Capsule Design bonus - Amélie Boucher, Head of Design

La transcription

Alizée : Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans cette Capsule Bonus de Salut les Designers, le podcast de l’agence LunaWeb.

Amélie Boucher, invitée de notre épisode 19, nous a en effet fait l’amitié de nous confier cette interview, prévue initialement pour le format court du podcast Design + de Laurent Gallen, avec sa bénédiction.

Vous allez pouvoir écouter les dix réponses aux questions auxquelles Amélie a répondu. Bonne écoute !

Bonjour Amélie ! Que ferais-tu si tu n’étais pas designer ?

Amélie : Céramiste peut-être, ou bien écrivain. Les deux sont des activités assez solitaires et puis ancrées dans l’imaginaire et ça, ça me ressemble.

Alizée : Aujourd’hui, quels outils de conception utilises-tu ?

Amélie : Figma. Parce que c’est un outil qui est très aligné avec l’époque, avec ce que devient notre métier, notamment le travail avec nos pairs et nos homologues.

Après, en réalité, je suis vraiment très peu attachée à l’outil. Depuis le début de ma carrière, j’ai utilisé, je pense, une quinzaine d’outils de conception différents. Donc, mon point de vue, sans surprise, c’est que l’outil ne fait pas le designer.

Alizée : Quel est le dernier livre que tu aies lu ou le dernier film que tu aies vu ?

Amélie : Alors pour le livre. D’abord catégorie jeunesse, La vie rêvée de M. Maniac, un livre formidable d’Adèle Tariel et Jérôme Peyrat à l’illustration.

Ensuite, Pratiques de tournage de François Fresnais, Éditions de la Revue de la céramique et du verre.

Et en roman, Les Frères Holt de de Marcia Davenport, c’est une fresque assez incroyable sur l’histoire de deux frères dans l’Amérique du début du siècle dernier.

Alizée : Maintenant, peux-tu citer deux designers qui t’inspirent ?

Amélie : Évidemment, on pense tout de suite aux grandes figures du design. Mais pour prendre le contre pied, j’aurais presque envie de dire que les gens qui m’inspirent, ce sont plutôt tous les gens de talent qui m’entourent au quotidien.

Qui n’on n’a pas d’article dans Forbes, mais qui œuvrent, qui travaillent. Donc une histoire de rencontre et de travail ensemble plutôt que de résultats.

Sinon, quand même pour l’exercice, Jessy James Garrett.

Alizée : Actuellement, quel artiste ou groupe musical écoutes-tu lorsque tu travailles ?

Amélie : Et bien aucun ! Je suis absolument incapable de travailler en musique. C’est un peu comme si je ne pouvais pas réfléchir ou même juste penser en même temps.

Sauf à des moments bien précis où là, ça va être un peu une forme d’exutoire. Et là, c’est la musique fort, très fort. Un peu comme une sorte d’offrande à soi, comme une sorte de récompense. Ou alors, à l’inverse, une façon d’entrer dans quelque chose, de démarrer.

Je suis assez monomaniaque, donc c’est parfois les mêmes 10 morceaux en boucle, souvent les mêmes 10 morceaux en boucle. Bon, il y a quand même des choses qui reviennent, Superpoze ou Khruangbin par exemple. En tout cas énormément d’électro.

Alizée : En tant que designer, quel est ton leitmotiv ?

Amélie : Questionner et dire « Je ne sais pas », aussi.

Alizée : As-tu étudié le design ou es-tu autodidacte ? Comment ce parcours a influencé ton travail aujourd’hui ?

Amélie : J’ai fait le Master d’ergonomie de Paris 5. Après mon parcours en psychologie cognitive et sans doute plus que les connaissances fondamentales, donne certainement une couleur à mon approche, une sorte de façon de voir les choses.

Avec toujours en arrière plan, les questions de perception, de raisonnement, de mémoire, de langage. Et puis, un penchant certain pour les activités de terrain, pour l’analyse des situations. Et puis aussi pour l’expérimentation.

Alizée : Aujourd’hui, si tu avais la possibilité de dire ou d’écrire une seule phrase à la débutante que tu étais, quelle serait-elle ?

Amélie : Travaille dur et remets-toi toujours en question. Même si j’ai tendance à penser que ça se rapproche presque d’un trait de personnalité, ça peut tout de même être quelque chose qu’on peut cultiver, un terrain aussi sur lequel on peut amener les jeunes designers. On n’est pas loin de la notion d’humilité.

Alizée : Quelle est ta plus belle et meilleure expérience liée au design ?

Amélie : Sans aucun doute des temps de collaboration, des moments avec l’autre, avec les autres, que ce soit des confrères ou des utilisateurs. Des gens quoi, un truc qui se passe, une relation.

Certainement aussi des moments de charrette (NdR : moment intense de finalisation d’un travail dans un temps court), en tout cas ceux avec des fulgurances. Ou la simple justesse d’une idée, d’un concept ou même d’une exécution.

Alizée : Pour finir, selon toi quel est le plus gros problème dans l’industrie du design en ce moment et comment peut-il être résolu ?

Amélie : Sans doute le manque de créativité, peut-être d’imagination au sens large.

Qui est sans doute lié là aussi à un état d’esprit, mais qui est aussi hérité d’une culture du process qui est très forte, qui n’est pas spécifique au design mais à la tech en général, et qui laisse parfois pas assez de place au cheminement dans l’activité design. C’est difficile d’être créatif dans un environnement qui est presque tayloriste.

Et donc, la résolution, je ne vois pas. Parce que c’est toute une industrie qui s’y engouffre souvent avec plaisir, en tout cas avec joie.

Donc, peut-être simplement refuser de s’inscrire là-dedans si on ne s’y reconnaît pas en tant qu’individu et donc trouver des parades, proposer, voire imposer une façon de voir et de pratiquer le design.

Alizée : Merci Amélie pour ces réponses.

Et encore merci à Laurent Gallen pour nous avoir autorisé à diffuser cette Capsule. Vous pouvez retrouver son podcast Design + tous les mois sur vos plateformes d’écoute favorites.

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À très bientôt.

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