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Le test de première impression : 5 secondes pour convaincre

Dans la vraie vie, on nous serine qu’il ne faut pas se limiter aux premières impressions — ce que nos sens perçoivent et ce que notre cerveau analyse en une poignée de secondes d’un contexte, d’un lieu, d’une personne. Si ce conseil est sage dans nos relations aux autres, l’utilisateur d’une interface en fera fi. Voguant de page en page, il retiendra le pire et le meilleur sans s’y attarder, sauf lorsqu’il est titillé ou captivé. C’est justement ce que nous observerons de près pendant nos tests utilisateurs.

Publié le 15 février 2020 par Jeanne Clais

Le test de première impression est l’une des méthodes déployées pendant les tests utilisateurs — mais pas systématiquement. Plus qu’une méthode d’ailleurs, c’est une grille de lecture qui vise à capter un maximum de matière sur un temps très court : 5 petites secondes.

Le protocole du test de première impression

Ce test de première impression se déroule en 3 étapes :

  • L’utilisateur s’installe face à l’écran,
  • Une fois qu’il est prêt, l’interface est projetée 5 secondes, pas plus,
  • Puis il répond à de courtes questions, à l’écrit ou à l’oral. Et ce, le plus rapidement possible, pour que la matière collectée soit la plus spontanée possible.
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Déroulé d'un test de première impression : l'interface est présentée 5 secondes au testeur, pas plus.

Ces questions peuvent varier, selon le protocole défini avec le client en amont des tests utilisateurs. Dans les grandes lignes, on lui demandera de noter son impression générale (de très bof à très wow), de juger l’esthétique ou tout autre critère observable en 5 secondes (qui peut s’évaluer sur la même échelle de valeurs).

On pourra aussi l’inviter à dessiner ce qu’il a retenu de l’interface dans un cadre représentant un écran. Ce qui permettra notamment de confirmer si les boutons d’action, les menus ou autres zones importantes dans le parcours de navigation sont effectivement perçus comme tels. Enfin, on pourra laisser l’utilisateur nous raconter ce qu’il a compris de l’interface : ses objectifs, son message, son contexte.

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Déroulé d'un test de première impression : Le testeur est invité à dessiner ce qu'il a retenu de l'interface.

Au delà du test de première impression

Ces premiers retours ne sont qu’une mise en jambe : ils seront analysés à la lumière du test utilisateur dans sa globalité. Ce test de première impression joue sur les trois niveaux d’expérience (viscéral, comportemental et réflectif) que notre cerveau combine lors de nos interactions avec des humains en chair ou en os, des objets et bien sûr des interfaces.

Nous sommes d’ailleurs très vigilants quant à l’effet de halo — qu’on peut aussi appeler effet de notoriété ou effet de contamination (oui, carrément). On préfèrera le terme « halo », plus poétique. Bref, c’est un biais cognitif qui fait tache d’huile : la première impression, positive ou négative, influencera (voire déterminera selon les cas de figure) le ressenti et le jugement sur une personne, un objet, une interface. Par exemple, si nous croisons un individu qu’on trouve assez chouette de prime abord, nous aurons ensuite tendance à penser que ce qu’il fait ou dit est, par défaut, canon ­— et inversement.

Dans les tests utilisateurs, nous ferons en sorte que le test de première impression ne pollue pas les étapes suivantes. Il suffira alors de creuser, de questionner, voire de reposer la même question différemment pour subtilement s’assurer du retour de l’utilisateur, tout en le laissant libre de partager ce qu’il souhaite partager. Sachant que, quoi qu’il en soit, les biais cognitifs opèreront dans l’ombre). Un autre sujet que nous aborderons dans les prochaines semaines !

Rédigé par

Jeanne Clais
Responsable UX Research