Capsule Design #16 : Immersion sonore à la JEN25
Capsule Design #16 : Immersion sonore à la JEN25
Ce mois-ci dans la Capsule Design, nous suivons Alexandre, développeur front-end, à la Journée de l’Écoconception Numérique 2025. Un événement qui date déjà du mois de février, mais dont nous avions envie de vous partager l’expérience.
Publié le 28 mai 2025
Équipé d’un micro, Alexandre vous plonge en immersion dans cette journée riche en conférences et en échanges instructifs. C’est une capsule unique en son genre qui vous donnera envie, nous l’espérons, d’assister à la prochaine édition de la Journée de l’Écoconception Numérique.
Bonne écoute à tous et à toutes !
Alexandre : Bonjour à toutes et tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de Capsule Design, du podcast Salut les Designers par l’Agence LunaWeb. Aujourd’hui, on vous propose une capsule un peu particulière qui fait suite à la dernière.
Si vous écoutez assidûment le podcast, la Journée de l’Écoconception Numérique, ça doit sûrement vous parler. Eh bien le 6 février dernier, nous avons eu la chance d’y être. LunaWeb était présent à la Maison des Associations et de la Solidarité du 13e arrondissement de Paris pour assister à l’événement organisé par les Designers Éthiques. Pour celles et ceux qui ont loupé cette occasion, on a pensé à ramener un micro avec nous pour vous proposer une petite balade sonore.
Au programme : interview de conférenciers et conférencières, discussion avec des acteurs d’initiatives technocritiques et promenade parisienne autour des infrastructures numériques.
Pour vous raconter un peu les choses de manière chronologique, avec Manu et Nicolas, on est arrivé un peu en avance dans ce très bel endroit qu’est la Maison des Associations du 13e. Et à 8h30, le rendez-vous était dans la grande salle du lieu pour présenter le programme de la journée et, évidemment, l’association organisatrice.
[Ambiance sonore] Aurélie Bâton : Bonjour à toutes et à tous. Alors juste pour remettre un petit peu le contexte pour ceux qui ne connaissent pas l’association, on est Designers Éthiques, c’est une association de recherche-action sur le numérique et les pratiques de design.
Alexandre : Les Designers Éthiques mènent ce qu’on appelle de la recherche-action. Cette association, composée de professionnels et de chercheurs, porte ses réflexions au-delà des sphères académiques et participe activement à un mouvement de changement concret. L’idée est d’établir un lien étroit entre théorie et pratique, en impliquant directement les personnes concernées par ces thématiques. Elles participent non seulement à la recherche mais aussi à la diffusion de ces résultats. Et c’est là tout le but de la Journée de l’Écoconception Numérique. On y croise chercheurs, designers et autres développeurs pour réfléchir à un numérique plus responsable.
[Ambiance sonore] Damien Legendre : Et enfin, cette journée est importante parce qu’elle va nous permettre justement de continuer à construire ce monde un peu plus soutenable et adapté aux vivants qui nous est à toutes et tous cher ici, et grâce à notre métier au quotidien, nos métiers liés au numérique.
[Ambiance sonore] Aurélie Bâton : Et on va pouvoir commencer, bonne journée à tout le monde !
Alexandre : Après ces quelques mots d’introduction, les conférences et ateliers ont commencé. Sur la scène de la grande salle, chercheuses, chercheurs et professionnels du numérique se sont enchaînés sur des sujets tous plus intéressants les uns que les autres.
[Ambiance sonore] David Ekchajzer : Un peu de contexte. Alors je ne sais pas, on va souvent parler d’analyse de cycle de vie ici. Pour ceux qui ne connaissent pas, l’analyse de cycle de vie, c’est une des méthodes d’évaluation d’impact environnemental. Il y en a d’autres, le bilan carbone par exemple, pour ceux qui connaissent. L’analyse du cycle de vie, sa particularité…
Alexandre : Parmi les conférences qui ont retenu mon attention de développeur, il y a celle sur les méthodes d’évaluation d’impact et de cycle de vie des services numériques. Au quotidien, à l’Agence, on a l’habitude d’utiliser un certain nombre d’outils nous permettant d’évaluer l’impact environnemental d’un site web. Et tout ça, d’après David Ekchajzer, c’est une question de normes comptables qu’il convient d’interroger. J’ai pu le rencontrer et revenir sur ces sujets avec lui.
David Ekchajzer : En fait, quand on veut compter les impacts environnementaux d’un service web, d’un équipement, de n’importe quoi même, d’une voiture, d’un produit, dans le numérique d’un service, on utilise du coup la comptabilité environnementale. Et cette comptabilité, elle répond à un ensemble de règles. Et ces règles, elles ne sont pas nécessairement de l’ordre de la physique, mais c’est beaucoup aussi des normes qu’on appelle “comptables” donc sociales et c’est des choix politiques. L’exemple que je donne, par exemple, c’est comment on partitionne les impacts d’un smartphone dans les différents services qui permet d’alimenter. Eh ben en fait, c’est pas évident. On peut le faire sur le temps d’usage : on partitionne par tous les temps de l’usage qui est fait du smartphone et on regarde par rapport au temps qu’on utilise le service qu’on est en train d’évaluer mais il y a plein d’autres manières de le faire. Ça peut être sur l’importance sociale du service par exemple, l’importance de pourquoi on achète un téléphone. Il y a des services qui sont plus importants, plus fondamentaux qui vont faire qu’on va acheter le téléphone. Et il y en a d’autres qui vont arriver ensuite parce qu’on a le téléphone. Et donc l’objectif, enfin ma vision des choses, c’est que c’est important…
Quand on mobilise ces chiffres-là il faut qu’on sache que ce ne sont pas des chiffres qui décrivent la réalité comme si on mettait un miroir devant la réalité, mais ce sont des chiffres qui dépendent des normes comptables qu’on va mettre en place.
Alexandre : Et quand il s’agit d’évaluer, ou en tout cas de montrer l’impact pour décider, l’alternative aux chiffres et à la donnée brute, ça serait le récit, le conte, d’après David.
David Ekchajzer : Ça permet d’expliquer des choses complexes. Par exemple, si on veut regarder les effets qu’a un service numérique sur les autres secteurs, c’est-à-dire pas les impacts du service en lui-même mais de ce que le service va faire sur les autres usages. Pour ça, on a besoin de regarder les rapports de cause-conséquence par exemple. C’est une autre manière de mettre en récit les impacts d’un site web ou d’un service. Tu as aussi le fait que ça produit des heuristiques. Quand tu vas être au quotidien, tu ne vas pas t’amuser à chaque fois à refaire une étude d’évaluation pour chaque choix technique que tu vas faire. Tu es développeur : à chaque ligne de code, tu ne vas pas évaluer, refaire une ACV pour chaque ligne de code. Donc à un moment, tu as des façons plus simples de penser, et quand tu vas développer, tu vas te dire « Ok, par exemple, est-ce que ce que je vais faire, ça va rendre incompatible certains terminaux? » Bon, tu n’as pas besoin de faire une évaluation pour savoir que, effectivement, si tu fais des lignes de code qui rendent incompatible ton service avec certains terminaux, ça va engendrer forcément, ou en tout cas, ça peut pousser à renouveler plus rapidement des terminaux. Tu peux te demander aussi : finalement, ce que tu développes, à quoi ça va servir ? Est-ce que ça va servir à faire des achats compulsifs pour tes utilisateurs ? Pour qui tu travailles ? Est-ce que tu travailles pour des gens qui sont en faveur ou font avancer la transition ou des gens qui la font reculer ? Ces contes, tu peux les mobiliser pour faire des choix plus rapidement ou en tout cas faire des choix dans ta vie quotidienne sans avoir à faire d’analyse détaillée.
Alexandre : J’ai l’impression aussi qu’ils ont cette vertu assez pédagogique justement de peut-être montrer la responsabilité des choix qu’on fait finalement.
David Ekchajzer : Alors le chiffre a aussi cette vocation de montrer de manière quantitative la responsabilité. Mais c’est une responsabilité qui à la fois est dépendante du cadre que tu vas mettre et en plus c’est une responsabilité qui est souvent très limitée, parce que tu fais dans un périmètre ce qui peut être quantifié, sauf qu’il y a plein de choses qui ne peuvent même pas être quantifiées. Donc si tu restes dans une approche du chiffre, bah en fait tu vas exclure tout un tas de d’effets. Par exemple, les effets sociaux. Et j’avais une question sur “est-ce que l’on peut compter les effets sociaux ?”, ben très difficilement. Et donc c’est important, en fait, d’avoir une vision plus large ou même des choses qui sont pas quantifiables, de se poser la question “quels sont les impacts de ce que je vais faire sur certaines populations, sur les usagers etc. ?”, sans nécessairement avoir besoin de chiffres.
Et tu vas vite le voir si tu fais des choses qui vont être incompatibles avec les vieux terminaux. Par exemple, ça a aussi des effets sociaux sur le fait qu’il y a des personnes qui n’ont pas forcément les moyens d’avoir des téléphones dernier cri, qui seront exclus de ton service. Et donc pour ça t’as pas besoin de chiffres.
Tu vois, tu peux avoir même des témoignages de personnes, par exemple, qui ont participé aussi à te faire comprendre ces choses-là. Et quand tu vas développer, tu auras ça en tête, ce type d’heuristiques, pour faire tes choix sans, encore une fois, avoir eu besoin de refaire une étude complète.
Alexandre : Finalement, l’une des clés d’une évaluation réussie ou d’une démonstration accessible se situe peut-être dans une sorte d’entre-deux.
David Ekchajzer : La force du chiffre, c’est presque un argument d’autorité, donc souvent on peut être tenté de jamais le remettre en question. Les chiffres sont dépendants de la manière dont on veut les raconter. C’est la même chose pour les récits qualitatifs. Je prends des représentations graphiques comme les arbres de conséquences, les diagrammes de boucle causale, etc. Ça participe aussi à créer des récits, comme les chiffres, qui peuvent parfois en fait être plus mobilisateurs que des chiffres. Sur ma conférence, je suis assez critique des chiffres, parce qu’ils ont une place qui est prépondérante dans la société, et on les met à toutes les sauces. Je ne suis pas pour autant contre leur utilisation. Je pense effectivement que ça passe, en fait, à la fois d’utiliser des chiffres de manière consciente, en sachant leurs limites, en sachant qu’il faut les contextualiser, en sachant qu’ils ne prennent en compte qu’un périmètre restreint des effets de ce qu’on est en train d’évaluer, et les combiner avec des approches qualitatives. À la fois, parce que je pense que c’est plus mobilisateur, ça donne une meilleure idée de la réalité, et puis ça assume aussi les potentiels biais quand on analyse les choses.
Alexandre : La conférence de David ainsi que toutes les autres ont été captées et seront à retrouver sur le site des Designers Éthiques.
[Ambiance sonore] Lorie Péron : Aujourd’hui, vous avez la chance d’avoir deux REX pour le prix d’un.
Alexandre : La présentation qui a suivi celle de David était un retour d’expérience de conférencières autour du RGESN, le fameux Référentiel Général d’Écoconception de Services Numériques.
[Ambiance sonore] Lorie Péron : Déjà on va poser le décor, on a deux contextes différents, on va vous les expliquer pour comprendre dans quoi on va venir graviter.
Alexandre : Cécile Sambour nous racontait comment elle s’est servie de ce référentiel pour faire infuser des pratiques d’écoconception au sein de son entreprise. Lorie Péron quant à elle, nous présentait son retour d’expérience concernant l’application du référentiel autour de l’application de dessin animé de France TV : Okoo. J’ai eu l’opportunité d’échanger avec elle et au micro de Salut les Designers, elle me raconte comment son équipe a travaillé autour d’une méthodologie et également comment il a fallu sensibiliser les équipes.
Lorie Péron : Moi je suis Head of Ops dans une agence de conseil et j’intervenais déjà en tant que Ops déjà chez France Télévisions, donc j’étais déjà en interne pour travailler des questions de process etc. J’ai toujours eu une sensibilité sur ce sujet d’écoconception et, petit à petit, en fait on s’est rendu compte qu’on était plusieurs dans ce cas-là. Et on a réussi à avoir le sponsorship de notre directrice design pour se lancer, en tout cas, pour commencer à poser cette vision. Donc on a commencé par poser la vision : qu’est ce qu’on souhaitait faire, quelle était l’ambition déjà au niveau du design… Et très vite on est allé rencontrer en fait des pairs en interne et aussi des gens à l’extérieur pour récolter des bonnes pratiques qui avaient été mises en œuvre. On a commencé à consolider notre pitch pour aller justement convaincre au-dessus, à la direction du numérique. Donc étape par étape, c’est comme ça que ça s’est construit et qu’on a réussi à avoir un go au niveau de la direction, qui nous a proposé effectivement un pilote que nous on avait identifié. Donc Okoo, pourquoi ? Parce que de base, ils sont déjà sensibles.
La plupart des personnes dans l’équipe sont déjà sensibles à ce sujet-là, à ces valeurs-là et ils étaient partants pour y aller. Ils étaient demandeurs donc autant commencer par des personnes comme ça, qui veulent y aller plutôt que d’aller bousculer un peu trop d’autres personnes.
Donc en ayant ces personnes identifiées et le fait que la directrice nous ait donné un go, en tout cas pour se lancer déjà avec un premier pilote, c’est comme ça qu’on a fonctionné.
Alexandre : Si je voulais parler méthodologie avec Lorie Perron, c’est en partie parce qu’aujourd’hui il n’existe pas de méthode établie pour réaliser un audit autour du RGESN, contrairement au RGAA qui propose une méthode stricte permettant de déterminer si un critère du référentiel est valide ou non.
Lorie Péron : Ce qu’on a pu noter, c’est qu’on n’est pas arrivé directement sur le RGESN parce que ça serait sauter des étapes. On a voulu déjà s’assurer que ça correspondait à ce qu’on voulait appliquer comme moyen d’évaluer et de mesurer dans un premier temps. Donc on s’est déjà renseignés sur tout ce qui existait. Il y a plein de référentiels aussi qui existent à côté, qui sont européens, qui existent avant, par exemple l’Opquast avec aussi des notions de qualité, qui englobent des choses liées aussi à l’écoconception. Donc on s’est nourris de tous ces éléments-là et en fait on est venus aussi construire notre propre méthode à côté, c’est-à-dire qu’on a documenté et créé des checklists de bonnes pratiques pour les équipes : une checklist pour les designers, une checklist pour les devs, une checklist pour les PO, parce que chacun a des choses à faire sur son périmètre. Donc ça, on l’a intégré dans la méthode déjà avant même de se lancer dans le RGESN. On a commencé à amener ces bonnes pratiques-là et une fois qu’on s’est plongés dans le RGESN, effectivement c’est assez compliqué de se mettre dedans. Donc il ne faut pas tous se jeter dedans, il y a besoin quand même d’un minimum d’accompagnement d’experts à ce sujet-là. Donc on a quand même au début sensibilisé les équipes, fait des exercices de mise en pratique et de sensibilisation dans un premier temps pour qu’ils puissent se l’approprier. Et après, on a lancé réellement les ateliers avec eux pour qu’ils mettent les mains dedans tous ensemble et qu’ils construisent les réponses en fait aux questions du RGESN. Et aujourd’hui le RGESN, donc on se parlait de méthode, l’idée c’est de l’utiliser pour faire des mesures à différents instants, donc minimum une fois par an et quand il y a des grosses MEP en gros on va venir mesurer aussi à ces niveaux-là, savoir effectivement si on n’a pas aggravé notre cas ou pas. Normalement non parce qu’on a ça dans nos objectifs mais du coup on l’utilise comme ça pour mesurer, c’est ça notre méthode. C’est une méthode de mesure au final, mais qui va venir être accompagnée par, comme je disais, des checklists de bonnes pratiques qui viennent dans les definitions of done des équipes, donc dans des reviews régulières de ce qu’ils font, dans de la priorisation et ainsi de suite. Donc au final c’est un tout dans lequel le RGESN vient s’intégrer.
Alexandre : Je vais te poser une dernière question sur un truc qui me semble assez central, assez important sur le RGESN et tu l’as rappelé, c’est pas quelque chose de fixe, c’est pas une note qu’on a dans le temps, c’est quelque chose qu’il faut continuer de suivre, c’est vraiment une démarche, je ne sais pas si j’oserais dire d’amélioration continue, mais c’est peut-être dans cet esprit-là qu’il faut le penser en tout cas.
Lorie Péron : Je ne peux qu’acquiescer, je le pense aussi personnellement comme une démarche d’amélioration continue, parce que ça nous apporte des réponses sur le RGESN. Et effectivement il y a un côté “oui”, “non”, “est-ce qu’on le respecte ?”, mais à côté il y a un minimum de guidage. Il y a aussi de plus en plus d’experts qui commencent à embarquer les équipes aussi avec du concret.
Et c’est comme tout, en fait, on peut pas avoir en un trait, tout fait. C’est pas possible et vaut mieux l’intégrer dans une démarche d’amélioration continue d’un produit parce que sinon ça voudrait dire qu’on a une démarche projet et peut-être qu’on fait tout d’un coup dans notre produit et après on arrête.
Mais potentiellement il y a du run, tout ce qui passe derrière et ça casse tous nos efforts. Donc vaut mieux l’avoir dans une démarche d’amélioration continue aussi pour ces raisons-là je pense.
Alexandre : Le retour d’expérience de Lorie Péron, enrichi par celui de Cécile Sambour, apporte des clés précieuses pour mieux comprendre le RGESN et son intégration au sein des équipes projet. Là encore vous pourrez trouver la captation de leurs conférences sur le site de la Journée de l’Écoconception.
(Bruit de cloche)
Alexandre : Ah ! J’entends les cloches, il est 11h50, c’est déjà l’heure de la messe funéraire de l’Anthropocène.
[Ambiance sonore] Thomas Thibault : Vous êtes nombreuses et nombreux à vous être réunis aujourd’hui pour vous recueillir devant un florilège du meilleur du pire des innovations, produits et services numériques les moins écologiques. Des idées qui n’auraient peut-être pas dû voir le jour, des innovations promettant du neuf dans un monde qui pourrait peut-être en avoir déjà trop.
Alexandre : Bon, pour la blague avant de manger, on a assisté à une sorte d’hommage du meilleur du pire de la tech. Le prêtre a recueilli nos prières à destination de ces objets, tous aussi inutiles que futiles, comme l’Apple Watch 1 à 18 carats ou encore le robot ramasseur de chaussettes. Bref, un moment de légèreté bienvenu et qui, en plus, nous permet de remettre un peu en question la notion d’innovation.
[Ambiance sonore] Thomas Thibault : De toutes ces idées et projets qui ont grandi quelque part dans la Silicon Valley, nous souhaitons en faire dès aujourd’hui le deuil. Par cet éloge funèbre, nous faisons revivre une dernière fois leur mémoire, avant de leur souhaiter un bon voyage dans l’au-delà, puissent-elles ne jamais plus nous hanter. Dans la mine de minerais, vous étiez roche, redevenez désormais poussière.
Alexandre : Pour redevenir un peu sérieux quand même, la Journée de l’Écoconception, ce n’était pas que des conférences. Il y avait aussi des ateliers, également des stands. Et quelle fut ma surprise de retrouver un stand qui proposait en libre-service un journal papier, original dans un événement numérique. Ce journal, il s’appelle Curseur, une initiative technocritique, mais c’est Pascal Courtois qui tenait ce stand qui en parlera le mieux.
Pascal Courtois : Alors Curseur est un journal qui est né à Bruxelles, donc qui est initié par un certain nombre d’acteurs technocritiques bruxellois. Donc, Curseur, il est né d’une absence de débat démocratique sur le numérique et qui est donc un journal qui sort deux fois par an, avec, chaque fois, un dossier en rapport avec le numérique. Donc, l’idée, c’était de faire un journal, de sortir, en fait. Il y a quelque chose d’assez intéressant dans le fait de faire un journal en termes d’éditorial[…]. On est contraint, en fait, par une maquette. Donc, le dernier numéro, décembre 2024 juillet 2025 est donc sur la matérialité du numérique. Et voilà, on a fait un gros dossier sur le Congo, l’extraction minière.
Alexandre : Quelque chose de très complet, tu as dit que c’était ouvert à la contribution. Est-ce que tu peux nous dire un petit peu quel genre de profil vous avez comme contributeur ? Est-ce que vous avez des profils très techniques ? Est-ce que des profils plutôt universitaires ? J’imagine qu’il y a peut-être aussi un peu tout ce monde qui se mélange comme contributeur ?
Pascal Courtois : Tout ce monde se mélange. On est pour l’instant dans une recherche d’agrégation d’éducation populaire. Donc on essaie de s’ouvrir à un maximum de gens, des gens qui peuvent ne pas être spécialement des experts du numérique. Donc on se rencontre dans des ateliers, des ateliers collectifs. On essaie de faire des ateliers, de rassurer, de dire que tout le monde peut écrire des choses.
Alexandre : Et donc si on n’est pas bruxellois, on peut quand même s’abonner ?
Pascal Courtois : Alors oui, tu peux t’abonner, bien sûr. À part qu’on a des coûts de livraison qui sont élevés vers la France et vers d’autres pays, mais oui, donc il y a un système d’abonnement dispo sur le site, sur https://abos.curseurs.be/ .
Alexandre : Et on vous invite à aller voir ça sur curseur.be pour une petite idée de ce qui est proposé dans le journal papier. Bon, on arrive bientôt à la fin de la journée, et pendant que Nicolas assistait aux dernières conférences et que Manu testait les ateliers à l’étage, de mon côté, j’ai préféré participer à la balade urbaine des infrastructures numériques guidée par Thomas Thibault de Limites Numériques.
[Ambiance sonore] Thomas Thibault : […] ce qui est en longueur, c’est tout ce qui est 4G et en général, les petits blocs, plus petits, carrés blancs, c’est 5G.
Alexandre : Là, vous entendez notre guide nous apprendre à reconnaître une antenne 4G d’une antenne 5G. L’objectif de cette balade dans Paris est de nous montrer les différents lieux par lesquels passe la connexion.
[Ambiance sonore] Thomas Thibault : Là ce qu’on va aller voir, on va aller au NRO, nœud de raccordement optique. En gros le NRO, il n’y en a que 5 à Paris. C’est ce qui permet de relier les PMZ, donc le quartier, au backbone, au réseau national.
Alexandre : Vous l’entendez, cette balade c’est une manière de nous montrer à quel point le numérique c’est d’abord quelque chose de physique. C’est des câbles, des antennes, des lieux où sont stockés des serveurs, des armoires fibre, etc. Au cours de notre trajet, nous nous sommes même arrêtés dans une allée qui proposait des schémas explicites sur la taille de nos services numériques. Une sorte de data visualisation urbaine. Bref, cette balade, franchement, était une chouette expérience. Et si vous n’étiez pas à la journée de l’écoconception, Limite Numérique a quand même pensé à vous.
[Ambiance sonore] Thomas Thibault : Si jamais vous voulez refaire cette balade, on a tout documenté sur le site web de Limites Numériques. Les points que je vous fais voir, en fait, sont des données ouvertes. En général, je prends ces sites-là, je fais ma propre carte et puis après, je me balade pour voir quel est le chemin le plus cool.
Alexandre : Et voilà, c’était Salut les Designers, une Capsule Design un peu spéciale “retour sur la Journée de l’Écoconception”. Et comme précisé pendant l’épisode, vous trouverez toutes les ressources, captations et autres sur le site de l’événement. En attendant, n’hésitez pas à vous abonner à la newsletter du podcast pour retrouver l’ensemble des ressources de nos épisodes, les tips et les conseils de nos invités. C’est sur le site https://salutlesdesigners.lunaweb.fr/ que ça se passe. À bientôt pour un nouvel épisode !