vrai que j’essaye un peu de me détacher du sensationnel. Donc typiquement les chaînes d’info, c’est vrai que j’essaye de ne pas trop passer du temps dessus. Ce qui est pratique en ce moment parce que je n’ai pas encore la télé québécoise (rires) mais même sans ça, j’essaye plutôt de lire les informations. Ça ne veut pas dire me détacher de l’information mais des chaînes d’info à la télévision qui, encore une fois, prennent beaucoup de temps. Et puis avec leurs musiques tonitruantes, c’est digne des playlists que je mets pour aller courir. Donc j’essaie un petit peu de me détacher de cette stimulation qui ne m’apporte pas forcément beaucoup de valeurs et pas forcément beaucoup d’informations valables par rapport au temps imparti, en comparaison à la lecture d’infos sur la presse digitale ou papier, c’est très bien.

J’essaye au quotidien de me détacher du sensationnel, de cette sur-stimulation qui ne m’apporte pas forcément beaucoup.

Et le week-end, je me déconnecte complètement. Le week-end c’est vrai que je ne suis pas sûr d’être au courant qu’il y ait un attentat, non. Parce que je me déconnecte complètement. Et puis, c’est aussi important chez soi d’être un peu plus dans le calme. De manière concrète, je suis sur les écrans toute la semaine, toute la journée, donc j’essaye de me déconnecter quand j’ai fini de travailler. Je vais un peu sur mon portable, mais j’essaye d’avoir des temps calmes voilà (rires).

Benoit : Tu connais très bien le fonctionnement du cerveau, ses limitations et ses biais. Quels conseils pourrais-tu donner, alors que le télétravail a beaucoup changé la frontière entre vie professionnelle et vie privée, pour se prémunir des inconvénients de ce nouveau quotidien ?

Mélissa : C’est vrai que si on est dans la même pièce, en fonction de l’espace qu’on a, il y a quand même des contraintes. Moi j’essaie de changer le décor, d’une certaine manière, entre le travail et le perso. Ça peut être aussi bête que de ne pas être tournée du même côté quand je travaille et quand je ne travaille pas, même si je le fais dans la même pièce, par exemple. Donc oui, changer de décor, peut être que si quelqu’un a une affiche, enlever l’affiche, la remettre, ça peut être aussi bête que ça. Ça peut être changer de lumière aussi. Là on arrive en hiver donc ça peut être changer de lumière ou changer la place de la lumière.

Le cerveau est très attaché à l’espace pour caractériser une expérience, c’est important.

Donc c’est vraiment être capable de différencier les contextes. Pour moi, c’est important, c’est important mentalement et pour le cerveau c’est important. Le cerveau est très attaché à l’espace pour caractériser une expérience, donc c’est important.

S’accorder des pauses, bien évidemment. Mais là, c’est de la santé physique et mentale, évidemment, s’accorder des pauses. Et c’est vrai que l’on tombe vite dans le piège quand on est en télétravail, parce qu’on peut enchaîner, on n’a pas à aller d’un étage à un autre, donc on enchaîne. Donc se mettre des pause, bloquer du temps, ça peut être 5 minutes, 10 minutes, mais au moins de se débloquer. Moi je mets des timers sur mon téléphone, pour me faire des pauses 5 minutes, 10 minutes… 3 heures… Nan je plaisante (rires).

Benoit : (Rires)

Mélissa : Donc faire des pauses, aller dehors. Parce que la lumière bleue c’est bien, mais la lumière du jour, c’est bien aussi. Là en plus encore une fois, on arrive en hiver, donc si pendant 5 minutes on va marcher dehors, non seulement on a la lumière mais en plus on va s’oxygéner. L’oxygène c’est un peu le fuel du cerveau avec le sucre. Donc pas forcément manger des bonbons parce qu’en général on a assez de sucre, mais en tout cas s’oxygéner. L’effort physique ça oxygène aussi.

Avec le sucre, l’oxygène est un peu le fuel du cerveau. Nous avons en général assez de sucre dans notre organisme mais il faut s’oxygéner régulièrement.

Et bien dormir. Bien. Dormir. Bien. Dormir. Et là encore la lumière bleue, c’est compliqué. C’est facile de dire « Oui on arrête les écrans trois heures avant de dormir ». Sauf que si on a envie de regarder une série, c’est un challenge. Après on peut aussi trouver des idées et des moyens de contourner ça.

Moi là par exemple, j’ai des lunettes anti lumière bleue. Donc la correction est vraiment minime, par contre le filtre à lumière bleue est ultra fort. Il y a certains opticiens qui peuvent vous montrer, avec une petite lampe qui envoie une lumière bleue, à quel point ça filtre. C’est-à-dire qu’après, il n’y a pas grand chose qui passe. Donc oui, si vous avez l’opportunité de refaire vos lunettes, c’est vraiment quelque chose qui n’est pas négligeable du tout, du tout, du tout, du tout.

Parce que ça a un vrai impact sur le sommeil, la lumière bleue. Tout le monde peut lire les articles, mais en gros la lumière bleue va avoir un impact sur la sécrétion de mélatonine qui règle nos rythmes circadiens (donc jour/nuit).

La lumière bleue a un vrai impact sur le sommeil, sur la sécrétion de mélatonine qui règle nos rythmes circadiens.

Donc si on est trop tard devant un écran, on aura du mal à tomber dans une phase de sommeil. Évidemment, on recommanderait d’arrêter les écrans avant, pour pouvoir rentrer dans sa phase sommeil, sauf que par rapport aux usages d’aujourd’hui, ça peut être un petit peu compliqué. Je pense à des étudiants qui veulent réviser et qui sont en cours toute la journée, ils ne vont peut être pas arrêter les écrans. Ils ne peuvent pas tout imprimer non plus. Il faut arrêter de rêver. Donc voilà s’il peut y avoir ces filtres là, ça peut aider.

Benoit : Super, on te remercie, ce sont des conseils très concrets qu’on peut chacun appliquer chez nous. Changer de décor, changer la lumière autour de nous et se prémunir au maximum de la lumière bleue.

Mélissa: Oui. Et puis CNEWS avec modération. (rires)

Benoit : Oui ! (rires)

Guirec : On avait cru comprendre !

Benoit : (Rires)

Guirec : Je te laisse le mot de la fin Benoit ?

Benoit : Sauf si tu souhaitais ajouter encore quelque chose Mélissa ? Si il y avait encore une petite expérience que tu voulais nous livrer ?

Mélissa : Non, mais ce dont on a parlé tout à l’heure était intéressant. Là je le disais pour plaisanter « CNEWS avec modération », mais il faut multiplier les points de vue. Ce que je veux dire par là, c’est que même si je ne fais pas partie de l’audience type, des fois ça m’intéresse. Ça m’intéresse d’aller voir ce qui se passe pour justement être capable soit d’enrichir un argument ou soit de comprendre aussi ce que vivent d’autres.

Il faut multiplier les points de vue, s’intéresser pour être capable d’enrichir un argument et/ou de comprendre ce que vivent les autres.

C’est important parce qu’il faut qu’on puisse débattre avec des gens qui ne sont pas d’accord avec nous. Et je pense que ça devient de plus en plus difficile de le faire.

Je ne sais pas si vous avez eu dans votre entourage des gens qui ont coupé les ponts pendant la pandémie, parce que quelqu’un a posté un truc anti-vaccin ou autre. Dans mon entourage, j’ai eu des membres de ma famille qui ont coupé les ponts avec d’autres, deux amis dont j’ai appris qu’ils ne se parlaient plus aussi à cause de posts, des choses comme ça.

C’est important de faire l’effort d’aller comprendre la réalité de l’autre. Il faut se faire confiance.

Je pense que c’est important de faire l’effort d’aller comprendre la réalité de l’autre. On gagnera à nous enrichir nous-mêmes. Il faut se faire confiance. Il faut se faire confiance, quoi.

Benoit : Je pense que ce sont de très belles paroles et de très beaux conseils que tu nous donnes pour finir ce podcast.

Guirec : Tout à fait, merci Mélissa.

Mélissa : Merci beaucoup !

Benoit : Merci beaucoup Mélissa !

Mélissa : À bientôt !

Benoit : De notre côté n’oubliez pas que Salut les Designers est dorénavant un rendez-vous mensuel. On se retrouve donc dès le mois prochain avec un ou une nouvelle invité.e !

N’oubliez pas non plus que vous pouvez à présent vous abonner à la newsletter du podcast sur le site salutlesdesigners.lunaweb.fr pour retrouver l’ensemble des ressources de nos épisodes, les tips et conseils de nos invité.e.s.

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À bientôt.

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