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SLD #9 - L’interview de Thomas Thibault

SLD #9 - Thomas Thibault, designer @Collectif BAM

En février dernier, se tenait l’UX Deiz #10 du collectif UX Rennes où Thomas Thibault, designer et co-fondateur du collectif BAM était venu nous parler d’un design plus éthique et responsable. L’occasion pour nous de l’inviter pour ce nouvel épisode.

Publié le 10 juillet 2019

Thomas Thibault pendant sa conférence sur les pratiques de design pour un monde souhaitable - UX Deiz #10

En février dernier, se tenait l’UX Deiz #10 du collectif UX Rennes où Thomas Thibault, designer et co-fondateur du Collectif BAM était venu nous parler d’un design plus éthique et responsable. L’occasion pour nous de l’inviter pour le 9ème épisode de notre podcast et de faire plus ample connaissance autour sa vision sur le design, sur la révolution numérique mais également sur sa mise en pratique de la pédagogie du design au quotidien.

Bonne écoute !

Guillaume : Bonjour à tous et bonjour à toutes et bienvenue pour ce nouveau numéro de Salut Les Designers le podcast Design de l’agence LunaWeb. Aujourd’hui nous profitons d’un événement UX Rennes, l’UX Deiz numéro 10 sur le thème de la conception de demain, pour recevoir Thomas Thibault, designer et je suis également en compagnie d’Alizée, donc c’est la première fois que vous entendrez la voix dans ce podcast.

Bonjour Alizée…

Alizée : Salut Guillaume !

Guillaume :… et Bonjour Thomas.

Thomas : Bonjour !

Guillaume : Est-ce que tu peux te présenter pour les gens qui ne te connaîtraient peut être pas.

Thomas : Alors donc Thomas Thibault, je suis designer et cofondateur du collectif Bam et je travaille principalement sur le sujet de la révolution numérique et aussi je fais pas mal de choses sur un peu la pédagogie du design ou la pédagogie des technologies au sein du collectif.

Alizée : Et qu’est-ce qui t’as poussé du coup à t’intéresser au design, est-ce qu’il y a eu un moment particulier, un déclic ?

Thomas : Alors je n’ai pas eu de déclic en particulier je pense que ça s’est fait un peu au fur et à mesure aussi de mes études. Je me suis intéressé peut être une certaine forme de design après non. C’est vrai qu’au début c’était plutôt les études, le design de mobilier mais finalement voilà je m’en suis assez détournées. Mais voilà peut être le déclic, la raison pour laquelle je fais du design c’est un peu la capacité de faire aussi et pas juste dire ou penser mais de pouvoir, enfin on a tellement d’outils à disposition pour faire plein de choses pour faire toutes sortes de projets des événements etc. pour expliquer des choses et je pense que c’est ça qui m’intéresse.

« "La raison pour laquelle je fais du design c'est un peu la capacité de faire aussi et pas juste dire ou penser mais de pouvoir" »

Guillaume : T’as quoi comme bagage scolaire entre guillemets, comme études, comme cursus ?

Thomas : Alors j’ai fait un lycée Art appliqué pour revenir aux racine mais c’est là où ça commence. On avait beaucoup d’heures d’arts appliqués pour découvrir un peu ce que c’était, les différents champs des arts appliqués. Après j’étais à l’école Olivier de Serres à Paris en design de produit et ensuite j’ai été à l’école Boulle en design de produit mais finalement c’est l’intitulé c’est design de produit mais on fait plein de choses en fait. D’ailleurs mon projet de diplôme n’était pas du tout porté sur l’objet c’était une plate forme pour expliquer pour essayer de trouver des solutions de démocratie de citoyenneté. Et après j’ai été au Media Lab d’Helsinki, Media Lab de la alto University à Helsinki où j’ai appris un peu des trucs de geeks j’ai appris un peu à programmer. J’ai appris aussi le côté pratique mais aussi théorique sur le numérique et voilà. Et après je suis revenu un peu sur le court parcours, sur le, au fabshop qui était une entreprise donc qui faisait, distribuait des imprimantes 3D. Donc moi j’étais designer là bas ils organisaient aussi un maker faire. Donc j’ai baigné aussi dans le mouvement un peu des FabLab donc en Maker. Et après j’ai pendant un an j’ai monté un fablab à l’école Boulle qui était autogéré par des étudiants et dont les connaissances étaient partagées entre pairs autant entre étudiants et professeurs et j’avais mis en place plein d’outils et protocoles pour faire en sorte que les connaissances se tournent et se partagent au maximum parce que les gens partaient très vite en fait des écoles, fin de l’école et les cursus sont très courts donc les connaissances se perdent et c’était pour mutualiser les savoirs numériques au sein de l’école et du coup le collectif Bam je l’ai monté pendant mon année de diplôme, je le dis parce que c’est un truc un peu dans l’ADN du collectif Bam aussi c’était de créer ça parce qu’à l’école on avait le sentiment d’un manque parce qu’on, j’exagère un peu le trait mais on faisait du mobilier pour Club Med et puis à côté moi j’étais en stage à la Think, un Thinktank sur le numérique où je me suis pris un peu une claque ou j’ai découvert vraiment les potentiels risques et opportunités de la révolution numérique de la transition écologique etc. Donc c’est un peu de là où c’est né.

« "Je me suis pris un peu une claque ou j'ai découvert vraiment les potentiels risques et opportunités de la révolution numérique de la transition écologique" »

Guillaume : Ok ! Et justement du coup t’as beaucoup d’inspiration et de choses diverses dans ton cursus. On le sent dans ce que tu viens de dire et on peut te poser la question de c’est quoi pour toi aujourd’hui le design. Parce que du coup on reçoit plein de gens un peu divers et variés mais qu’ont un peut tous leur définition finalement. Et aujourd’hui ça s’incarne dans quoi pour toi ?

Thomas : Alors ça s’incarne surtout pas dans les affiches de métro ou les magazines où il y a marqué « c’est design », ça j’en suis sûr. Après ce que c’est le design aujourd’hui c’est un peu compliqué parce qu’il y a un peu, fin il y a des gens qui vendent du design sans designer d’autres qui font du design mais sans l’appeler design. Et justement ça c’est aussi du design. Les gens, je ne sais pas le mec qui est dans son jardin qui trouve chez soi, qui essaie de trouver un moyen d’améliorer les conditions de vie de sa famille que ce soit dans les pays Occidentaux, en Afrique ou j’en sais rien, ou que des professeurs se disent « comment je peux améliorer ma pédagogie à travers l’aménagement de ma classe les supports etc ». Et du coup enfin c’est ça, nous quand on dit design on dit simplement c’est une pratique de conception mais c’est difficile à définir et je pense que c’est un gros sujet de dire ce que c’est le design, pour nous après nous on a une vision de notre design mais c’est tout quoi.

Guillaume : Et toi en tant que design… fin tu te sens designer clairement ou dans ta pratique ça veut dire quoi pour toi être designer ?

Thomas : Grosse grosse question… Non bah c’est faire des choses. En fait c’est compliqué on ne se rend pas trop compte en fait quand on a un peu les mains dans le cambouis ce que c’est d’être designer c’est juste des gens qui nous disent « mais non toi tu fais ça, moi je n’aurais pas fait ça » et je pense c’est le fait de aussi voir le monde un peu de façon aussi finalisé en terme de, enfin de voir le monde en terme de projet et d’utiliser un peu le plein de choses. Le figuratif, la métaphore, fabriquer des choses le visuel on conçoit les choses, quand je dis de façon finalisée c’est qu’on va être capable d’aller jusqu’au bout et pas d’être juste sur des concepts mais on fait forme de concepts ou d’idées etc.. Prendre forme ça peut prendre des formes visuelles une forme physique une forme aussi organisationnelle par exemple de se dire « voilà je vais choisir telle organisation dans mon entreprise » ça peut être aussi un travail de design par rapport à des valeurs etc.. Et pour revenir un peu à l’idée de, au FabLab à l’école Boulle c’était un peu ça le design il était autant dans la conception des échanges entre les personnes à travers des protocoles des règles etc. que en travail d’espace, de design d’espace, du travail de design graphique. Du coup il est assez divers et après c’est juste que chacun a une culture du design particulier et utilise ces outils là au service d’un projet. Moi aussi j’ai un petit peu une culture de mes études plutôt du produit et aussi du coup finalement beaucoup du numérique avec la programmation de choses comme ça que j’essaye de mettre au service de quelque chose mais finalement en tant que Designer on a mille outil on utilise plein de logiciels et du coup c’est ça qui fait qu’on est designer.

« "Le design est autant dans la conception des échanges entre les personnes à travers des protocoles des règles etc. que en travail d'espace, de design d'espace, du travail de design graphique." »

Alizée : Et avec tout ce bagage et toutes ces connaissances que tu as est-ce que tu peux nous parler un peu de ta journée type en tant que designer.

Thomas : Alors du coup je pense un peu comme tous ceux qui sont en freelance ou qui gèrent des entreprises ou quoi on passe finalement assez peu de temps à faire du design et du coup c’est vrai que sur une semaine c’est vrai que je passe peu de temps à faire du design exécutif, design comme on l’entend. Après j’ai je fais plein d’autres choses dans une journée par exemple je passe je pense un tiers de mon temps à m’informer sur plein de choses sur les médias, twitter, les chaînes YouTube je regarde pas mal de chaines de vulgarisation scientifique des choses comme ça et je passe vraiment un tiers de mon temps à m’informer sur des choses qui ne sont d’ailleurs pas du design je m’intéresse finalement peu à ce qui se passe dans la sphère du design mais plus ce qui se passe dans le monde etc. donc ça ça ne prend pas mal de temps et après c’est du relationnel c’est aller rencontrer des gens, discuter voir qu’il y a des projets qui émergent, pourquoi pas faire des conférences, des ateliers, gérer un peu les équipes etc.. C’est assez large et c’est aussi moi je fais aussi pas mal de… j’organise beaucoup d’événements ou de workshop sur la pédagogie du design par exemple on a un truc qu’on fait c’est d’organiser des sessions pour documenter le design sur Wikipédia. Donc ça demande du temps mais c’est pas du design c’est l’organisation.

« "Je m'intéresse finalement peu à ce qui se passe dans la sphère du design mais plus ce qui se passe dans le monde" »

Alizée : On a du coup un peu parler de tes zones aussi d’intervention et est ce que tu aurais des conseils pour diffuser une démarche design.

Thomas : Il y a un conseil pour pour diffuser ça ce serait en fait d’intégrer le design au plus tôt et du coup d’inclure des designers au plus haut au plus tôt dans le projet, dans les décisions. Parce que sinon on finit par avoir, juste si on le met a la fin, juste la création d’un petit logo etc. Et on ne voit pas l’intérêt le potentiel d’une stratégie design par exemple. Et donc c’est petit à petit en fait en testant qu’est ce que ça veut dire d’inclure le designer au tout début du projet ou sur des décisions stratégiques etc. Et qu’est ce que ça veut dire : donc designer une stratégie d’entreprise et mettre aussi le design au centre de la stratégie et c’est plus, voilà en général c’est ce qu’on fait c’est ça. Les gens viennent nous voir pour un petit truc en particulier et essaye de tout redéfinir du coup on fait par mal de conseil etc.

« "Il y a un conseil pour pour diffuser ça ce serait en fait d'intégrer le design au plus tôt et du coup d'inclure des designers au plus haut au plus tôt dans le projet, dans les décisions." »

Guillaume : Est-ce que tu te heurte parfois… Alors j’imagine que les gens viennent vous chercher pour vos compétences donc peut être pas trop mais justement sur un besoin de pédagogie pour faire comprendre en quoi cette démarche du design est intéressante. Est ce que tu auras peut être des astuces pour… Ou des méthodes ou des types d’ateliers pour justement faire comprendre ça ?

Thomas : J’allais dire c’est tout le temps qu’on fait la pédagogie du design. Parce que… On le fait tout le temps mais à différentes échelles il y en a qui sont plutôt acculturé d’autres non. En plus de ça le design évolue avec le temps. Donc il suffit que tu leur apprenne un truc quelques années plus tard ça change en fait et le design qu’ils ont peut être appris, ils ont travaillé avec un designer il y a 15 ans j’en sais rien et là ça a changé. Donc t’es obligé de faire de toute façon une pédagogie sur ça. Comment, en fait on les implique. Il y a plusieurs choses pour essayer de leur expliquer alors ça commence pour nous dès la création d’un devis ou d’un contrat dans la création des étapes on écrit on essai de détailler au maximum toutes les étapes d’un devis que ce soit les étapes ou nous on travaille que lui aussi peut être travaille tout seul etc. Quel moment et à quel moment on a des retours et aussi un mode de vie on essaie de mettre quels outils on va utiliser, des outils très classiques du design par exemple un mood board. Du coup on met une petite définition « qu’est ce qu’un mood board, a quoi il va servir » des choses comme ça, ça c’est important. Et puis on a un petit jeu de code couleur etc pour essayer de dire « bah voilà tel livrable correspond à telle étape » et ça permet aussi de faire une pédagogie justement pour dire… Le problème c’est que les clients parfois et ils comprennent pas si tu mets juste une ligne genre « conception graphique 10.000 euros 20.000 euros. » « Pourquoi l’autre il m’a dit que ça coûtait que 2.000 euros alors du coup j’ai besoin de savoir, ça permet de savoir ce qu’il y a vraiment dans une démarche de design » donc voilà il y a ça, et puis après on a, on essaie de créer des outils qui nous permettent de mettre les gens en condition de design. On a le pictionary qu’est un jeu de cartes pour concevoir en imaginant le pire. Du coup en imaginant des produits qui polluent qui sont le moins sécuritaires possible etc etc. Et du coup ça met les gens peu sur le design mais à l’inverse du coup ils se libèrent plus facilement et comprennent un peu les grandes questions du design, on a ça et puis on a aussi d’autres produits on a les tomettes qui est un genre de post-it 3D velleda, un peu plus mais voilà, et on a on essaye de visualiser, on a aussi le wrap qui est en fait un schéma un peu théorique, wrap c’est vision relation action perception. En fait c’est un outil pour faire un brief design au tout début d’un projet et en fait c’est un outil qui est assez visuel on va dire « on va mettre ton projet au centre », « Quelles sont les valeurs de ton projet » et de là va découler des acteurs, va découler des moyens des fonctions une charte graphique etc.. Du coup on essaie de faire ça pour visualiser tous les champs du design, à partir de cet objet c’est un peu difficile d’expliquer comme ça mais faut le voir…

« "Pour nous la pédagogie du design se fait dès la création d'un devis ou d'un contrat dans la création des étapes" »

Guillaume : Mais c’est intéressant ! Dans les gens qui écoutent le podcast on a des étudiants des gens qui peut être aussi sont dans des phases un peu où le design est quelque chose qui est en train de faire partie de leur quotidien et ils se posent un peu la question de comment devenir un meilleur designer. Qu’est ce qui pour toi et est-ce que tu aurais éventuellement des conseils mais qu’est ce qui pour toi fait aujourd’hui un bon professionnel du design, un bon designer. Est-ce que tu conseillerais d’avoir un état d’esprit particulier pour aborder ça dans le monde qui nous entoure aujourd’hui et éventuellement professionnellement entre guillemets mais pas que.

Thomas : En fait c’est un peu juste de prendre du recul. Alors on appelle ça on met un mot barbare sur un truc simple mais c’est, on appel ça la réflexivité du design c’est de prendre son métier comme propre réflexion, réfléchir en fait sur sa propre façon de faire. Du coup c’est en gros c’est de prendre du recul sur sa pratique et c’est difficile en fait c’est éviter les automatismes aussi d’avoir toujours la tête dans le guidon de dire « j’ai toujours fait comme ça j’utilise toujours le même logiciel ». C’est de dire alors pourquoi là je le fais comme ça. Pourquoi je ne pourrais pas faire autrement travailler autrement consommer autrement etc. Et aussi comment, de se laisser des temps aussi pour documenter sa pratique, ça permet aussi de prendre du recul et de se dire « bah j’ai fait comme ça, est-ce que je pourrais faire autrement pour inclure peut être mieux mon client pour être plus… Agir de façon plus écologique » par exemple etc.. En fait juste le maître mot c’est juste d’avoir cette réflexivité c’est vraiment une prise de hauteur et de voir un peu ce qu’on vient de faire. En fait ça suffit déjà juste d’avoir cette conscience là et se dire « comment je ferais mieux plus tard et comment je peux mettre en place des outils et des protocoles etc. qui permettent de changer peut être d’outil parce que je me rends compte que je fais toujours la même chose parce que j’ai toujours le même outil et que j’utilise un logiciel qui ne va pas éthiquement » voilà c’est des choses comme ça et nous on essaye de faire ça mais c’est difficile parce que en tant que professionnel tu as ton loyer à payer et puis des fois tu as plein de projets qui s’enchaînent tu dois les faire etc. Et des fois de prendre du temps c’est difficile donc nous on essaye de faire des moments de retraite un peu aussi on se dit « qu’est ce qui s’est passé », on questionne un peu tout où est-ce qu’on veut aller etc. Et voilà je pense que c’est ça un peu la compétence parce que les compétences s’apprennent ce que je veux dire c’est la posture de prise de recul qui est importante.

« "On appel ça la réflexivité du design c'est de prendre son métier comme propre réflexion, réfléchir en fait sur sa propre façon de faire. C’est en gros de prendre du recul sur sa pratique" »

Alizée : Et si tu avais aujourd’hui une démarche d’amélioration aussi bien personnelle que pour le collectif ce serait quoi ?

Thomas : Ce serai, en ce moment, je ne sais pas si c’est ça va répondre à ta question mais en ce moment on essaye un peu de voir comment justement on peut travailler un peu plus responsable ou plus en rapport avec nos valeurs etc. et ça peut être juste des petits trucs très bêtes comme éviter les capsules de café mais ça peut être aussi par exemple les analytics de nos sites, maintenant on a changé on est plus chez Google Analytics on est chez Matomo qui est un petit service en fait tu stock localement tes données analytiques, ça anonymise du coup t’as pas besoin, la Cnil le recommande, tu n’as pas besoin de mettre le petit bandeau des cookies. C’est bénéfique aussi pour l’expérience utilisateur. Et en plus c’est toi qui possède tes données etc. donc ça c’est plutôt en accord avec nos valeurs. On essaie de mettre en place ça et plein de choses et là le grand sujet c’est comment, j’en parlais tout à l’heure, mais comment on essaie de se passer de logiciels comme Google Drive etc. qui captent nos données etc.. Du coup ça c’est difficile c’est très difficile parce que les usages sont très bien faits les fonctions sont très bien etc. et de trouver un moyen de se dé-googliser. C’est dur mais c’est le genre de petites choses qu’on essaie de voir un peu, surtout la façon dont on fait des buffets quelle nourriture on choisit etc. pour que ce soit un peu en raccord avec nos valeurs.

« "En ce moment on essaye un peu de voir comment justement on peut travailler un peu plus responsable ou plus en rapport avec nos valeurs etc. et ça peut être juste des petits trucs très bêtes comme éviter les capsules de café mais ça peut être aussi par exemple les analytics de nos sites" »

Guillaume : J’ai envie de rebondir sur une chose que tu as dis tout à l’heure parce qu’on allait… la question suivante portait sur les outils mais tu en as déjà un petit peu parlé tout à l’heure, quand tu disais que la pédagogie du design commençait par bien décrire un devis ou ce genre de chose ça me permet d’aborder avec toi la question du legal design puisque je sais que c’est quelque chose qui t’importe, est ce que tu peux nous parler un petit peu de ça et parce que je trouve que c’est un truc qui est assez peu connu et qui est hyper intéressant.

Thomas : Alors moi personnellement je connais très peu le legal design. Finalement on faisait un peu de legal design sans savoir que c’était du legal design. mais en gros le legal design c’est un mouvement qui vient de Finlande. Si je me trompe pas et en fait c’est des avocats des gens de droit qui se sont dit « comment on pourrait utiliser le design pour simplifier le droit pour expliquer le droit etc. dans leur pratique » et du coup par exemple des exemples que j’aime bien montrer c’est des gens qui ont fait un contrat sous forme de BD pour des agriculteurs qui ne savaient pas lire et donc pour savoir en quoi ils s’engageaient. C’est sous forme de BD etc. et ce contrat vaut comme un contrat écrit. Et ça c’est une forme de legal design. Et aussi après il y a plein de choses sur comment, comment rendre les CGU CGV etc. compréhensibles parce que personne ne les lis. Peut être qu’on a tout intérêt à pas les lire. Mais voilà. Et du coup on découvre un peu ce milieu là. Des avocats qui travaille là dessus les gens du droit et ça nous inspire pas mal en ce moment parce que ça fait directement écho à ce qu’on essaie de faire sur nos devis et aussi sur la notion de propriété intellectuelle aussi. Et voilà et puis même peut être qu’on fait très mal d’ailleurs avec les avocats on se rend compte qu’on fait tout très mal. Mais voilà en tout cas y’a plein de choses et y’a plein de choses à faire là dessus. Il y a plein de choses à s’intéresser aussi sur la notion de, je m’intéresse pas mal la notion de code entre le code qu’il y a dans un contrat et le code de la programmation quand tu code t’as des fonctions et des couleurs, t’as une syntaxe particulière et dans les contrats c’est un peu pareil. Du coup il y a peut être des choses à faire là dessus.

Guillaume : Dans votre collectif vous avez cette idée de faire du design praticable. Si je ne me trompe pas ça va aussi dans ce sens là. C’est compréhensible praticable…

Thomas :…Oui oui c’est dans l’idée de pédagogie du design. En fait on fait du design perceptible praticable c’est à dire qui permet de comprendre le monde et le transformer. Mais si on l’applique à la pratique du design même c’est comment la pratique du design est plus compréhensible, lisible par le plus de personnes parce que c’est important parce que déjà de toute façon ça augmente le marché aussi. Si les gens comprennent pas ils achètent pas et aussi parce que c’est une meilleure relation de travail ect. Donc on essaye de les faire comprendre et les faire jouer un peu avec nous.

« "On fait du design perceptible praticable c'est à dire qui permet de comprendre le monde et le transformer." »

Alizée : Une question peut-être un peu, un peu plus difficile mais qu’est ce qui est pour toi le design de demain ?

Thomas : Alors ça c’est la question difficile…

Guillaume : Est ce que demain va exister déjà !

Thomas : C’est un peu ça. C’est est-ce que du coup le design va exister ! Est ce qu’il y aura encore du design. En tout cas sous cette forme sous la forme qu’on voit dans les métros sur les affiches du métro peut être pas. Non je ne sais pas je sais le design que je préfère mais en tout cas le design de demain c’est une grande question. Ce n’est pas du tout, on imagine un peu comment ça va être fait, mais demain on voit un peu la tournure que ça prend. Mais c’est une grande question qu’on a sur qu’est ce qui va se passer, comment on va faire du design demain avec l’effondrement etc.. C’est une question et je pense que ça va aller en plus assez vite. Et puis je suis pas sûr que les écoles se préparent un peu à ça. Mais après c’est juste qu’il faut avoir cette posture, ce que je disais de réflexivité et juste d’ajuster un peu sa pratique au fur et à mesure de ce qui se passe et puis d’anticiper. Et voilà et puis si le design disparaît il disparaît…C’est un peu pessimiste…

(Rire)

Guillaume :… au revoir c’est la fin de ce podcast !

(Rire)

Guillaume : Mais est ce que tu te projette quand même, on va dire peut être sans mettre d’étiquette designer dessus mais avec cette volonté de vouloir solutionner des choses et faire face aux problématiques pour trouver encore une fois des solutions. Est ce que toi tu te projette sur ces questions là dans les années qui viennent en se disant, j’ai ma place dans ce truc là ou est ce que t’es plutôt dans ces gens qui se disent à un moment donné il faudra vraiment que je change du tout au tout, de vie, d’idées sur la manière dont je travaille et dont je vis entre guillemets ?

Thomas : Ben j’allais dire nous ça ne changera pas trop parce qu’on travaille un peu sur ces sujets et nous après ça ira je pense c’est plus ça peut poser plus de problèmes à une grande partie du marché du design. Même ce qui se passe dans les écoles etc. Je ne pose pas, je me soucie pas trop de notre sort, moi personnellement ou nous au collectif Bam et puis peut-être ça tournera ça prendra une autre tournure ou ça se transformera mais c’est juste que on forme encore des designers à faire fin y’a des, je vais bacher un peu mais il y a des formations sur le luxe par exemple qui sont encore donnés. Et du coup est ce que ça a encore un sens, justement à l’heure de l’effondrement etc. Et c’est plutôt ça. Mais du coup voilà on s’adaptera et puis si on s’adapte pas… Peut-être on s’adaptera autrement peut être ce que je veux dire c’est que peut être qu’on trouvera un moyen de faire des solutions de faire des choses en fait différemment peut être si on peut plus utiliser nos ordinateurs j’en sais rien, j’extrapole mais on fera autrement on fera du design avec autre chose avec des matériaux avec d’autres choses.

« "Il y a des formations sur le luxe par exemple qui sont encore donnés. Et du coup est ce que ça a encore un sens, justement à l'heure de l'effondrement" »

Guillaume : Ok ! C’est bientôt la fin. Avant de passer la dernière petite question ici chez LunaWeb on travaille beaucoup autour de la notion d’expérience utilisateur, d’UX en essayant d’incorporer les gens dans les réalisations qu’on fait est-ce que toi t’as un rapport avec cette notion d’UX, d’expérience utilisateur est-ce que c’est une notion que tu manipule dans ton quotidien où est ce que tu es assez loin de ça. Comment tu incorpore ce truc là dans ton travail ?

Thomas : Moi personnellement j’utilise très peu le mot UX fin je fais du design après il y a des gens dans le collectif qui ont une formation d’UX, après une petite réflexion qu’on se fait un peu c’est est-ce que dans le terme UX, plutôt sur le terme, la terminologie est ce qu’on est tous des users parce qu’on est tous des utilisateurs. Est ce que c’est aussi bien de réfléchir juste à mettre une personne en tant qu’utilisateur et pas… Elle est autre chose elle est aussi citoyenne, père, mère etc.. Il y a cette question là et question aussi est ce que l’on doit que créer des expériences en faite, est-ce que c’est possible de créer une expérience, mais est ce qu’on doit juste créer des expériences. Il y a un truc un peu passif je fais l’expérience de quelque chose. Du coup c’est un peu unilatéral et là du coup est ce qu’on ne pourrait pas réfléchir plutôt à je sais pas, des designs d’actions qu’on on peut permettre aux gens de faire quelque chose plutôt que d’experiencier quelque chose je sais pas si ce mot ce dit…

« "Est ce que l'on doit que créer des expériences en faite, est-ce que c'est possible de créer une expérience, mais est ce qu'on doit juste créer des expériences. Il y a un truc un peu passif je fais l'expérience de quelque chose. Du coup c'est un peu unilatéral" »

Guillaume :…On l’a tous compris

Thomas :…On l’a tous compris. Du coup c’est plus une réflexion un peu sur sa terminologie et peut être qu’il y aurait peut-être quelque chose à faire sur je sais pas… Human action je sais pas..

Guillaume :…Trouver un nouveau effectivement terme peut être un peu plus proche de la réalité et c’est intéressant effectivement ce truc de l’expérience subie contre peut être quelque chose de plus actif. C’est intéressant…

Alizée : Et du coup pour conclure un petit peu cette série de question qu’est ce qui a pu te bluffer ou qu’est ce qui t’a inspiré dernièrement dans ton environnement professionnel ou personnel ?

Thomas : On a parlé un peu du legal design ça m’inspire un peu dans l’environnement pro. Après j’ai pas d’exemple pour bluffer, après il y a un truc qui m’inspire un peu du coup il y a la think qui a lancé un programme qui s’appelle « Les recettes » qu’un think tank action numérique et qui lance un peu un appel avec des ateliers etc. pour repenser un peu le numérique et repenser à un numérique plus désirable un Web plus décentralisé etc.. J’attends de voir ce qui va se passer et comment on va pouvoir agir là dessus, ça c’est le truc et puis sinon après je suis bluffé mais pas professionnellement mais en général plein de trucs qui se passe aujourd’hui pas mal au niveau de la science aussi fin il y a un truc que je dis souvent mais je trouve ça fou quand on fin je pense à ça mais quand on arrive a mettre des robots sur Mars et qu’on arrive toujours pas à faire fonctionner nos imprimantes, le wifi etc. Et du coup c’est ces trucs là un petit peu qui me fait des fois genre, un peu un décalage entre ce qu’on est capable de faire et que au quotidien en fait il y a encore tellement à faire qu’on galère tous à choper du wifi dans des écoles ou à l’école Boulle on manquait tellement d’internet alors qu’on arrive à en avoir dans l’espace. Voilà c’est des choses comme ça qui me font marrer et qui me bluff un peu fin, m’interpelle.

« "Sinon après je suis bluffé mais pas professionnellement mais en général de plein de trucs qui se passe aujourd'hui […] quand on arrive a mettre des robots sur Mars et qu'on arrive toujours pas à faire fonctionner nos imprimantes, le wifi etc." »

Guillaume : Ok très bien. Et bien c’est la fin de ce nouveau numéro de Salut Les Designers. Merci Thomas de t’être prêté au jeu.

Thomas : Merci !

Guillaume : Merci Alizée pour ta participation.

Alizée : Merci !

Guillaume : Et puis bah on se retrouve pour un prochain numéro et il est temps de vous dire à bientôt ! Salut !

Alizée : Salut !

Thomas : Bye !