Sommaire
1 – Le numérique en quelques chiffres
Le Web — et plus globalement le numérique — est immatériel ce qui nous biaise dans notre rapport à celui-ci.
Mais il n’en est rien : le numérique a une empreinte très concrète sur le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources naturelles.
- 306 milliards de mails par jour dans le monde,
- 51 millions d’appareils connectés en France en 2021, soit en moyenne 11 à 15 objets connectés par personne,
- 1,29 milliard de téléphones vendus en 2020,
- 1 minute passée au téléphone correspond à 57 grammes de C02 rejetés.
Derrière nos usages, il y a aussi et avant tout la production des terminaux. 90% de l’énergie consommée par un smartphone est générée lors de sa fabrication.
2 – La sobriété numérique
« Démarche qui consiste à concevoir des services numériques plus sobres et à modérer ses usages numériques quotidiens.
— Frédéric Bordage, Fondateur de GreenIT
Une démarche globale et transversale
Elle doit pouvoir s’appliquer à l’ensemble des services numériques d’une organisation. Elle doit être mesurable et mesurée.
À ne pas confondre avec la démarche low-tech qui cherche à rendre un service avec un usage minimal des technologies numérique, voire sans.
À quels objectifs répond-elle ?
- Réduire l’empreinte environnementale sur tout le cycle de vie des services et produits numériques (production → usage → fin de vie)
- Par exemple, en réduisant le temps passé sur les services en ligne : ce levier vise à concevoir des services qui répondent le plus clairement aux objectifs de l’utilisateur afin que celui-ci trouve rapidement le chemin pour accéder à l’information qu’il est venu chercher.
- Modérer l’usage d’outils numériques en privilégiant les alternatives “réelles”.
- Par exemple utiliser un tableau blanc plutôt qu’un service en ligne, si l’équipe est rassemblée.
- Modérer la démultiplication des équipements pas toujours nécessaires.
- À l’Agence, nous utilisons par exemple la solution de Vo-IP AirCall qui nous permet de gérer les appels téléphoniques via nos ordinateurs plutôt que via des smartphones pro ou des téléphones filaires (ce qui économise un device/personne).
Comment mettre en place cette démarche au sein d’une organisation ?
3 – Les leviers d’actions
Convaincre
L’économie et l’écologie ne sont pas forcément en opposition :
- Elle permet d’éviter des coûts inutiles,
- Elle permet d’attirer des talents chez les nouvelles générations (Manifeste étudiant pour un réveil écologique),
- Elle permet de développer son image via la labellisation,
- Elle est un levier d’innovation et de recherche d’efficience
(faire mieux avec moins)
Anticiper les réglementations
Des politiques publiques qui s’emparent du sujet :
- Le projet de loi pour le climat suite à la convention citoyenne,
- La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire,
- La proposition de loi visant à réduire l’impact du numérique en cours de discussion à l’Assemblée Nationale.
- Depuis le mois d’octobre, le gouvernement propose également un Référentiel général d’écoconception de services numériques (RGESN)
Exiger
- Intégrer la sobriété numérique dans les appels d’offres,
- Exiger de la transparence et des labellisations à vos fournisseurs,
- Inciter vos partenaires à recourir à de l’énergie verte,
- …
4 – Les cycles de vie
Pour réduire les impacts environnementaux du numérique, il faut identifier leurs sources et comprendre leur nature. C’est le rôle du cycle de vie.
Cette méthode permet de quantifier les impacts environnementaux à chaque étape du cycle de vie.
Dans le domaine du numérique, l’analyse peut être réalisée à deux niveaux différents :

C’est donc sur ces deux cycles de vie que viendront s’appliquer les bonnes pratiques, pour tendre vers une pratique du numérique plus sobre.
5 – Les bonnes pratiques
Les bonnes pratiques de Green IT
Face aux enjeux environnementaux du numérique, Green IT a identifié des bonnes pratiques possibles afin de réduire l’impact environnemental à chaque étape du cycle de vie, et de prioriser ces actions en fonction de leur importance en termes d’empreinte environnementale.

> Téléchargez le référentiel de Green-it « Les 65 bonnes pratiques clés »
Il vous permettra de :
- Hiérarchiser les bonnes pratiques,
- Disposer d’une base commune pour évaluer de façon standard la maturité et les performances du Numérique Responsable,
- Identifier les domaines de progrès les plus prioritaires.
Quelques exemples que nous avons sélectionnés
Regardons tout d’abord les échelles de mesure et leur signification.

Achats responsables – Bonne pratique #660 – Louer le matériel plutôt que l’acheter
La location est une alternative à l’achat des équipements informatiques et télécoms. Cette pratique permet à l’entreprise d’ajuster son parc au besoin de chaque utilisateur et de faire face à des urgences ou à des besoins ponctuels.

Durée de vie et fin de vie – Bonne pratique #650 – Ré-affecter les équipements en interne
Lorsque les capacités du matériel informatique ou télécom deviennent insuffisantes pour accomplir certaines tâches d’un profil particulier d’utilisateur (ex : développeurs), il est possible de réaffecter l’équipement à d’autres catégories d’utilisateurs moins exigeants (ex : agent administratif).
Pour mettre en œuvre cette bonne pratique, on commence par établir des profils en fonction des besoins utilisateurs, par exemple 3 profils :
- usage développeurs et experts.
- usage applications métier
- usage bureautique
Cela permet à un équipement d’être utilisé plusieurs fois dans l’entreprise.

Gouvernance – Bonne pratique #706 – Créer une filière interne de référent(e)s Numérique Responsable
Un responsable Numérique Responsable ne peut pas insuffler seul cette dynamique au sein d’une grande entreprise. La meilleure façon d’y parvenir est de créer un réseau de référents / correspondants Numérique Responsable dont l’objectif est d’animer cette pratique à leur niveau et de sensibiliser leurs collègues à ce sujet.

Poste de travail – Bonne pratique #207 – Mettre à jour ou améliorer les équipements plutôt que de les remplacer
Qu’il s’agisse d’ordinateurs portables ou de bureau, les postes de travail professionnels sont conçus de façon à faciliter le remplacement des composants clés tels que l’unité de stockage (disque dur ou SSD) et la mémoire vive.
Sur le plan économique et environnemental, il est plus intéressant de « doper » un équipement vieillissant que de le remplacer par un équipement neuf.
L’exemple de la SNCF : avant de se débarrasser des matériels les plus anciens et inutilisables, les barrettes de mémoire sont enlevées et ré-installées dans les matériels équivalents pour améliorer leurs performances.

Outils et usage du poste de travail – Bonne pratique #321 – Mettre en veille les postes de travail la nuit et les éteindre le week-end
On économise ainsi, durant les jours ouvrés, près de 2/3 de la consommation électrique par rapport à un poste de travail qui resterait allumé 24 heures sur 24. Le week-end, il est préférable d’éteindre physiquement le poste de travail pour le forcer à redémarrer.
L’exemple de Pôle Emploi : Pôle Emploi a fait une économie de plus d’1,5 M€ en convainquant 40% de ses collaborateurs d’éteindre leurs ordinateurs les soirs et week-ends.

Logiciels – Bonne pratique #627 – Mettre à jour les logiciels uniquement lorsque c’est indispensable
Contrairement aux idées reçues, la majorité des utilisateurs ne souhaitent pas que l’on remplace leur version actuelle d’un logiciel par une plus récente. Ils préfèrent en effet conserver leurs habitudes et ne souhaitent pas faire l’effort de s’adapter à une nouvelle interface.
Une nouvelle version d’un logiciel nécessite 2 fois plus de ressources pour fonctionner (RAM, CPU, etc.).
L’exemple de Windows-Office : Il faut 114 fois plus de mémoire vive pour faire fonctionner le couple Windows-Office entre les versions 95-98 et 8-2013. Ce phénomène d’obésiciel montre que, lorsque c’est possible le saut d’une ou plusieurs version(s) de logiciels contribue efficacement à l’allongement de la durée de vie des postes de travail comme des serveurs.

Services numériques et applications métier – Bonne pratique #415 – Mettre en œuvre les bonnes pratiques d’accessibilité numérique
L’accessibilité numérique permet d’épurer les interfaces, d’aller à l’essentiel, de gagner en efficacité tout en réduisant leur consommation énergétique.
L’accessibilité numérique – une obligation légale pour les sites web publics depuis 2011 – consiste à rendre un service numérique utilisable notamment par des personnes en situation de handicap (visuel, moteur, cognitif, etc.). Sachant que cela bénéficie à tous, dont à Google !
L’exemple de la Caisse d’Épargne : une démarche d’amélioration nette de l’accessibilité des outils numériques internes et externes a été mise en œuvre. Au-delà de toutes les formes de handicap qu’elles adressent, il est intéressant de noter que ces règles d’accessibilité sont également bénéfiques à tous les individus non déficients. En effet : la simplicité, la fluidité et la structure des interfaces ainsi obtenues profitent à tous.

« Chacune des actions sur le numérique responsable peut apporter aux entreprises qui les réalisent, des bénéfices et des économies significatives. »
— Nicolas Le Cam, Directeur de LunaWeb
7 – Quelques ressources utiles
- Les bonnes pratiques de sobriété numérique
- La label Numérique Responsable
- Indice de réparabilité prévu par la loi anti-gaspillage
- Tendre vers la sobriété numérique
Retrouvez tous nos articles sur l’éco-conception, réalisés par nos experts
> Accéder aux articles du blog sur l’éco-conception
On y parle de sobriété numérique, d’éco-conception de ces préjugés, des règles d’or à suivre et des astuces pour mieux concevoir des dispositifs moins énergivore.
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Dans ce nouvel épisode de Salut les Designers, nous avons reçu Frédéric Bordage, spécialiste français du numérique responsable et créateur du site d’informations et de bonnes pratiques GreenIT.fr.