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SLD #15 - Marie Dehayes, Design Advisor chez Sésame

SLD #15 - Marie Dehayes, Design Advisor chez Sésame 

Aujourd’hui dans cet épisode N°15, nous avons le plaisir de recevoir Marie Dehayes, Design Advisor chez Sésame. Elle nous parle, entre autres, de brand design et de son importance dans le développement des futures licornes !

Publié le 08 juillet 2021

Marie Dehayes, Design Adviso

De Viadeo à Alan en passant par Swile, Marie s’est fait une spécialité d’accompagner les start-ups dans le développement de leurs produits et surtout de leur identité de marque, du concept aux premières scales. Aujourd’hui, elle est Design Advisor chez Sésame.

Vous découvrirez dans cet épisode comment Marie a su affiner ses valeurs et ses expertises pour mieux comprendre les enjeux autour de l’émergence du brand design et son importance dans le développement des futures licornes ! Et comment, aujourd’hui, la connaissance de son métier l’aide à s’entourer des bons professionnels.

Bonne écoute !

La transcription de l’épisode

Damien : Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce nouvel épisode de Salut les Designers, le podcast de l’agence LunaWeb. Je suis Damien et aujourd’hui, je suis avec Alizée. Bonjour Alizée !

Alizée : Salut Damien.

D : On se retrouve aujourd’hui pour un épisode tout beau, tout neuf, après une petite pause forcée et on a la chance de recevoir aujourd’hui Marie Dehayes, qui est Design Advisor chez Sésame.

On remercie au passage Guillaume Genest de UserTales, qui nous accompagne techniquement désormais à la création de nos épisodes.

Et donc bonjour Marie, comment vas-tu ?

Marie : Hello tout le monde, je vais très bien et vous ?

Alizée et Damien : Ça va, merci ! 

Damien : Merci de nous avoir rejoint aujourd’hui. Est ce que tu veux bien commencer par te présenter en quelques mots, s’il te plait ?  

Marie : Oui, avec plaisir. Merci de m’avoir invité et de pouvoir échanger ensemble pendant quelques instants. Je m’appelle Marie Dehayes, j’habite actuellement à Bordeaux après un passage à Paris et je suis Design Advisor chez Sésame, après un parcours assez vaste et assez varié entre des start-ups, l’entreprenariat et puis quelques activités à droite à gauche.

Alizée : Ton parcours est vraiment complet et varié. Pour ma part je te suis depuis de nombreuses années maintenant sur Twitter et à travers tes articles sur Médium qui sont passionnants. Ça peut peut-être intéresser d’ailleurs plusieurs de nos auditeurs, je pense.

Tu as eu plusieurs vies en tant que designer, de la créatrice de bijoux au rôle de Lead Brand Designer chez Alan, en passant par le management d’une équipe de designers chez Viadeo et une expérience de Head of Design chez Swile, à l’époque Lunchr.

Aujourd’hui, tu as lancé ton propre studio en tant que Design Advisor avec Sésame. Est ce que tu peux nous raconter ton parcours ?  

Marie : Oui, avec plaisir. Effectivement, je suis passé dans de très belles entreprises, de très belles start-ups comme Viadeo, Swile, puis récemment Alan. Et j’ai eu la chance de pouvoir vivre des stades de maturité assez différents, de la création d’une entreprise sur le coin d’une table, dans un restaurant ou un café, jusqu’à la préparation des scales (NdR : les étapes visant à faire grandir la structure à travers des fonctionnalités et des levées de fond), et donc toutes les levées de fonds et toutes l’excitation qu’il peut y avoir autour. Et j’ai accompagné ces start-ups à grandir et à grossir.

J’ai eu la chance de pouvoir vivre des stades de maturité de startup assez différents, de la création sur un coin de table à la préparation des scales.

Et je suis partie récemment, en septembre dernier, de chez Alan, où j’ai vécu une expérience hyper intéressante, palpitante, très très forte et très enrichissante également, on aura peut-être l’occasion d’y revenir un peu plus tard, parce que je me suis rendu compte tout simplement que les environnements de scale n’étaient pas vraiment ce qui me faisait vibrer.

J’étais plutôt à l’aise dans des environnements d’exploration, d’amorçage, de création où je ressens un peu plus de challenge et de vibrations. Donc, une fois que mon aventure est passée, j’ai laissé la place avec plaisir et j’ai lancé Sésame.

Damien : On va reparler tout de suite de ton expérience actuelle de Design Advisor, mais je me permets de revenir un tout petit peu en arrière.

Comment se sont passées tes rencontres avec tes précédents employeurs ? Comment est-ce qu’ils sont tombés sur ton profil ? Est ce que tu peux nous raconter ça ?

Marie : Alors sans prétention je ne suis pas allé les voir (rires). Je pense que le métier de designer depuis quelques années est assez recherché, surtout sur des postes seniors. Donc, j’ai eu la chance d’avoir été chassé pour mes trois dernières expériences Viadeo, Swile et Alan et je les remercie tous parce que ça a été des aventures vraiment formidables.

Je suis une exploratrice, j’aime faire les démarrages de projets et ce qui me caractérise c’est le fait de sortir systématiquement de mon scope.

Pourquoi ils m’ont démarché ? Je pense qu’effectivement, j’ai un profil assez couteau suisse, assez touche à tout, finalement. Sans pour autant être un mouton à cinq pattes, j’ai un profil à mi-chemin entre la brand (NdR : l’univers éditorial de la marque) et le product, donc, ça facilite les interactions entre les deux team.

Je suis également une exploratrice, je mets les mains dans le cambouis, j’aime faire des démarrages de projets et ce qui me caractérise, c’est que je sors systématiquement de mon scope. C’est à dire que je suis designer sur le papier, mais au final, je vais challenger le produit, je vais challenger le marketing, je vais faire beaucoup plus de tâches que celles qui m’incombent.

Chez Lunchr par exemple, j’ai été jusqu’à rechercher des locaux et participer à la décoration des bureaux au démarrage. Parce que quand il n’y a personne, il faut bien que quelqu’un le fasse. Donc ça a été un plaisir de participer à tout ça.

Au-delà de ça, j’aime aussi surprendre les utilisateurs et c’est quelque chose que je vends dans mon expérience et mes expertises. Ce côté delight (NdR : Plaisir en anglais) qui est pour moi important et qui ne devrait pas juste être lié au fait d’être designer mais qui devrait faire partie d’un mindset (NdR : manière de configurer sa pensée). Donc, je pense que c’est ça, potentiellement, qui peut aussi séduire un potentiel recruteur.

Alizée : Aujourd’hui, tu te définis comme Design Advisor. Est ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur ce rôle ?

Marie : Oui, bien sûr. Aujourd’hui Design Advisor, c’est avant tout une réflexion sur le fait que la carrière de designer évolue énormément au fil des années. On peut le voir sur le Product Design depuis une dizaine d’années et j’étais arrivée à un stade où je n’arrivais plus à prendre du plaisir à produire au sein de feature team, de squad, de crew (NdR : ensemble de groupes spécifiques de travail au sein de start-ups).

Être intégrée au sein d’équipe dans des challenges, des road map et de devoir shipper régulièrement de la feature (NdR : ajouter de nouvelles fonctionnalités à un produit, un service), c’est très intéressant, mais j’étais arrivée un peu au bout de ça et je n’arrivais plus à prendre du plaisir, à être stimulée, j’avais besoin d’autre chose. Je pensais que j’avais d’autres choses à apporter et ce rôle là ne me permettait plus forcément de le faire.

Je n’avais pas non plus envie de retourner Head of Design, et aller manager des équipes parce que je voulais pouvoir potentiellement changer de client plus régulièrement et avoir des expériences plus variées dans différentes start-ups. Quand on s’engage dans une entreprise en Head of, on change pas tous les six mois (rires).

Devenir Design Advisor, c’est avant tout le constat que la carrière de designer évolue énormément au fil des années.

Du coup, j’ai monté Sésame un petit peu dans cette optique là. L’objectif aujourd’hui, c’est de pouvoir accompagner les start-ups, aussi bien les CEO que les équipes design ou les designers juniors en place. On a une offre assez variée chez Sésame, sur la brand, le produit, mais on fait également du coaching grâce à cette posture de conseil et d’advisor.

L’objectif c’est d’être une caisse de résonance pour les équipes, pour qu’elles puissent aussi se rassurer quand elles prennent des décisions, surtout pour les petites start-ups qui démarrent. Souvent, elles n’ont pas l’opportunité de recruter des profils seniors pour chaque type de profil métier. Donc je viens pour compléter des postes qu’elles ne pourraient pas recruter immédiatement. Je viens là pour donner des conseils, je suis là pour les aider à nourrir leur réflexion. Pas vraiment pour leur dire ce qu’il faut faire, mais plutôt pour être un miroir et leur refléter certaines choses pour que ça puisse résonner en eux et qu’ils puissent avancer dans leurs réflexions. Voilà comment je vois les choses.

L’objectif de Sésame est d’être une caisse de résonance pour les équipes design, les rassurer quand elles prennent des décisions.

Bien sûr je leur donne des retours d’expérience concrets, des choses que j’ai pu vivre par le passé. Je viens alimenter comme ça leurs réflexions. Donc sur la partie consulting pur, conseil, voilà en gros ce que je propose. Et puis, en plus de ça, on a augmenté la proposition de valeur en montant une équipe chez Sésame. Je ne suis pas toute seule et aujourd’hui je suis accompagnée de plusieurs designers.

Donc, brand, product, motion, illustration, des designers qui viennent travailler et nous accompagner sur les start-ups. Sur l’accompagnement pour de l’identité de marque, beaucoup, des créations, du relifting de brand, de la brand identity, du brand design. C’est très très varié et on fonctionne aujourd’hui comme un collectif.

Ça fait à peu près deux mois qu’on est lancé, donc c’est tout frais mais c’est très très excitant et très challengeant.

Alizée : En fait tu leur permets de prendre un peu de hauteur sur leurs produits ou sur leur marque pour qu’ils arrivent à se projeter et à avancer quelque part ?

Marie : Exactement. Beaucoup de CEO ont en tête que la brand est importante, mais ils ne savent pas forcément par où commencer ou comment faire parce qu’ils ne sont pas issus de profils qui ont ce genre de compétences là. Donc ils ont bien conscience qu’il faut faire quelque chose, mais ils ne savent pas trop par où commencer.

Une start-up n’a pas besoin de bâtir tout de suite une plateforme de marque de A à Z. Par contre, elle doit avoir une première base solide et crédible pour séduire les utilisateurs et les investisseurs.

Et donc, Sésame vient les aider dans cette démarche. On propose un accompagnement sur le Minimum Lovable Brand, qui est l’équivalent d’un MVP produit (NdR : L’ensemble des fonctionnalités de base dont un produit ou un service à besoin pour être commercialisable) mais appliqué sur de la brand.

Parce que quand on est une start-up, on n’a pas besoin de bâtir une plateforme de marque de A à Z alors que potentiellement, dans 6 mois, il y aura un pivot, une levée, etc. Par contre, ils vont avoir besoin d’une première base solide et crédible pour justement les levées de fonds, soutenir la croissance, séduire des utilisateurs. C’est là où Sésame va intervenir.

Damien : On a vraiment l’impression, à travers ce que tu dis, qu’il y a une sorte d’épanouissement personnel dans ta façon d’aborder le design. En tout cas, c’est l’impression que ça donne et ça donne envie (rires).

Tu parles d’accompagnement de start-up, où tu vas apporter à de nouvelles entreprises ce que tu as appris par le passé. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur les méthodes que tu mets en place pour les aider ? Comment ça se goupille ?

Marie : Alors les méthodes, je suis toujours en test and learn parce que je n’ai pas la science infuse (rires). Malgré la posture de conseil, je suis ravie d’apprendre aussi, en même temps que je fais. J’essaie d’insuffler certains principes, une certaine vision que j’ai de la brand ou même du produit de manière générale, parce que pour moi les deux sont intimement liés et je parle avant tout d’expérience, donc de manière très très globale. Pour moi, chaque fois qu’il y a une interaction avec une marque ou un produit, il faut que l’expérience soit à la hauteur.

Une startup a aussi la mission de devoir partager certaines valeurs fortes pour s’inscrire dans un écosystème inspirant.

Et donc pour ça je vais leur demander de presque construire ces principes-là aussi en interne, qui sont de dépasser les besoins des utilisateurs, de ne pas juste cocher les cases que l’on doit cocher mais de bâtir de la confiance. Parce que c’est hyper important, dès le démarrage d’une entreprise, de bâtir une confiance avec une potentielle communauté ou ses utilisateurs.

Je parle également d’un partage de valeurs qui est au-delà même de l’identité de marque mais des valeurs fortes.

Pour moi, une startup a aussi cette mission là de devoir partager certaines valeurs pour s’inscrire dans un écosystème et être inspirant, pouvoir recruter certains talents, de porter une mission, etc. Je vais les aider à élever l’expérience de manière générale, aussi bien sur le produit que sur la brand. Cela passe par plein de problématiques très vastes mais l’objectif c’est de les level-up (NdR : augmenter leur niveau de qualité) et qu’ils passent un cran supérieur.

Et tout ça pour le faire je pense qu’il faut être simplement honnête et authentique. On parle souvent de transparence dans les start-up et notamment chez Alan lors de ma dernière expérience. Pour moi, c’est une valeur très très forte de pousser la transparence à l’extrême et Alan me l’a très bien appris. Ça demande un effort d’être transparent, parce que ça montre des potentielles vulnérabilités. Ça montre des choses qu’on n’a pas forcément envie de montrer. Ça oblige à communiquer d’une certaine façon, ce n’est pas forcément évident. Donc, j’essaie aussi d’insuffler ça dans ma façon de travailler.

L’authenticité me tient énormément à cœur. Il faut raconter une histoire qui soit réelle, pas juste inventée à des fins marketing.

L’authenticité aussi me tient énormément à coeur, de rester soi et de ne pas aller prendre la grosse tête, de pas s’imaginer des choses et de raconter une histoire qui soit réelle et pas juste inventée pour des fins marketing. Voilà, en gros les grands principes que j’essaie d’avoir au quotidien et avec mes collaborateurs.

Dans les façons de travailler, pour être un peu plus concrète, sur le produit sans surprise on utilise les méthodes de product et design thinking, avec le double diamant et le framing, le making, etc. que je pense tout le monde connaît. On s’appuie également sur la méthode du MVP, comme je l’ai évoqué tout à l’heure. Beaucoup de test and learn.

Il ne faut pas avoir peur d’essayer d’itérer, d’échouer et de recommencer. Et même en tant que prestataire, je pense que c’est important de garder cette flexibilité et cette souplesse avec ses clients. Voilà en gros comment ça se passe aujourd’hui.

Alizée : Trop bien, c’est hyper inspirant en tout cas.

On a l’impression que partout où tu passes, tu mets un peu de magie. Tu redors des identités, tu vas simplifier des interfaces parfois, tu vas les rendre beaucoup plus mémorables.

Je voulais savoir d’où tu tires ton inspiration lors des phases de recherche et de conception ?

Marie : Merci déjà pour le compliment parce que le fait que ça se ressente déjà, c’est énorme et ça me touche beaucoup, donc merci.

L’histoire de la magie, ça fait partie de moi en fait et de ce que je suis. Et pour ne rien vous cacher, quand j’ai lancé Sésame, je ne l’ai pas lancée au hasard.

Entre Alan et Sésame, j’ai eu un accompagnement avec le cabinet Chance, qui fait du coaching en ligne, du bilan de compétences de manière très moderne et très accessible. Et ça a été une véritable introspection qui m’a permis de faire le point sur mon métier, ou est-ce que j’en étais, qu’est-ce que je voulais faire, plus faire, et potentiellement les rêves que j’avais oublié ou que j’avais mis de côté pour plein de raisons.

Je tire l’inspiration d’abord de qui je suis, de ce que je ressens, de mes propres émotions et de ma façon d’être.

Et Sésame est né de ça en fait, est né de cette introspection et de cette envie de vouloir faire ressentir des choses aux gens. Le Covid a énormément aidé, on ne va pas se mentir, avec ces moments où chacun je pense s’est recentré intimement. L’inspiration, je la tire d’abord de ce que je suis, de ce que je ressens, de mes propres émotions et de ma façon d’être, là où je veux aller, là où je veux emmener les choses et les gens.

Et ensuite, de manière plus pragmatique, je suis quelqu’un de très intuitif et j’ai ce que j’appelle des antennes, mais pour tout.

C’est-à-dire que je suis en alerte systématique sur tout ce qui se passe au quotidien et ça va venir nourrir ma pensée créative. Donc, ça va être mon entourage proche, ça va être les apps et les outils que je vais utiliser au quotidien, ça va être le monde de la publicité qui est quand même vaste. Ça va être la mode, la décoration, tous les sujets lifestyle qui existent aujourd’hui et qui sont énormément nourris en plus par les interfaces sur Internet. Le print qui revient un peu plus en force depuis quelques temps et qui est une superbe source d’inspiration.

Pour moi tout est design, tout est expérience et finalement tout est émotion. Il faut juste savoir le regarder sous un autre angle.

Je vais faire du benchmark comme tous les designer j’espère, sur Dribbble, Behance, les portfolios des designers que je vais croiser pendant des process de recrutement, des case study que je fais passer, beaucoup d’articles medium, Twitter, Instagram, tous les réseaux sociaux.

Il y a eu une petite pause mais également beaucoup de veille sur les musées. Les films, les séries et tout ce qui est dans ces univers cinématographiques que j’apprécie beaucoup.

Pour moi en fait, tout est design, tout est expérience et finalement tout est émotion. Il faut juste savoir le regarder sous un autre angle et c’est comme ça que je fonctionne depuis toujours. Et pour l’instant, ça a plutôt bien marché, donc je vais continuer (rires).

Alizée : Je crois aussi (rires).

Damien : Merci ! Si on revient un peu sur ton parcours – on est allé un peu fouiner forcément – on sait que tu as eu une époque de pause dans le design web avec l’épisode Secret Velvet.

Tu parles d’un besoin de revenir aux sources à la fin de cet épisode, de choses qui t’ont manqué. Qu’est ce qui t’a le plus manqué et pourquoi est-ce que ça t’a manqué ?

Marie : Pour remettre un tout petit peu de contexte, c’était une marque de bijoux gourmands. J’ai créé cette tendance, j’ai créé une espèce de niche à l’époque. D’abord sur un site e-commerce et ensuite une boutique en ligne pendant quatre ans. J’ai conçu, vendu et créé tout un univers plutôt très très sympa pour moi, c’était une expérience très enrichissante.

Mais au bout de quatre ans ou j’avais vraiment tout fait sans avoir de notion d’entrepreneuriat j’ai effectivement eu ce besoin de revenir aux sources, sur le design web, parce que j’avais un manque d’impact et d’utilité.

Dans le sens où vendre des bijoux, c’est très cool, ça fait plaisir, c’est un cadeau, c’est un petit plaisir qu’on va s’offrir, mais y’a pas vraiment autre chose derrière. C’est assez superficiel, assez futile et j’avais besoin de sentir un impact un peu plus fort dans ce que je créais et ce que je faisais. Donc, j’ai décidé de revendre le pas de porte et puis j’ai arrêté la production et l’aventure s’est terminée comme ça.

Au bout de quatre ans de Secret Velvet j’ai eu ce besoin de revenir aux sources, parce que je ressentais un manque d’impact et d’utilité.

J’avais aussi besoin de me faire challenger sur certaines choses, de travailler à nouveau en équipe parce que j’étais toute seule pendant 4 ans. De continuer à apprendre, même si dans cette expérience, j’avais appris beaucoup de choses, mais plutôt sur la gestion de site e-commerce, la transaction client, etc. Voilà, je pense que c’est pas mal de petites raisons qui m’ont poussé à revenir dans le Web.

Alizée : Je reviens un petit peu sur la question précédente ou tu parles de tout ce qui t’inspire au quotidien, les musées, les réseaux, les séries, etc. 

Est-ce que tu aurais en tête un événement, une rencontre, une lecture ou une prise de conscience qui t’a fait un jour devenir une meilleure designer ?

Marie : Alors meilleure designer je ne sais pas (rires)…

Alizée : (Rires) Qui t’as marqué.

Marie : En tout cas, qui m’a impactée ou influencée, oui j’en ai, j’en ai plusieurs.

J’ai été faire une conférence à Budapest il y a quelques années maintenant et j’ai assisté à une conférence de Joel Marsh, et même si aujourd’hui je ne me souviens pas du contenu de la conférence, je me souviens de ce qu’il m’avait fait ressentir pendant cette conférence et qui m’avait poussé à vouloir davantage me documenter, à vouloir continuer à me former, à aller échanger avec des pairs, etc. Donc, ça a été un élément déclencheur dans ma carrière de design, je m’en rappelle.

J’ai également eu une prise de conscience pendant cette introspection personnelle avec Chance, dont je vous ai parlé tout à l’heure.

J’ai eu également des rencontres dans les start-up que j’ai accompagnées, notamment chez Alan. Édouard Wautier qui est le Head of Design chez Alan aujourd’hui, m’a aidé à relativiser sur énormément de choses et finalement de se dire que rien n’était grave.

J’ai appris à relativiser en me disant que je n’étais pas irremplaçable, qu’on pouvait jeter mon travail du jour au lendemain et que ce n’était pas grave en fait, c’était ok.

Je pense que c’est quelque chose d’important pour un designer. On a peut-être tous ce biais de mettre un peu trop de soi dans le design, pas forcément de l’ego, mais plutôt de l’investissement personnel. Parce que quand on design, c’est un peu comme un investissement, on met du temps et de la créativité. Et j’ai appris à relativiser en me disant que ce n’était pas grave, je n’était pas irremplaçable, mon travail, on pouvait le jeter du jour au lendemain et ce n’était pas grave en fait, c’était ok. Et ça m’a débloqué pas mal de choses dans mon esprit. C’est arrivé assez tardivement mine de rien, mais je le remercie pour ça parce que c’était une bonne prise de conscience.

Sous un tout autre sujet, chez Swile cette fois ci, ça a été une rencontre plutôt avec les développeurs avec qui je travaillais étroitement.

Il faut savoir que chez Swile à l’époque, peut-être que ça a changé aujourd’hui, mais il n’y avait pas de produit en termes métiers. Il n’y avait pas de product manager, il n’y avait pas de product owner, il n’y avait pas de chief product officer. Le produit était fabriqué par les product designers en relation avec les développeurs. Et donc, du coup, on s’est fait énormément de nœuds au cerveau à essayer de résoudre des problèmes sur un secteur qui était quand même assez vieux, celui des titres restaurant.

Et le fait d’être challengé par des ingénieurs et des personnes qui ont un mindset complètement différent d’un créatif c’était déroutant, mais j’ai appris énormément et ça m’a aidé dans ma carrière à voir les choses sous un autre angle et à collaborer de manière complètement différente. Donc, je les remercie aussi parce que j’ai pas mal appris avec ça.

Aujourd’hui certains designers qui sortent des écoles ont compris le mindset à avoir parce qu’on leur a appris. Dès le démarrage ils ont les bons réflexes, les bons outils.

Et de manière générale, j’ai eu aussi une grosse prise de conscience que le métier de product designer a évolué. Aujourd’hui, on a des profils qui sortent des écoles avec des talents et des candidats qui sont extrêmement bons. Les designers qui ont compris le mindset parce qu’on leur a appris directement, ça fait partie de leur ADN. Dès le démarrage, ils ont les bons, les bons réflexes, les bons outils pour être un bon designer. Moi, je l’ai appris sur le tas.

Donc, c’est pas un regret parce que je n’avais pas le choix. Mais je me suis un petit peu éloigné aussi de ça en me disant que c’était ok de pas pouvoir tout faire. Il fallait l’accepter.

Par exemple, aujourd’hui, un product designer, Il faut qu’il ait une appétence sur la data, Il faut qu’il fasse de la recherche utilisateur, Il faut qu’il soit aussi bon en résolution de problème qu’en création de concept et de design. Je pense que c’est ok passé un certain âge de se dire moi, j’ai pas envie de le faire ou ça ne me correspond pas et je veux faire autre chose et juste de l’accepter. Et pas vouloir être le mouton à cinq pattes que tout le monde recherche.

Alizée : Et qui n’est pas bon partout finalement.

Marie : Exactement.

Damien : En discutant avec toi ça me donne l’impression que tu es au clair avec le designer que tu as envie d’être.

Que même si tu es en amélioration perpétuelle tu es complètement ok avec la façon dont tu design, que c’est vraiment comme cela que tu as envie de le faire. 

Aujourd’hui tu te retrouves à devoir recruter des personnes, c’est le cas notamment avec Sésame où tu te crée une sorte d’environnement de travail.

Tu as beau être au clair avec ce que tu veux être comme designer, mais est ce que c’est facile pour toi d’identifier les personnes avec qui tu as envie de travailler et ce que tu attends d’elles ?

Marie : Alors facile non, parce que je pense que recruter, de manière générale, c’est toujours difficile, parce qu’il y a une part de flou, il y a une part d’humain et de perception qu’on ne peut pas capter au démarrage. Donc c’est toujours un petit risque.

Par contre, à travers mes expériences passées, j’ai eu la chance de pouvoir recruter tout au long de ma carrière et donc de perfectionner les méthodes de recrutement. Et l’apothéose a été chez Alan où ils ont un process extrêmement précis et carré pour recruter. Et clairement ça m’aide beaucoup aujourd’hui, donc je me sers aussi de cette expérience là.

Pour recruter aujourd’hui un profil pour rejoindre Sésame, j’ai besoin d’un fitte (NdR : une connexion, un sentiment) qui va être avant tout de comprendre par quoi est drivé le designer. Est ce qu’il est drivé par des relations humaines ? Est qu’il est drivé par un impact ? Est ce qu’il est drivé par une méthode, des outils ? Etc. Donc je vais essayer déjà de comprendre ça et voir qu’est ce qui peut m’intéresser dans sa façon d’être. Pour moi, il faut recruter des gens tels qu’ils sont et pas juste vouloir les modeler comme nous on voudrait qu’ils soient, c’est un peu comme une relation amoureuse clairement. Ça, ça va être le premier critère.

Il faut recruter les gens tels qu’ils sont et pas vouloir les modeler comme nous souhaiterions qu’ils soient.

Le second évidemment, ça va être les expériences passées.

Aujourd’hui, j’ai plutôt tendance à recruter des seniors en freelance, mais je ne ferme pas la porte non plus au junior parce que j’estime que ce n’est pas le nombre d’années d’expérience qui va faire la qualité des travaux et des skills. J’ai rencontré très récemment des designers qui ont 23, 24 ans, qui ont une petite première expérience, qui sortent des écoles, mais qui déchirent bien plus que des designers de 10-15 ans, donc avec grand plaisir pour travailler avec eux (rires).

Ensuite, je vais regarder la motivation parce qu’on est quand même dans un collectif, une façon de travailler collaborative.

Est ce que le designer vient juste là chercher une mission de temps en temps, et c’est ok ? Ou est ce qu’il a envie de s’investir davantage et mettre peut être un peu plus de temps et de moyens dans Sésame ?

J’ai deux façons de fonctionner, il y a d’une part la communauté où les designers sont à dispo pour des missions. On leur propose des missions, Ils sont dispo, ils les prennent, ils veulent pas, ils les prennent pas. Donc c’est assez libre.  Et la deuxième partie, c’est vraiment la dream team Sésame. Là se sont des personnes qui sont investies dans ce qu’elles font et participent activement à la vie de Sésame.

Après, sur les critères plus pragmatiques, évidemment il y a les skills technique de visual design, UX design pour les products designers, qui vont passer par l’architecture de l’info, la user research, le project thinking et toutes les méthodes que je vous ai citées auparavant.

Et pour les brand designer, c’est plus dur. Parce que les brand designer d’aujourd’hui, c’est un petit peu les product designer d’il y a 10 ans. C’est un peu le fourre tout où il y a des anciens DA, des UI/UX, des visual, des personnes qui font du motion, il y a vraiment de tout.

Des personnes qui veulent créer des identités, des marketing designers qui sont plus dans le déploiement d’identités.

Les profils que je recherche en brand design, ce sont ceux qui ont compris que la brand, c’était la gestion des émotions dans la marque.

Moi les profils que je recherche plutôt sur de la brand design, c’est des gens qui ont compris que la brand, c’était la gestion des émotions dans la marque.

Dit comme ça, c’est un peu conceptuel. Mais en gros, effectivement il y a la création d’identité de marque, qui est une partie assez classique. Mais il y a également comment faire vivre la marque dans le produit, comment on ne fait pas juste un coup de pinceau parce que c’est pas très intéressant et on a besoin d’une profondeur supplémentaire.

Du coup, il faut comprendre dans les parcours utilisateurs, dans les expériences purement produits, souvent sur des SAAS, sur du dashboard et sur des services qui ne sont pas très sexy de BtoB comment la brand va s’implémenter dans ces parcours là. Et donc là, on va identifier tous les déclenchements, tous les triggers qui vont exister. Parce que ces triggers là, ils vont nécessiter une action, et derrière cette action, il y a forcément une émotion. Et c’est là où la Brand intervient et c’est là où on va l’installer.

Donc c’est une compréhension qui est bien plus vaste que uniquement être créatif. Il y a vraiment une compréhension globale à avoir avec un peu de psychologie, un peu de comportement, un peu de d’UX, un peu de produit et tout cela est mélangé pour le brand design.

C’est un recrutement qui est compliqué. Donc, comment je fais pour trouver ces gens là ? J’ai eu la chance de rencontrer Anne Thai récemment, qui a cette démarche à mi-chemin entre brand et produit. Et c’est la seule pour l’instant que j’ai rencontré dans l’écosystème. Soit les gens sont très créatifs, soit ils sont très produits, mais difficilement entre les deux.

Donc évidemment, les skills techniques, ensuite je vais regarder l’appétence à communiquer. Je vais regarder où en est la personne. Est-ce qu’elle a identifié ou est-ce qu’elle en était dans sa carrière ? Est-ce qu’elle hésite ? Est-ce qu’elle est touche à tout ? Est-ce qu’elle a envie en ce moment de faire quelque chose qu’elle ne faisait pas précédemment et auquel cas, il y a un potentiel de développement à creuser ? Pas mal de considérations.

Alizée : Sa personnalité, quoi.

Marie : La personnalité effectivement. Je vais aussi regarder le leadership. Est-ce que c’est quelqu’un qui est à l’aise avec le fait de communiquer sur ses prises de décision ? Qui peut expliquer ses concepts créatifs ? Qui peut dialoguer avec un client ? Qui est capable de recevoir du feedback aussi, parce que c’est quand même hyper important.

Voilà, c’est beaucoup de soft skills finalement. Pour moi il faut être créatif, pour le brand designer et pour le product designer il faut être dans l’optique de vouloir résoudre des problèmes. Le reste, finalement, peut s’apprendre au fur et à mesure.

Alizée : Ok ! On voit dans ton parcours en tout cas que tu es assez perfectionniste et que tu fais continuellement évoluer tes idées.

Il me semble avoir lu par exemple que tu n’étais pas encore complètement satisfaite du logo Sésame et que tu serais amené à le peaufiner.

Est-ce que tu as pour tout ça une routine de veille, un processus d’amélioration personnelle continue ? 

Marie : Alors, comme j’ai essayé de l’expliquer tout à l’heure, je n’ai pas de routine particulière qui est très méthodo, à part nourrir mes antennes au quotidien et rester en alerte.

Et je pense que c’est vraiment ça le mot : rester en alerte. Pas sur le qui vive, mais toujours avoir les yeux très ouverts et surtout très haut. Regarder vers le haut et pas vers le bas pour sentir ce qui se passe et ressentir les choses. Et quand je vous parle de brand et d’émotion, vous l’aurez compris, j’ai un profil qui est extrêmement lié aux émotions, sans forcément être émotive mais j’accorde une part importante aux émotions de manière générale.

Par contre, pour être entre guillemets à jour par rapport à ce qui se passe sans avoir de veille, je vais échanger énormément avec les designers. Je suis assez friande de comprendre comment ils fonctionnent. Aujourd’hui, j’ai l’impression que quasi chaque designer a sa méthode et sa façon de procéder et je trouve ça hyper intéressant de comprendre les mécanismes un peu de tout le monde.

Ce qu’ils veulent faire, ce qu’ils ne veulent plus faire, ce qu’ils aimeraient faire mais qu’ils n’ont pas l’occasion de faire. Et du coup, je pense avoir une bonne vision du marché maintenant, de son évolution et ce qui me permet de bien comprendre les choses.

Aujourd’hui, j’ai l’impression que chaque designer a sa méthode, sa façon de procéder. Je trouve ça hyper intéressant de comprendre les mécanismes de chacun.

J’essaie de continuer à me former assez régulièrement, pas sur tout parce qu’il y a des choses j’ai lâché l’affaire, notamment sur des trucs très techniques. Parce que j’estime que  n’ai plus de valeur ajoutée à le faire et qu’il y a des gens très talentueux qui vont le faire très bien avec moi, donc je préfère collaborer.

Par contre, je vais plutôt aller creuser tous les aspects humains, psychologiques et émotionnels autour du design plutôt que les aspects techniques.

Finalement, voilà ce que je fais aujourd’hui pour être up to date. J’essaie de level up ma pensée créative dans des considérations un peu plus humaines que techniques.

Damien : LunaWeb est une agence qui est très axée sur l’UX, l’expérience utilisateur, comme tu as pu le voir.

Est-ce que cette partie UX à une place dans ta démarche ? Si oui, comment est-ce que tu l’intègre ?

Marie : Pour moi, tout est expérience (rires) mais pour ce qui est expérience pure, user research, j’ai eut l’occasion d’en faire dans différents moments de ma vie professionnelle et je vais être très honnête avec vous, ce n’est pas quelque chose que j’apprécie, malgré que j’apprécie le côté psychologique, ce qui est du coup assez paradoxal.

J’apprécie comprendre les mécanismes, mais je n’apprécie pas aller chercher et faire les ateliers, faire toute la réflexion qu’il y a en amont. Par contre, aller lire les comptes rendus et les restitutions pour comprendre les mécanismes et les points de friction, ça oui.

Même si ça peut paraître paradoxal, l’UX research n’est pas quelque chose que j’apprécie faire, malgré mon appétence pour les aspects psychologiques.

J’ai de la chance, chez Alan par exemple on a pu travailler en collaboration avec des UX, beaucoup de personnes aussi côté data, qui venaient nourrir énormément les réflexions. C’était juste vital pour comprendre les frictions.

Chez Swile on n’avait pas d’UX, du coup on était une petite équipe et on a pu faire au démarrage des déjeuners ou on allait voir directement les entreprises utiliser l’app pendant la pause déjeuner et on prenait leur insight au fur et à mesure. On a fait du test and learn comme ça pendant plusieurs semaines, c’était assez intéressant.

Mais sinon, sur la recherche utilisateur, je n’ai plus honte aujourd’hui – ça a été le cas pendant un moment – mais je n’ai plus honte aujourd’hui de dire que je ne veux pas en faire (rires).

Damien : On ne va pas te donner honte parce que nous avons, chez LunaWeb, vraiment fait ce virage il y a quelques années.

Nous avons vraiment dissocié la partie UX Research de la partie UX design, ce qui permet à chacun de se spécialiser. Effectivement ce n’est pas ce qui nous intéresse nous en tant que designer d’aller faire tous les entretiens, etc. 

Par contre, voir les résultats c’est très intéressant.

Alizée : Récolter la matière.

Marie : Oui, et pour moi, ce sont deux choses complètement différentes, des métiers différents et ils ont été très galvaudés quand les UX designers devaient faire absolument de la recherche.

Les product designer aujourd’hui dans les annonces de recrutement, doivent faire de la recherche. Pour moi, c’est déconnant. Ils doivent utiliser les résultats des recherches pour venir nourrir leurs périodes de framing, dans leurs propositions d’hypothèses, etc. Par contre, d’aller démarcher des utilisateurs, des communautés, instaurez les tests, tous les mécanismes, pour moi c’est déconnant.

L’UX research c’est un métier. On ne peut pas savoir tout faire, il faut être à l’aise avec ça.

Je pense que c’est un métier et qu’on ne peut pas savoir tout faire et qu’il faut être à l’aise avec ça. Et c’est un petit peu ce que j’essaie aussi d’expliquer aux CEO quand ils recherchent un product designer et qu’ils veulent absolument qu’il fasse de la data et de l’UX Research.

Je leur dis que je comprends quand ils disent qu’ils n’ont pas le budget mais que ce n’est peut-être pas la meilleure des solutions. Aujourd’hui, ils vont mettre le candidat en difficulté, donc il faut faire autrement. Il y a plein de façons de faire autrement.

Damien : Oui ça reste un métier, effectivement. 

Si les UX designers font des entretiens utilisateurs, il y a de grandes chances qu’ils arrivent à les faire, mais aussi qu’ils soient la source de biais, etc. Donc, c’est pour le mieux.

Je pense qu’il y a aujourd’hui de plus en plus une séparation de ces deux métiers, qui sont pour autant assez proches sur certains aspects.

Marie : Complètement.

Damien : Pour finir, une dernière question que l’on pose à chaque fois, la question un peu enquiquinante ! Est-ce que tu es capable de nous dire ce qui t’as bluffé ou inspiré dernièrement dans ton quotidien professionnel ?

M : Avec plaisir. J’ai redécouvert – parce que je l’avais oublié – l’agence Koto que vous connaissez peut-être, spécialisée en branding.

Je les ai redécouvert au moment du relifting de SkyScanner et je me suis dit wow, il s’est passé un truc. J’étais sur le site, je me suis dit qu”il y avait des choses qui avaient bougé. J’ai fouiné et je suis retombé sur Koto et je me suis dit ok, je comprends. Et récemment, ils ont sorti une identité pour Back Market et Yubo. Ils ont une finesse d’exécution et de subtilité dans les propositions que je trouve très pertinentes et très intéressantes. Donc oui, ça, ça me bluffe.

Je suis toujours aussi fan de Citymapper, même s’ ils ont un petit peu complexifié leur UX. Ils ont toujours eu une approche assez friendly et justement, dans l’émotion, mine de rien, avec un produit à la base pas très sexy du déplacement d’un point A à un point B. Donc Citymapper pour leur UX irréprochable.

Et après j’ai été bluffé par d’autres choses qui se sont passées, mais qui sont un peu plus vastes et qui vont au-delà du métier de designer.

Il y a eu notamment l’avènement des dark kitchen, qui attirent des restaurateurs traditionnels, mais aussi des entrepreneurs de la tech. Et on voit, suite à l’avènement et à la croissance des Deliveroo, Uber Eats et toute cette food tech saturée une nouvelle façon de présenter les choses, et ça m’intrigue. Donc bluffé non, mais intrigué oui sur les dark kitchen.

L’avènement des dark kitchen, qui a attiré des restaurateurs traditionnels mais aussi les entrepreneurs de la tech m’a beaucoup intrigué cette année.

Même constat autour de la mobilité douce. Il y a énormément de choses qui se passent depuis 5 – 6 ans autour de la mobilité douce.

Encore plus fort à Paris parce que, évidemment, la géographie oblige à trouver des façons rapides et peu coûteuses de transiter. Donc très très bluffé de voir des boîtes se monter en très peu de temps, proposer des solutions, alors certes imparfaites de vélo, de trottinette, mais il se passe quelque chose qui est assez intéressant et qui oblige les gens à se reposer des questions, je trouve ça plutôt cool.

Et le dernier truc qui m’a bluffé, c’est suite aux Covid et à toute cette période de confinement, d’introspection.

Il y a énormément d’initiatives et de start-up qui sont en train de sortir autour du développement personnel, de la santé mentale, du bien-être, du mieux être. Il y a vraiment une prise de conscience, avec toutes les initiatives que ça comporte, que nous ne sommes pas éternels et que si nous pouvions améliorer nos conditions de travail, notre façon de faire les choses et d’être sur cette terre, ça ne serait pas mal. Et du coup, je vois plein de start-up émerger en ce sens et je suis très friande de voir comment ça va évoluer.

Alizée : Effectivement. C’est très inspirant en tout cas, ça va nous permettre aussi d’aller voir tout ce que tu a pu dire sur cette dernière question. Parce qu’il y a certains noms qui moi ne me parlent pas, je vais aller creuser tout ça !

En tout cas, merci Marie, c’était vraiment très intéressant.  

Marie : Merci à vous.

Alizée : Et j’espère que nos auditeurs et auditrices en auront appris un peu plus sur ce qu’est un Design Advisor avec toi.

Nous on se retrouve en septembre, après une petite pause, pour une nouvelle série d’entretiens avec celles et ceux qui font le design d’aujourd’hui.

Vous pouvez retrouver cet épisode et tous les autres sur les plateformes de podcasts. 

Et bien sûr, n’hésitez pas à commenter cet épisode sur Apple Podcast et lui mettre cinq étoiles évidemment s’il vous a plu, ça aide le podcast à être diffusé au plus grand nombre.

D’ici là on vous souhaite un très bel été, merci Damien et à bientôt !  

Damien : Merci Marie, salut !  

Marie : À bientôt, merci.

Les ressources de cet épisode

Le retour d’expérience de Marie sur la création de Sésame

Marie revient sur la création de la brand de Sésame, de la recherche de son positionnement à son univers graphique étonnant.

Le cabinet Chance

Chance est un cabinet de coaching en ligne permettant en 12 semaines de faire son bilan professionnel et de trouver une voie qui vous ressemble. Une vraie recommandation de Marie.

Amuse UX

Amuse UX, c’est depuis 2015 trois jours de conférence à Budapest autour du design UX et UI. Une très bonne expérience pour Marie.

Joel Marsh

Spécialiste du design UX à travers une approche résolument scientifique, Joel Marsh est l’auteur du livre UX for Beginners: A crash course in 100 short lessons aux éditions O’Reilly.

Agence Koto

Koto est une agence présente à Berlin, Londre et Los Angeles. Elle est spécialisée dans la création d’univers de marque à travers l’émotion et le relationnel humain.

Le phénomène des dark kitchen

L’explosion des services de livraisons de plats cuisinés cette dernière année a fait naître un nouveau phénomène, les dark kitchen.